Fondation Maeght : voyage au cœur de l'abstraction avec la collection d'un mécène suisse
La Fondation Maeght propose une immersion dans l’abstraction des années 1950 à 1980 à travers une centaine d’œuvres prêtées par la Fondation Gandur pour l’Art.
C’est réellement un voyage dans le cœur battant de l’abstraction que propose jusqu’au 20 novembre la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Ce lieu unique, riche d’une collection de plus de 13 000 œuvres, ouvre en effet ses portes à 120 toiles issues de la collection d’un mécène suisse, Jean-Claude Gandur. Ce passionné d’art contemporain est à l’origine de la création de la Fondation Gandur pour l’Art basée à Genève en Suisse.
57 artistes majeurs
Articulée autour de neuf sections thématiques, l’exposition Au cœur de l’abstraction montre l’évolution de l’art non figuratif et de ses différentes tendances, des années 1950 à la fin des années 1980. Une période charnière que le public redécouvre à travers un parcours chronologique ponctuée par les œuvres de 57 artistes parmi lesquels (pour n’en citer que quelques-uns) Georges Mathieu, Sam Francis, Joan Mitchell, Victor Vasarely, Alexander Calder, Jean Tinguely, le groupe Supports/Surfaces, Pierre Soulages, Martin Barré, Simon Hantaï...
La liberté de l'art abstrait
Si l’exposition ne parle pas de la Seconde Guerre mondiale, elle montre à quel point elle a bouleversé la vision des hommes, notamment des artistes européens. Juste après le conflit, nombre d’entre eux sont revenus en France après s’être exilés aux États-Unis. Après ces années de privations et de violences, où la notion même d’humanité a été remise en cause, tous ont soif de liberté.
Elle va les pousser à repenser radicalement la peinture, à se questionner sur la matière, les supports, les techniques, la gestuelle. Pour la plupart des artistes, l’abstraction offre alors un champ de création infini, "loin d’un art figuratif considéré comme dévoyé par les régimes totalitaires" comme le rappelle Yan Schubert, conservateur de la Fondation Gandur pour l’Art et commissaire de l'exposition Au coeur de l'abstraction.
Des courants multiples
L’exposition ne s’intéresse donc pas à cette immédiate après-guerre mais aux décennies suivantes, de 1950 à 1980. Quatre décennies durant lesquelles l’abstraction a pris différentes formes, avec des courants multiples – art autre ou informel, tachisme, abstraction lyrique et gestuelle, expressionnisme abstrait, abstraction géométrique – et des querelles de style (une abstraction dite “chaude”, lyrique et gestuelle vs une abstraction “froide”, plus géométrique).
Mais quel que soit le style, le public s’avère réceptif même si comme le reconnaît Yan Schubert, "c’est plus difficile mais aussi plus direct et plus émotionnel". Le conservateur se dit "toujours étonné par le public qui arrive devant un tableau où on ne reconnaît rien et finalement ça le touche parce qu’il peut interpréter le tableau comme il l’entend".
Histoire d'une passion
Cette exposition est d'autant plus intéressante qu'elle permet au public de découvrir certaines œuvres rarement exposées notamment en raison de leur taille. "Les dimensions généreuses des murs de la Fondation Maeght nous permettent d’exposer de très grands formats de Sam Francis, de Jean Paul Riopelle et d’Emilio Vedova" souligne Jean Claude Gandur, le fondateur et président de la Fondation Gandur pour l'art qui parle de la Fondation Maeght comme "d'un lieu magique".
Ce collectionneur d’art, entrepreneur (il a cofondé en 1987 le Groupe Addax et Oryx, spécialisé dans le secteur de l’énergie) et philanthrope, né à Grasse en 1948 et qui a grandit en Egypte jusqu’à l’âge de 12 ans, a démarré sa collection dans les années 1980. Dès 2000, il s’est concentré sur l’abstraction d’après 1945 et la seconde école de Paris, avec des peintres comme Wols, De Staël, Mathieu, Hartung, Soulages. "J’ai eu la chance d’être alors un des rares collectionneurs à m’intéresser à cette période, celle de ma génération pourtant. Cela m’a permis de rassembler des œuvres significatives. Peu à peu, j’ai étendu mes intérêts à d’autres mouvements et à d’autres écoles". Jean Claude Gandur est également considéré comme l'un des cinq ou six plus grands collectionneurs d’art de l’Antiquité sur la planète.
Un pont entre deux Fondations
Sa collection d’art abstrait de la seconde moitié du XXe siècle se concentre sur des artistes français ou ayant travaillé en France. Comme le souligne Jean Claude Gandur, "beaucoup d’entre eux figurent aussi dans la collection Maeght. Parmi les œuvres de ces artistes, certaines sont passées par la galerie Maeght tandis que d’autres ont même été acquises auprès d’elle". Cette exposition est donc une sorte d’hommage rendu au travail du célèbre collectionneur Aimé Maeght.
Quant à La Fondation Gandur pour l’Art créée en 2010 à Genève, elle a pour vocation de rendre accessible au public ses collections d’envergure internationale. Reconnue d’utilité publique, elle dispose de collections qui s’articule autour de cinq domaines distincts : l’archéologie, l’ethnologie, les beaux-arts, les arts décoratifs et l’art contemporain africain et de la diaspora.
Au coeur de l'abstraction - Collection de la Fondation Gandur pour l’Art, jusqu'au 20 Novembre 2022 à la Fondation Maeght - 623 Chem. des Gardettes 06570 Saint-Paul-de-Vence - Ouvert tous les jours de 10h à 19h (Juillet-Août) et de 10h-18h (le reste de l’année) - Tarifs : de 11 à 16 €
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