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L'Institut du Monde Arabe, trente ans de dialogue et d'ouverture face aux obscurantismes

Inauguré en novembre 1987 à Paris par François Mitterrand, l’Institut du monde arabe (IMA) fête ses 30 ans d’existence. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu unique et laïc imaginé par Jean Nouvel pour valoriser les civilisations arabo-musulmanes.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert, Geneviève Faure
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Parvis de l'Institut du monde arabe le 28 septembre 2017 lors du spectacle électronique en lumières et sons donné pour les 30 ans de l'IMA..
 (IP3 PRESS/MAXPPP)

2 millions ! C’est le nombre de visiteurs enregistrés cette année à l’Institut du monde arabe. Un chiffre qui prouve l’attractivité de ce lieu, rouvert au printemps 2016 après trois ans de travaux. Pour ses 30 ans, l’IMA s’est fait tout beau, à l’extérieur comme à l’intérieur : la bibliothèque et la célèbre façade de moucharabiehs ont été rénovées. France 3 Paris Ile-de-France nous fait revivre la naissance du site en 1987 et son incroyable richesse artistique.

Episode 1 : Retour sur les débuts de l’Institut avec les travaux entamés au début des années 80 sous la présidence de François Mitterrand. C’est lui qui choisit l’emplacement de l’IMA, dans le 5e arrondissement de Paris : l’Institut sera à deux pas de la Grande mosquée de Paris, des grandes universités et de la cathédrale Notre-Dame. Inauguré le 30 novembre 1987, le lieu se veut à la fois centre culturel mais également "outil diplomatique" dans les relations franco-arabe. Fondation de droit privé, l’IMA devait être financé à la fois par la France et par les 21 Etats membres de la Ligue arabe. Mais ce montage financier s’est révélé complexe à gérer... Tout comme les 240 moucharabiehs qui recouvrent la façade sud du bâtiment.

Imaginée par Jean Nouvel et le groupe Architecture Studio, cette mosaïque de 2000 m²  est composée de quadrilatères d’1,8 m de côté construits dans un alliage d’aluminium aéronautique, acier et bronze. Conçus comme des œilletons censés s’ouvrir et se fermer en fonction des mouvements du soleil, ils étaient très vite tombés en panne. Jack Lang, le nouveau président de l’IMA, a décidé de les faire rénover. Un chantier de 3,5 millions d’euros financé par le Qatar et l’Arabie Saoudite a permis de restaurer leur mécanisme.

Une série signée France 3 Paris Île-de-France : G. Faure / M. Chambrial  / O. Launay / V. Jonnet

Episode 2 : L’IMA a été imaginé pour être un lieu de dialogue et de valorisation de la civilisation arabe, tant au niveau artistique, social, politique que religieux. Dans cette optique, l’exposition "Chrétiens d’Orient , 2000 ans d’histoire" fait figure d’évènement. Jusqu’au 14 janvier, elle souligne les grandes étapes de la présence des chrétiens et son rôle au Proche-Orient. Au total, 360 œuvres sont présentées parmi lesquelles les Evangiles de Rabula, manuscrit syriaque du VIe siècle, une fresque d’un baptistère syrien de l’An 232 ou encore la maquette de la Basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem... 

Episode 3 : Le musée de l’IMA regorge de trésors dont certains ont été prêtés par des pays arabes et parfois soustraits à la folie destructrice des hommes. C’est le cas de ces 23 pièces issues du musée de Palmyre en Syrie, évacuées pour échapper aux destructions perpétrées par Daesh. Autre lieu emblématique de l’IMA, sa bibliothèque. Entièrement rénovée, elle est ouverte à tous sans inscription avec 100.000 ressources disponibles, dont la moitié en accès libre, 6000 documents anciens dont le Coran ayant appartenu à Arthur Rimbaud. 

Episode 4 : Lieu de mémoire des civilisations arabes, l’IMA est ouvert à la création contemporaine. Pour preuve, la Biennale des photographes du monde arabe dont la 2e édition se tient jusqu’au 12 novembre à l’IMA et dans 7 autres lieux parisiens. Autre moment fort de cette rentrée 2017 : la carte blanche à Tahar Ben Jelloun. Du 10 octobre au 7 janvier 2018, le philosophe romancier (qui décrocha la Goncourt en 1987, année d’ouverture de l’IMA, avec "La Nuit Sacrée") dévoile une autre facette de son talent en exposant ses toiles. "C’est une façon d’illustrer le contraire de ce que j’écris. Dans mes livres, je parle de la misère, de la solitude...Dans mes toiles, je peins la lumière du monde" explique l'artiste qui travaille en ce moment à la création de vitraux pour une petite église angevine.


 

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