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Tout le parcours de Frank Gehry au Centre Pompidou

Alors que la Fondation Louis Vuitton, incroyable vaisseau aérien aux voiles transparentes dessiné par Frank Gehry, ouvre ses portes dans trois semaines dans le Bois de Boulogne, le Centre Pompidou consacre une rétrospective à l'œuvre du grand architecte américano-canadien (du 8 octobre au 26 janvier 2015)
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Frank Gehry, Vitra International Furniture Manufacturing Facility and Design Museum, 1987-1989, Weil-am-Rheim, Allemagne
 (photo Thomas Mayer)

"La livraison de la Fondation Louis Vuitton était l'occasion de proposer à Frank Gehry une grande rétrospective. C'est la première grande exposition complète de son travail", indique Frédéric Migayrou, son co-commissaire.

 
"On est allés à Los Angeles travailler sur ses archives. L'exposition traverse l'œuvre depuis ses débuts, en 1959. On a voulu montrer sa continuité", poursuit-il.
 
Car si c'est à la fin des années 1970 que l'extension de sa propre maison à Santa Monica lui vaut la reconnaissance internationale, ça fait alors déjà plus de 20 ans que Frank Gehry, né en 1929 à Toronto, travaille.
Frank Gehry, Hotel Marqués de Riscal, 1999-2006, Alava, Espagne
 (photo : Thomas Mayer)
 
Soixante projets en images, maquettes et dessins
 
La rétrospective, qui s'ouvre sur une interview filmée de l'architecte, réunit des dessins, des diaporamas de photos des réalisations de l'architecte et des maquettes, "pas des maquettes de présentation mais des maquettes de travail", précise Aurélien Lemonier, l'autre commissaire de l'exposition. Ces pièces résument une soixantaine de projets architecturaux, parmi lesquels on peut citer le musée Guggenheim de Bilbao, le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, le Vitra Design Museum en Allemagne…
 
Au début de sa carrière, et jusqu'aux années 1980, Frank Gehry travaille pour des promoteurs et des agences d'urbanisme. Mais parallèlement, des commandes de maisons individuelles et d'ateliers d'artistes lui permettent des recherches personnelles, marquées par sa fréquentation de la scène artistique californienne (Richard Serra, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Ed Ruscha) et dont sa propre maison va être le manifeste.
Frank Gehry, Maquette du Guggenheim Abu Dhabi, 2006 (en cours de réalisation)
 (Gehry Partners, LLP)
 
Une maison manifeste d'un nouveau langage
 
Autour d'une maison banale, typique de l'architecture pavillonnaire californienne, il construit une extension avec des matériaux pauvres, de la tôle ondulée, du bois, du grillage industriel, créant son propre langage.
 
Puis il s'approprie l'idée du "one room building" de l'architecte Philipp Johnson : toutes les pièces d'une maison s'autonomisent et deviennent des bâtiments uniques et hétérogènes. Le plus bel exemple est sans doute la Winton Guest House, maison d'invités d'un couple de collectionneurs, dont les éléments présentent des formes et des matériaux très différents. Frank Gehry réfléchit en même temps à l'espace "interstitiel", entre les volumes, qui a aussi toute son importance.
 
Frank Gehry, Guggenheim Museum Bilbao, 1991-1997, Bilbao, Espagne
 (Photo Philippe Migeat, Centre Pompidou)
Le numérique permet une révolution
 
Dans les années 1980, il revient à une idée d'unité architecturale. La Lewis House, du nom de l'homme d'affaires a permis à Gehry, pendant des années, d'expérimenter le numérique. Pour elle, Gehry crée des voiles qu'il n'arrive pas à réaliser. Elle ne sera jamais construite mais il s'agit d'un "objet architectural révolutionnaire", selon Frédéric Migayrou.
 
C'est la modélisation numérique, au début des années 1990, qui va lui permettre d'aller plus loin dans cette idée d'unité et de créer ces bâtiments aux formes incroyables, dont le Guggenheim de Bilbao est un des premiers, avec ses volumes qui semblent s'envoler dans tous les sens. Frank Gehry n'a pas voulu qu'il soit construit en ville, c'est lui qui a voulu le situer dans une friche industrielle. Et, pour les commissaires de l'exposition, c'est parce qu'il a cette vision urbaine que le projet du Guggenheim réussit. C'est parce qu'il est un grand urbaniste qu'il est un grand architecte.
Frank Gehry, DZ Bank Building, 1995-2001, Berlin, Allemagne
 (photo : Roland Halbe)
 
Des bâtiments en mouvement
 
"Dès les années 1960, Frank Gehry a abordé la question de la rénovation urbaine", souligne Aurélien Lemonier. Constamment préoccupé par la démocratie, il "a une vraie vision collective de ce que doit être la ville", ajoute Frédéric Migayrou.
 
De son regard et de sa préoccupation de la ville témoignent les photos qu'il a prises dans des zones industrielles américaines.
Frank Gehry, Walt Disney Concert Hall, 1989-2003
 (Gehry Partners, LLP)
 
Frank Gehry donne du mouvement à ses créations, parfois grâce à une torsion sur un bâtiment simple, comme le Ustra Office Building à Hanovre (Allemagne), ou l'IAC building de New York. Ou bien il les enveloppe d'une peau, d'un voile qui semblent vibrer.
 
Malgré la numérisation de ses projets, Frank Gehry est un homme qui aime travailler avec ses mains et qui trouve, paradoxalement, que "l'image d'ordinateur est sans vie, froide, horrible",  insistant sur la nécessité de mettre "l'ordinateur au service de votre propre créativité" et de ne pas "le laisse(r) devenir le créateur". C'est grâce à l'ordinateur "qu'est apparue la tête de cheval", une création extraordinaire qui sert de salle de conférences, insérée à l'intérieur du siège de la banque DZ Bank à Berlin.
 
Rendez-vous donc à la fin du mois au Bois de Boulogne pour découvrir la Fondation Louis Vuitton, un de ses dernièrs projets (d'autres sont en cours à Arles, à Abu Dhabi ou en Chine). Un détour par le Centre Pompidou permet de comprendre comment ce créateur hors du commun est arrivé à imaginer cet "iceberg" (du nom qu'il lui a lui-même donné), avec ses douze voiles de verre aux courbures différentes. La Fondation présentera aussi, pour son ouverture, une exposition sur Frank Gehry, complémentaire de celle-ci.
 
Frank Gehry, Première grande rétrospective en Europe, Centre Pompidou (galerie sud, niveau 1), Paris 4e
Tous les jours sauf mardi, 11h-21h
Tarifs : 9€ / 10 € / 11€ / 13€
 
Du 8 octobre 2014 au 26 janvier 215

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