Paris : le CENTQUATRE sens dessus dessous
Avec son installation « Bâtiment », Léandro Erlich, fait surgir dans le grand Hall du CENTQUATRE un immeuble de trois étages. A l’aide d’un ingénieux jeu de miroirs, le visiteur se trouve par magie débarrassé des rudes lois de l’apesanteur. Il est ainsi invité à escalader la façade de l’immeuble, à s’accrocher aux gouttières. L’un fait chuter sa botte, l’autre joue la tragédie de l’homme debout sur un appui de fenêtre au dessus du vide et les enfants ne se lassent pas de s’accrocher par les pieds ou par les mains. Images cinématographiques à la Mélies, délicieux vertiges … Tout le monde s’amuse.
Un peu plus loin, l’installation d’Ann Veronica Janssens, crée pour l’exposition : une porte s’ouvre, on s’engouffre dans un espace éblouissant : sensation d’absorption. Il n’y a plus de murs, plus de plafond, les limites du monde sont gommées. Les seuls repères sont les voix entendues ici et là et l’apparition/disparition des silhouettes découpées sur la surface blanche puis rouge de cet épais brouillard.
Cette installation joue avec les sens du visiteur mais cette fois le désoriente en le privant de ses balises sensorielles habituelles. L’expérience est étrange, voire un peu dérangeante, comme un voyage dans un espace intermédiaire, un interstice entre deux mondes.
Avec "Changing room", Léandro Erlich revisite la cabine d’essayage dans une mise en abîme vertigineuse. Les visiteurs avancent à tâtons. Miroir ? Pas miroir ? Ce labyrinthe ludique où les chemins se croisent et se recroisent à l’infini donne la bizarre impression au visiteur d’être devenu l’instrument d’un numéro de prestidigitation géant.
Cette exposition a aussi cela d’intéressant qu’elle est une expérience collective : les visiteurs se parlent, échangent et partagent leurs impressions. Ici, l’art contemporain est mis à la portée de tous et il est fortement recommandé de vivre cette aventure en famille, avec les enfants.
Chaque artiste propose deux installations. Il faut souvent attendre longtemps son tour. Mais le jeu en vaut la chandelle.
In-PERCEPTIONS, jusqu'au 9 décembre
CENTQUATRE
Entrée : 5 rue Curial - 75019 Paris
[ LES ARTISTES ]
LEANDRO ERLICH, artiste argentin, travaille entre l'Argentine et Paris. Il construit des éléments architecturaux à l’échelle humaine et met en œuvre des dispositifs qui invitent le spectateur à faire l’expérience d’une réalité distordue et troublante. En 2001 il a représenté l’Argentine à la 49ème biennale internationale de Venise et en 2006 a été nominé pour le Prix Marcel Duchamp.
ANN VERONICA JANSSENS est belge. Elle travaille sur l’appréhension sensorielle du monde à travers des sculptures ou des installations qui jouent avec la lumière, la nature des matériaux, les surfaces, les phénomènes physiques. Elle est aussi scénographe de spectacles de danse.
LAWRENCE MALSTAF est un artiste plasticien belge. Designer industriel de formation, il travaille dans un premier temps dans des théâtres, où il fabrique des accessoires, avant de devenir scénographe. Il s’intéresse aux phénomènes naturels et physiques, aux modes de vies et ses projets sont souvent à la frontière entre l’art et le théâtre.
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