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Le "Grand Palais Éphémère" prêt à ouvrir fin mars : visite du chantier avec son concepteur, l'architecte Jean-Michel Wilmotte

Depuis septembre, le Champ-de-Mars à Paris voit émerger sur son sol un "Grand Palais Éphémère" qui remplacera le musée des Champs-Elysées pendant la durée des travaux - jusqu'en 2024. A quoi ressemble la bâtisse prévue pour fin mars ? Visite avec l'architecte Jean-Michel Wilmotte qui nous explique tout. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Jérémie Laurent-Kaysen
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Reconstitution du Grand Palais Éphémère sur le Champ-de-Mars, une fois terminé.  (WILMOTTE&ASSOCIÉS ARCHITECTES)

Avez-vous remarqué ce nouvel édifice qui pousse sur le Champ-de-Mars, depuis septembre ? Dessiné par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, le Grand Palais Éphémère devrait ouvrir ses portes d'ici quelques semaines pour accueillir sa première exposition. Il prendra la place du Grand Palais des Champs-Élysées, qui se refait une beauté jusqu'en 2024. Nous sommes allés le visiter, accompagnés de l'architecte lui-même et du responsable du projet, Louis Lafargue.

Jean-Michel Wilmotte le 11 janvier 2021 à l'intérieur du chantier du Grand Palais Ephémère. (FRANCEINFO)

La chevelure argentée en partie couverte par un casque de chantier, vêtu d'un long manteau noir et de grosses chaussures en cuir, Jean-Michel Wilmotte ne cache pas son émerveillement quand il regarde la structure massive qui prend forme sous ses yeux. Construit pour se substituer au Grand Palais, l'édifice se dote des mêmes dimensions que son grand frère avec une nef de 10 000 m2, prête à recevoir les événements culturels et sportifs des quatre prochaines années.

Adapté à son emplacement

Équipés d'un casque de chantier et d'un gilet jaune, nous rejoignons le cœur du chantier. Construit entièrement en bois d'épicéa, l'édifice se compose de voûtes croisées, dont la plus grande fait 145 m de longueur et 140 m de largeur. S'il ne passe pas inaperçu depuis la rue, le bâtiment ne détonne pourtant pas dans le paysage. Jean-Michel Wilmotte a mis un point d'honneur à ce qu'il ne fasse de l'ombre ni à l'Ecole militaire, ni à la tour Eiffel. "Le bâtiment fait 16 m de hauteur alors que l'Ecole militaire en fait 35. Nous avons respecté les altimétries pour créer un espace ouvert, respirable entre les deux bâtiments. Les arcs du Grand Palais Éphémère coïncident avec ceux de la tour Eiffel, ils sont dans le même alignement. Nous voulions vraiment que l'édifice s'intègre dans le Champ-de-Mars", explique l'architecte placé au centre de la nef dont les extrémités s'ouvrent sur chaque monument. "C'est comme un coussin posé dans la végétation", continue Louis Lafargue, sourire aux lèvres.

Façade principale du Grand Palais Éphémère, lundi 11 janvier 2021.  (LOUIS LAFARGUE)
L'emplacement du Grand Palais Éphémère a été déterminé par la Ville de Paris. Le choix d'un bâtiment en croix s'est imposé pour l'architecte, comme la conservation de la statue du maréchal Joffre dans le hall d'accueil. C'est bien l'édifice qui s'est adapté à son emplacement chargé d'histoire, et pas l'inverse. "Le Champ-de-Mars est un lieu qui fait sens. Nous sommes d'ailleurs exactement à l'endroit où Robert Mallet-Stevens avait dessiné le Palais de la fée électricité pour l'Exposition internationale de 1937. Quand nous avons posé les ancrages au sol, nous avons retrouvé des traces de cette époque."

Défi temporel et structurel

Au sein du Grand Palais Éphémère, c'est une véritable fourmilière réglée au millimètre, avec la société GL events, complice de l'architecte depuis plusieurs projets. "Ce chantier est comme une horloge. Quand un camion arrive, on sait où il va, on sait où il s'arrête. Tout est fait avec une grande rigueur." Des grues et des véhicules passent en tout sens pour ériger l'édifice. "Cela ressemble aussi à un ballet", nous souffle Jean-Michel Wilmotte en regardant les ouvriers en action. Il faut dire que le bâtiment est construit en un temps record. La structure en bois est déjà pratiquement terminée alors que les premiers socles ont été posés en septembre seulement. Un projet qui représentait aussi un défi pour l'architecte : "10 000m2 aussi solides en moins d'un an, c'est exceptionnel. Nous avons vraiment élaboré une structure très poussée aussi au niveau de l'isolation et de l'insonorisation", dit-il en pointant du doigt le tissu bleu recouvrant le bois, composé de plusieurs couches de matériaux nécessaires à la bonne acoustique du lieu.

Intérieur du Grand Palais Éphémère, avec sa voute croisée et le tissus bleu de ses murs, lundi 11 janvier 2021. (FRANCEINFO)

Le bois comme une signature. "Si on l'avait fait en acier, ça aurait été très lourd et très compliqué à mettre au point, répond l'architecte. Il aurait fallu des ancrages au sol encore plus importants. Le bois nous permet de préparer le chantier à l'extérieur de Paris et d'amener le bâtiment en pièces détachées, assemblées ensuite sur place."

Ecoresponsable

Le projet se veut aussi écologique. La membrane qui recouvre le squelette de bois est en EFTE, matériau transparent et isolant, complètement recyclable et renouvelable. "Nous l'avions déjà utilisé pour faire le stade de Nice", explique Louis Lafargue. Pour la structure, l'agence Wilmotte a choisi une entreprise nationale, l'Alsacien Mathis, pour la charpente en bois. "L'ingénieur de la structure m'a expliqué que la forêt européenne pousse suffisamment vite pour que la quantité de bois utilisée pour la charpente soit renouvelée en 1 minute 30. Ça illustre bien le fait que le bois est une ressource renouvelable, si elle est utilisée dans une quantité raisonnable", raconte Louis Lafargue. "Parfait ! Nous pouvons déjà en construire un deuxième alors !" ajoute en riant Jean-Michel Wilmotte.

"La Ville de Paris tient à sauvegarder ses réserves végétales. Nous ne sommes pas descendus trop profondément pour préserver les racines, nous n'avons pas touché à un seul arbre du Champ-de-Mars", indique l'architecte devant l'endroit où s'apprêtent à être plantés buissons et rosiers.

Après son départ, il ne restera pas grand-chose du Grand Palais Éphémère si ce n'est les ancrages de béton coulés dans le sol. Un détail essentiel pour certains riverains du quartier, qui ne cautionnent pas le projet. "Mais même ceux qui ont contesté la construction n'ont jamais attaqué l'architecture, précise Jean-Michel Wilmotte. Ils ont beaucoup apprécié l'effort de faire un bâtiment éphémère de grande qualité."

Membrane en EFTE qui recouvre la structure en bois du Grand Palais Éphémère sur le Champ-de-Mars, lundi 11 janvier 2021.  (FRANCEINFO)

Un symbole pour les jeux olympiques

Ce nouvel édifice aura un rôle à jouer au moment des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Comme d'autres bâtiments parisiens, il accueillera plusieurs épreuves, dont celles de judo et de lutte. D'ici là, plusieurs événements, prévus initialement au Grand Palais, se dérouleront sur les Champ-de-Mars, tels que la compétition de sauts d'obstacles Saut Hermès, la Fiac ou le Tour Auto Optic 2000. La palette est large. "Le Grand Palais Éphémère est fait d'une structure autoportante. C'était important pour nous d'avoir un espace totalement dégagé pour des événements qui ne pourront pas accepter d'avoir des poteaux intermédiaires", explique l'architecte. Une décision qui, selon lui, ne diminue en rien la stabilité du bâtiment conçu pour être à la fois pérenne et démontable.

Et une fois les Jeux olympiques terminés, qu'en sera-t-il de l'œuvre ? "Certaines communes se sont portées acquéreuses d'une partie de la construction qu'elles réutiliseront pour faire une halle, un bâtiment sportif. L'édifice peut être décomposé. Tout restera en France", conclut Jean-Michel Wilmotte. 

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