Biennale de Lyon : de la conception à la réalisation d'une oeuvre contemporaine
Invité de la 15e Biennale d'art contemporain de Lyon, l'artiste Mengzhi Zheng a conçu son œuvre en étroite collaboration avec une entreprise de la Loire. Un travail technique et créatif qui a duré près de trois mois.
La plupart des 54 œuvres exposées du 18 septembre 2019 au 5 janvier 2020 a été conçue et produite spécialement pour cette 15e Biennale d'art contemporain de Lyon. Celle imaginée par Mengzhi Zheng - et exposée au cœur de l'ancienne usine Fagor de Lyon - semble répondre au titre de cette édition 2019, Là où les eaux se mêlent (un titre emprunté au poète Raymond Carver).
La structure - baptisée Là où les vents se caressent - est composée d'un entrelacement de courbes de bois sur lesquelles viennent se poser des feuilles de Plexiglas colorées. C'est gracieux, fluide et léger, comme peut l'être la caresse de l'eau ou le souffle de la brise sur la peau.
Rendre possible l'impossible
Mais pour en arriver là, que de travail ! Pour mener à bien son projet, l'artiste, né en Chine et installé à Lyon, a fait appel à l'entreprise Hasap. Basée dans la Loire, elle est spécialisée dans l'agencement mobilier.
Il y a trois mois, les ingénieurs et techniciens d'Hasap ont commencé à plancher sur le projet de Mengzhi Zheng. Des heures passées sur écrans puis autour de la maquette pour tester la faisabilité du projet. Un défi technique et créatif pour les salariés impliqués sur le projet.
"Ça nous change du quotidien", confie Jean-Claude Dagaz, le directeur technique groupe HASAP. "C'est très intéressant d'avoir cette vision en amont d'une uvre, où on essaie de comprendre ce que l'artiste ressent, où il veut aller, pour que derrière on puisse lui apporter des solutions techniques."
Parfois il faut limiter l'artiste, lui dire, 'Ca va pas être possible' ou trouver des solutions pour arriver à ce qu'il veut.
Jean-Claude DagazDirecteur technique groupe HASAP
Un remue-méninge que Thierry Prat, le directeur technique de la Biennale d'Art Contemporain, résume ainsi : "Il faut rendre possibles des œuvres impossibles !"
Défi technique, créatif et financier
Dans le cas de l'œuvre de Mengzhi Zheng, ce sont les feuilles de plexiglas qui ont donné du fil à retordre aux équipes comme l'explique Jean-Baptiste Caillot, responsable marketing HASAP : "Leur taille est importante, les coloris sont très spécifiques. On est sur une matière qui fait 3mm et rien que pour trouver ce plexiglas, ça a été toute une aventure !"
Le créatif, le technique... et le financier. Thierry Prat rappelle ainsi que l'aspect économique qui arrive souvent en tête : "Dans un premier temps, avec les entrepreneurs, on a parlé fric et dépassement budgétaire !"
Cette Biennale 2019 est en effet marquée par de multiples rapprochements entre art et industrie. Les organisateurs ont voulu mettre en avant le savoir-faire régional et une quarantaine d'œuvres a été réalisée avec le concours d'entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un vrai choix à l'heure où les concepteurs se tournent souvent vers des pays étrangers où les coûts sont moindres.
Résultat final
Trois mois après et deux-cent heures de travail plus tard, l'œuvre de Mengzhi Zheng a pris place au cœur de l'ancienne usine d’électroménager Fagor-Brandt, située dans le quartier de Gerland à Lyon. Fermée en 2015, le site accueille désormais des événements culturels. Dans cet univers assez spartiate et austère, la structure de l'artiste peut prendre toute sa mesure.
Je suis très content de cette pièce confie Mengzhi Zheng. Elle a toute sa place, son fonctionnement et son sens dans cet espace. J'attends avec impatience de voir comment les gens vont tourner autour, comment elle va être perçue, vue et ressentie.
Mengzhi Zheng
Sous la légèreté, la technique
Né à Ruian en Chine en 1983, Mengzhi Zheng est arrivé en France à l'âge de sept ans. Il grandit à Paris et après des études en graphisme, il étudie à la Villa Arson, à Nice, de 2006 à 2011. Parallèlement, il suit une formation à la Städelschule de Francfort de 2009 à 2011.
Depuis ses débuts, Mengzhi Zheng s’intéresse aux relations que nous entretenons à l’architecture, à l’espace et à leur évolution. Ses constructions, à l'apparence fragile et légère, sont souvent très techniques dans leur conception.
En 2014, il a signé une œuvre pérenne et in situ dans la Tour ERDF du quartier de la Défense à Paris. Cette installation monumentale de huit mètres sur huit, baptisée (dé)construction colorée, est composée de fibre optique tissée, d’adhésifs transparents et de verres colorés, produisant une composition abstraite et sensorielle.
Mengzhi Zhen a également travaillé en collaboration avec le cabinet d’architecture William Wilmotte et la paysagiste Anne-Laure Giroud à la rénovation du parking "escargot" des Halles à Lyon. L'artiste a conçu et aménagé un toit terrasse de 2000 m² avec verrière et verdure.
Là où les vents se caressent
Oeuvre de Mengzhi Zheng
Usine Fagor
65 rue Challemel Lacour - 69007 Lyon
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