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Voyage sur les pas de Frank Lloyd Wright : dans le ventre de l'architecte à Oak Park

Frank Lloyd Wright est né à la fin du 19e siècle, à une époque où l’Amérique voyait très grand et très haut. Lui était réfractaire aux normes et aux habitudes. Pendant plus de 70 ans il allait mettre en formes ses rêves de bâtisseur visionnaire, devenant le plus célèbre et le plus populaire des architectes américains. 150 ans après sa naissance, l'Amérique lui rend hommage.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Claude Desjacques
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Temps de lecture : 6min
951 Chicago Avenue à Oak Park
 (Jean-Claude Desjacques)

Deux étapes sont incontournables pour suivre les traces de ce génie de l'architecture qu'était Frank Lloyd Wright. Chicago où tout a commencé, et la banlieue de Phoenix en Arizona dans sa fondation de "Taliesin West" où se transmet le savoir d’un des fondateurs de l'architecture moderne.

Oak Park : le ventre de l’Architecte

A proximité du lieu de naissance d’Ernest Hemingway, au 951 Chicago avenue à Oak Park dans la banlieue de Chicago, 24 maisons singulières ont un point en commun : elles sont signées du même architecte. Frank Lloyd Wright, le visionnaire, dont Chicago fête le 150e anniversaire de la naissance.
  (Frank Lloyd Wright Home and Studio All rights reserved.)
Oak Park est situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Chicago. C'est un quartier urbain cossu et campagnard, comme les aime Frank Lloyd Wright. Un endroit idéal pour créer et bâtir son concept de "Prairie House", une architecture organique. Adapter des constructions à leur environnent, aujourd’hui cela semble une évidence. Mais en ce temps-là, nous sommes en 1889, les Etats-Unis pensent plutôt verticalité.

Horizontalité contre verticalité

Frank Lloyd Wright, élève de Luis Sullivan, l'inventeur des premiers gratte-ciels de Chicago, est donc un fervent défenseur de l’horizontalité, de la lumière naturelle qui pénètre dans toutes les pièces (l’électricité n’en est qu’à ses balbutiements ). Il travaille à une révolution architecturale qui va s’étaler sur près de 70 ans. Il rêve d’une ville alternative, en rupture avec le classicisme de cette fin 19e et les aspirations des américains qui réclament encore des maisons bâties sur les modèles européens. Considérant l’architecture comme "la mère de tous les arts", Wright estime que son pays, dont il est si fier, a besoin d'une architecture capable de refléter son caractère unique.
  (Jean-Claude Desjacques)
"Le 951 Chicago Ave à Oak Park", appelé également le "Frank Lloyd Wright Home and Studio", c’est son laboratoire, son centre expérimental, là où tout à commencé. C’est ici que naît son style, sa signature" estime David Bagnall, le conservateur de la demeure. "Il débarque à Chicago de son Wisconsin natal, de la campagne à la ville. Dans cette maison il applique bon nombre de ses principes architecturaux et encore aujourd’hui c’est d’une modernité incroyable, la concrétisation du style Prairie qui est vraiment sa marque de fabrique".

Style prairie et usonien

Pour nommer ses petites maisons en harmonie avec l’environnement où elles ont été conçues, Usonia a été un terme lancé par Wright, il le préférait à "américain" car ce terme symbolise sa vision du paysage aux Etats Unis, sa planification urbaine et l’architecture des bâtiments. 

Le style "Prairie" est une vision novatrice qui fait fi des conventions de l’architecture de son époque. Plus de symétrie mais des grands espaces, des variation de toits souvent plats. "Il est vrai que vu le climat de Chicago ce ne fut pas très pratique et les fuites furent nombreuses, surtout avec les nombreuses ouvertures et fenêtres. Frank Lloyd Wright n’était pas un ingénieur ! souligne David Bagnall ; mais d’un autre côté il a tenu compte des contraintes climatiques de l’Illinois d’où les différences de hauteurs et les matériaux tel que le béton, l’acier. Et puis à l’intérieur, l'utilisation de matériaux qui sont en symbiose avec les lieux : le bois, la brique. Les meubles aux lignes épurées ont été fabriqués sur mesure avec du bois de ronce de chêne".
  (J.C.Desjacques)
"Regardez il n’y pas de tapisserie, les murs sont des cloisons de plâtre peints, les fenêtres en vitrages sérigraphiés. Les moulures dentées, dont le thème est repris partout dans la maison, c’est ça l’esprit Frank Lloyd Wright."
Dans la maison cohabitent des peintures et des fresques d’inspirations très variées, notamment l'art amérindien, assez nouveau dans un pays qui venait à peine d’être pacifié et loin des standards victoriens des autres demeures bourgeoises d’Oak Park. Des motifs égyptiens aussi, alors que l’Egypte n’était pas à la mode et où il était difficile de se rendre en 1889. Mais tout le monde parlait des découvertes qui venaient d’y être faites. 
  (Frank Lloyd Wright Home and Studio All rights reserved.)
Tous ces détails démontrent la curiosité et la passion de FLW pour la décoration, le design et l’agencement intérieur. Des motifs qui seront omni présents dans bon nombre de ses créations et que l’on retrouve dans le merchandising autour de Wright. 
  (Frank Lloyd Wright Home and Studio All rights reserved.)
F.L.Wright habita près de 20 ans au 951 Chicago Avenue. La maison évoluera suivant la composition familiale. Il déménagera de Chicago avant la grande dépression. Depuis 2012, cette maison gérée par le Frank Lloyd Wright Trust, se visite. Il reste encore aujourd'hui à Oak Park des traces de son génie créateur.
Heurtley House
 (Jean-Claude Desjacques)
L'architecte semble avoir vécu plusieurs vies après Oak Park. Voyages en Europe, au Japon, en URSS, quatre mariages, des drames, dont l’assassinat de sa femme et de deux de ses enfants, des faillites... A chaque fois le génie créateur reprendra le dessus. 
Di Caro House
 (Jean-Claude Desjacques)
Sur un millier de projets, la moitié seulement sortira de terre. Au-delà de l’architecture pur, Frank Lloyd Wright sera le premier à créer son propre design, sa marque, son logo. Encore aujourd’hui le merchandising de Lloyd Wright fait des jaloux.

Pour Barry Bergdoll, le commissaire de l’exposition "Unpack the archives" (Déballer les archives) que le Moma de New York lui consacre, FLW est le premier "Starchitect", un mélange de Jean Nouvel et de Philippe Stark !
  (DR)

"Si Wright était de ce monde aujourd'hui, il serait partout sur les réseaux sociaux", estime M. Bergdoll. "Il comprenait la relation entre nouvelles technologies et célébrité, son aura était plus importante auprès du grand public que parmi ses confrères".  

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