Séisme au Japon : un village épargné grâce à son architecture unique
Parmi la centaine de maisons d'Akasaki, construites sur un bout de la côte ouest balayé par les vents, aucune ne s'est effondrée après le tremblement de terre de magnitude 7,5 qui a fait au moins 161 morts et 560 blessés dans la région, et dont l'épicentre était tout proche. C'est dû à leur conception inhabituelle, souligne Masaki Sato, 43 ans. La maison locale "est très compartimentée, avec de nombreuses colonnes" qui en assurent la solidité, explique ce défenseur du patrimoine local. Pour résister à la pluie, à la neige et au vent marin, la plupart des bâtisses d'Akasaki ont peu de fenêtres, et leurs murs extérieurs sont constitués de poutres de bois superposées horizontalement. Contrairement à de nombreuses maisons en bois dans la péninsule de Noto et au Japon en général, leurs plafonds sont en outre soutenus par des solives entrecroisées, ce qui ajoute à la solidité de la structure.
"Le village encore debout"
Masaki Sato habite Tokyo, mais après le tremblement de terre dévastateur du 1er janvier, il s'est empressé de parcourir les 300 km qui le séparaient d'Akasaki pour prendre des nouvelles des habitants, et de la maison qu'il met en location l'été comme chambre d'hôtes. Malgré le lourd bilan humain du séisme dans la région, où 103 personnes sont toujours portées disparues, aucune victime n'est à déplorer dans le village, que des brise-lames et des digues en béton ont par ailleurs protégé du tsunami provoqué par la secousse. Après avoir roulé toute la nuit, Masaki Sato a été soulagé à son arrivée de voir "le village encore debout", "grâce à la conception des maisons".
À l’intérieur de la sienne, il a trouvé de la vaisselle brisée, des appareils électroménagers renversés et une porte coulissante casée, mais la structure est restée intacte. Le même phénomène s'est produit dans tout le village, où "la conception des maisons est plus ou moins la même", explique Seiya Shinagawa, un pêcheur à la retraite de 78 ans. "Traditionnellement, elles sont formées d'un hangar tourné face à la côte, qui arrête le vent, et d'une maison étroite accolée derrière", une configuration datant de l'époque où les pêcheurs partaient en mer directement depuis leur hangar.
"Personne à qui la léguer"
Lorsqu'un incendie a détruit une grande partie du village à la fin des années 1930, les habitants ont reconstruit les maisons dans un style unifié et particulièrement robuste. Mais même ce village qui semble indestructible est confronté à un problème endémique au Japon : le vieillissement de la population. La plupart des habitants d'Akasaki ont plus de 65 ans et beaucoup vivent seuls, comme Akiyo Wakasa, 74 ans. "Mon voisin et son voisin vivent également seuls", précise-t-elle. Et "réparer les maisons coûte de l'argent".
"Je ne sais pas combien de personnes ici pensent que cela vaut la peine de réparer la maison et de continuer à y vivre alors qu'elles n'ont personne à qui la léguer"
Akiyo Wakasa, villageoise
A l'AFP
Employé d'une société informatique, Masaki Sato s'adonne par ailleurs à la rénovation immobilière et a entrepris de racheter au total cinq maisons d'Akasaki avec leurs hangars pour contribuer à les sauver. Car malgré son architecture unique, la zone n'est pas reconnue par le gouvernement comme un patrimoine culturel et quand il n'y a plus personne pour habiter une maison, celle-ci est souvent démolie, déplore-t-il. Or, "le village est trop précieux pour être perdu", souligne Masaki Sato.
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