Journées du patrimoine : à Clermont, des artistes rencontrent les anciens habitants de la Muraille de Chine
Bâtiment emblématique de Clermont-Ferrand, la Muraille de Chine est vouée à la démolition. A l’occasion des Journées du Patrimoine, des artistes ont investi les lieux et le public a pu visiter ces lieux chargés de souvenirs.
La Muraille de Chine, c’est une grande barre d'immeubles de 320 mètres de long, haute de 8 étages, surplombant le quartier Saint-Jacques depuis 1961. Un bâtiment emblématique de la ville auvergnate car visible à des kilomètres, et qui abritait 354 logements sociaux. Malgré des travaux de réhabilitation, la mairie a décidé en 2016 de démolir l’ensemble dans le cadre d’un grand projet de rénovation.
Un lieu mémoriel
A partir de janvier 2023, la déconstruction de la Muraille va commencer. Mais impossible de se séparer de ce bâtiment sans lui rendre hommage. Des milliers de familles ont vécu ici et leur attachement au lieu est réelle.
D’où l’idée d’ouvrir le bâtiment à l’occasion des Journées du Patrimoine. Le 17 septembre, plus de 1500 personnes ont pu déambuler sur deux travées en déconstruction à travers une exposition de peintures numériques signées Olivier Agid et des photographies de Charles Rostan.
Une sculpture vivante
Pour Oivier Agid, la Muraille est bien plus qu’une longue barre d’immeuble désuète : "Elle transmet l’image poétique d’un lieu qui fut habité et désormais en mutation : une sculpture vivante, animée le temps de sa démolition".
A travers la peinture, la photo et la sculpture, cet artiste interroge des aspects de la société en mutation. Ses créations sont comme des oeuvres littéraires transcrites en image ; elles sont intégralement reliées aux opérations réalisées dans certains lieux comme la mise en lumière et en image d’un site EDF à Vitry.
Olivier Agid découvre Clermont dans les années 1990 et s’y installe cinq ans plus tard. Il y poursuit une expérience originale intitulée "Acte image". Son ambition : interroger en image les processus de création de la société. En Auvergne, il a participé à plusieurs grands projets dont le rachat en 2013 de la Manufacture des Tabacs de Riom, un bâtiment industriel abandonné, pour un tiers-lieu à vocation à la fois artistique et économique.
Un regard et des rencontres
Autre exposition originale proposée au coeur de la Muraille, celle de Charles Rostan. Intitulée Fissure, elle découle d’un travail effectué durant l’été 2022. Le photographe a réalisé une centaine de portraits d’habitants de Saint-Jacques “dans le but de donner à voir aux habitants et aux clermontois une vision humaine, artistique et poétique du quartier et de son emblématique muraille.
Exilé depuis l'âge de six ans après avoir fui le Vietnam avec sa famille, Charles Rostan sait capter l’humanité des gens qu’il rencontre. Il passe une ou deux heures avec eux avant de les photographier, pour connaître leur histoire et tisser une relation de confiance (voir l'article de Faustine Mazereeuw au Domaine de Randan en Auvergne)
Un projet au long cours
Cette déambulation-exposition était le premier temps fort d’une longue série de rendez-vous qui s’intègrent dans une opération baptisée “Projet mémoriel Muraille”. Jusqu’à la fin de l’année, des visites seront organisées et cohabiteront avec les travaux intérieurs. Plusieurs initiatives à vocation artistiques sont également proposées pour donner la parole aux habitants et les associer à la rénovation du quartier. Près de 900 personnes vivaient dans cet espace de 19 000 m². Plus de 300 familles ont été relogées.
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