Un concours d'architectes pour redessiner la Tour Montparnasse
"Cette tour si décriée quelquefois, mais qui en même temps appartient au patrimoine de la ville de Paris, va renouer avec une modernité qui était la sienne il y a 40 ans et que l'on a besoin de retrouver aujourd'hui", déclare à l'AFP Patrick Abisseror, le président de l'Ensemble immobilier Tour Maine Montparnasse (EITMM).
Un appel à candidatures est lancé jeudi, qui met l'accent sur "l'innovation, la modernité, les compétences techniques et les performances environnementales des projets", mais aussi une gestion du chantier qui devra être "exemplaire", avec le moins de nuisances possibles pour le voisinage.
En septembre, les six équipes retenues seront dotées de 120.000 euros pour travailler jusqu'à fin décembre, sur des avant-projets plus poussés. Puis l'équipe lauréate sera choisie "au printemps 2017", au terme d'une concertation avec la Ville de Paris, les mairies des 6e, 14e et 15e arrondissements et les riverains. "Un projet comme celui-là, décidé de manière un peu unilatérale dans les années 70, devra, pour sa renaissance, associer et convaincre", estime M. Abisseror. "Nous voulons que les Parisiens se réapproprient le lieu".
Ce concours d'architecture qui "implique des travaux très importants, puisqu'il ne s'agit pas d'un petit lifting, mais d'une restructuration complète, va aussi nous permettre de tourner la page de l'amiante", dit-il. Car si aujourd'hui la tour Montparnasse est désamiantée à 90%, la fibre cancérigène, dont les bâtiments ont été truffés pendant les Trente Glorieuses, subsiste dans la façade et certains locaux techniques.
Premier coup de pioche fin 2019
Pour l'architecte Jean-Marie Duthilleul qui supervise le projet, il s'agit de "poursuivre l'histoire d'un emblème de la ville", qui doit "dialoguer avec tout Paris". Les architectes du monde entier seront invités "à exprimer leur vision" de la tour en tirant parti d'atouts tels que le "toit public, rare à Paris" pour un bâtiment privé. "Contrairement à d'autres tours, elle part du trottoir, et la façon dont le hall se présente sur l'espace public est aussi un enjeu majeur", dit l'architecte. Dans ce processus, la division de la copropriété en volumes, qui doit simplifier la gouvernance de la copropriété, a obtenu son autorisation préfectorale.L'ensemble immobilier sera éclaté en 8 secteurs homogènes (commerces, parkings, CIT, tour...) dont les copropriétaires pourront prendre des décisions de façon autonome. L'an prochain les copropriétaires devront s'accorder sur le coût global, le calendrier et les modalités des travaux - la tour pourrait être vidée pour réduire la durée du chantier - avec pour objectif un premier coup de pioche "fin 2019".
L'investissement d'environ 300 millions d'euros, sera "financé à 100% sur fonds privés, par une quarantaine de copropriétaires". Ceux qui n'avaient pas l'assise financière nécessaire pour y participer, sont partis : le fonds d'investissement LFPI (La Financière Patrimoniale d'Investissement), a ainsi pu racheter une douzaine d'étages sur 56, début 2016. Il est devenu le premier copropriétaire de la tour, devant la mutuelle MGEN et les assureurs Covea et Axa.
Le remodelage de la tour doit lancer un projet plus vaste de transformation de "l'ilôt Montparnasse" qui soulève, rapporte M. Duthilleul, des "sujets urbains hyper-complexes" : le quartier serait redessiné en concertation avec la Ville de Paris et les mairies des 6e, 14e et 15e arrondissements mitoyens. En lieu et place de la dalle de béton des années 70, la municipalité parisienne imagine un "espace public plus avenant, beaucoup plus proche d'un modèle haussmannien, davantage d'espaces verts et d'équipements publics", détaille l'adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika.
En contrepartie, la Ville "accepterait une légitime densification", dit-il."Si nous trouvons un accord de principe, nous lancerons un concours international, pour avoir des propositions intéressantes d'architectes et d'urbanistes". Mais comme pour la tour, les enjeux sont multiples et les négociations s'annoncent âpres.
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