Art contemporain : les quatre finalistes du Turner Prize 2015 exposés à Glasgow
Le prix d'art contemporain, qui porte le nom du peintre William Turner, est décerné chaque année depuis 1984 à un artiste de moins de 50 ans habitant, travaillant ou né au Royaume-Uni. Il compte parmi ses anciens lauréats Damien Hirst et Anish Kapoor. Depuis ce 1er octobre, et jusqu'au 17 janvier 2016, la galerie Tramway, haut lieu de l'art contemporain en Écosse, abrite l'exposition des oeuvres des quatre artistes finalistes du Turner Prize.
Les chaises à fourrure de l'Allemande Nicole Wermers
L'expo commence par deux oeuvres de Nicole Wermers, une artiste allemande de 44 ans qui vit à Londres.Dans la salle qui lui est dédiée, on peut observer dix chaises Cesca (conçues par Marcel Breuer) sur les dossiers desquelles ont été cousus des manteaux de fourrures. Au mur, des céramiques blanches et immaculées figurant de petites annonces à numéros détachables. Dans une courte vidéo, l'artiste allemande explique mener une réflexion sur la façon dont les infrastructures déterminent nos façons de vivre et sur la manière qu'ont les gens de s'approprier des bouts d'espaces publics.
"Les deux projets visent à cristalliser de brefs gestes sociaux - placer un manteau sur une chaise pour réserver une place, déchirer un numéro pour avoi une information - dans une forme rigide", explique Paul Pieroni, l'un des deux commissaires de l'exposition.
La réalité questionnée par Bonnie Camplin
"C'est la partie la plus conventionnelle de l'exposition", admet-il avant de se diriger vers la salle d'étude qui constitue l'oeuvre de Bonnie Camplin, une artiste britannique de 44 ans. En entrant dans cette salle qui se veut studieuse, le visiteur remarque que le bruit de ses pas est soudain étouffé par une épaisse moquette, tranchant avec le béton brut du reste de la galerie.A l'intérieur, cinq postes de télévisions munis d'écouteurs permettent d'entendre des gens raconter des histoires présentant divers degrés de surnaturel tandis que des tables débordant de livres et d'articles scientifiques, philosophiques ou encore ésotériques visent à aider le visiteur à évaluer la véracité de ces histoires. "Ce projet questionne ce que nous prenons pour la réalité. Il repousse les limites de ce que nous disons réel ou irréel, croyable ou incroyable", explique Paul Pieroni.
Enigmatique Janice Kerbel
La troisième artiste sélectionnée, une canadienne de 45 ans du nom de Janice Kerbel, offre sans doute la partie la plus énigmatique de l'exposition. Il s'agit de neuf chants relatant autant d'événements catastrophiques qui s'abattent sur une seule personne appelée Doug. Six chanteurs d'opéra tout de noir vêtus incarnent a capella cette oeuvre immatérielle d'environ 25 minutes.En les écoutant, "vous pouvez vraiment ressentir l'inquiétude, le danger et la violence. Il s'agit de rendre quelque chose physiquement manifeste à travers des paroles seulement", explique Claire Jackson, l'autre commissaire de l'exposition. L'oeuvre sera chantée tous les jours de l'exposition mais sous plusieurs formes, parfois dans son ensemble, parfois en partie -le plus court des neuf chants durant seulement dix secondes.
Assemble ou le "do it yourself" collaboratif
La dernière partie de l'exposition est consacrée à Assemble, un collectif de 18 jeunes travaillant dans le domaine de l'architecture et du design, la nomination la plus surprenante du Turner Prize ces dernières années. Ils ont notamment été sélectionnés pour la rénovation de dix maisons victoriennes à Granby, un quartier de Liverpool longtemps abandonné par les pouvoirs publics et dont les derniers habitants se sont battus pour le faire revivre.Étant donné l'impossibilité d'exposer les maisons, leur pièce est consacrée à l'atelier qu'ils ont monté à Granby en collaboration avec les jeunes du quartier pour fabriquer les éléments qui viendront décorer les maisons (cheminées, poignées de portes, tabourets, etc.). Assemble "présente une nouvelle réflexion très intéressante sur comment l'architecture, les arts visuels, le design et l'artisanat interagissent", estime Claire Jackson. "L'idée qu'un artiste n'a qu'un rôle bien défini s'estompe de plus en plus".
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.