Jeff Koons "attristé" par les "malentendus" suscités par son "Bouquet de tulipes"

L'artiste américain Jeff Koons a regretté les "malentendus" et les polémiques autour de son Bouquet de tulipes, oeuvre monumentale qu'il a offerte à la ville de Paris après les attentats qui ont secoué la capitale française en 2015 et qui sera inaugurée vendredi.

Dans un entretien au Figaro, la star de l'art contemporain a dit avoir été "attristé" par les controverses suscitées par cette oeuvre, proposée à la mairie de Paris un an après les attentats de 2015, comme un hommage aux victimes.

"Beaucoup de malentendus"

Selon l'artiste, elles ont été nourries par "beaucoup de malentendus et de mauvaises informations". Il assure notamment qu'il n'avait pas choisi lui-même l'emplacement originellement prévu pour accueillir les Tulipes, place de Tokyo, entre le Musée d'art moderne de la Ville de Paris et le Palais de Tokyo. Il n'avait fait qu'accepter un des lieux qui lui avaient été proposés par la mairie de Paris, dit-il.

En outre, Jeff Koons affirme ne pas comprendre la pétition de 23 figures du milieu l'art qui voient en lui le "symbole d'un art industriel, spectaculaire et spéculatif".

"Ce n'est pas moi, ni ce que je suis, ni comme je me vois en tant qu'artiste", certifie Jeff Koons, qui dit venir "d'une tradition du XIXe siècle et des avant-gardes du XXe siècle naissant, du ready made de Marcel Duchamp et de l'art conceptuel". Affirmant l'importance du "travail de l'esprit", il "aime concevoir, puis tenir une certaine distance sur ce qui se crée pour garder intacte (sa) conception originelle". Il affirme avoir fait "très peu" de produits dérivés mais être souvent repris "par des choses qui n'ont plus rien avoir" avec ses œuvres : "On voit des Ballon Dogs partout."

"L'argent ne m'intéresse pas en soi"

Artiste vivant le plus cher au monde, il assure que "l'art n'est pas une compétition" et que "l'argent ne (l')intéresse pas en soi".

Concernant la signification du Bouquet de tulipes, il souhaite que cette oeuvre dont il a donné les droits financiers à des associations de victimes des attentats et à la Ville de Paris, soit un moyen "de célébrer nos valeurs communes" et de prouver que "l'amitié entre nos deux pays (France et Etats-Unis, ndlr) est plus forte que tout".

Et il a souhaité en faire un symbole discret de l'absence et du vide, en hommage aux vies fauchées par les attentats de 2015. En effet, son Bouquet est incomplet : il ne compte que onze fleurs, au lieu d'une douzaine à laquelle on pourrait s'attendre. Une manière pour lui de suggérer "l'idée de la perte (...), même si le bouquet veut dire mon soutien, mon réconfort aux Français".

Le Bouquet de tulipes de Jeff Koons, une sculpture de 10 mètres de haut qui pèse 30 tonnes, sera inauguré le 4 octobre, la veille de la Nuit blanche. Elle a été proposée à Paris par l'ancienne ambassadrice des Etats-Unis, Jane Hartley. Après les protestations provoquées par la première proposition de site, un emplacement plus discret a été choisis, dans les jardins des Champs-Elysées, près du Petit Palais.