L'artiste indien Subodh Gupta installe ses œuvres à base d'ustensiles de cuisine au Bon Marché
Ses œuvres d'art ? "Ce sont des performances artistiques en elles-mêmes", confie le plasticien indien Subodh Gupta, figure majeure de l'art contemporain, connu pour ses œuvres spectaculaires et théâtrales à base d'ustensiles de cuisine.
"Regardez, regardez, c'est comme une scène de théâtre", s'enthousiasme l'artiste né en 1964 dans le nord-est de l'Inde, en pointant du doigt deux de ses immenses créations nichées sous les verrières du grand magasin Le Bon Marché, propriété du groupe de luxe LVMH, à Paris dans le cadre de son exposition Sangam.
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"L'âme d'un peuple se trouve aussi dans sa gastronomie"
Son nom ne dira peut-être rien au public mais certaines de ses œuvres, elles, sont restées dans la mémoire de nombreux Parisiens. La plus connue ? Very Hungry God, un crâne monumental composé d'ustensiles de cuisine en inox installé à deux reprises à Paris et qui est devenu sa signature artistique.
Cette fois, pas de crâne géant mais encore et toujours des milliers de brocs et d'ustensiles de cuisson assemblés. "Ca fait un moment que je travaille avec ces objets", plaisante ce passionné de bonne chère, convaincu que l'"âme d'un peuple se trouve aussi dans sa gastronomie".
Avec ses œuvres, Subodh Gupta explore l'importance des objets du quotidien dans la construction d'une identité individuelle et collective. Notamment celle d'un pays, le sien. Considéré comme l'un des grands noms de l'art contemporain, Subodh Gupta a exposé ses œuvres dans de nombreux musées européens, dont le Tate à Londres. En 2018, "la Monnaie de Paris" lui consacrait une première grande rétrospective.
"On est à la confluence de différentes cultures"
Intitulée Sangam, du nom du confluent de trois rivières - le Gange, le Yamuna et le Saraswati -, la carte blanche du créateur indien s'étale sur les vitrines du grand magasin parisien et en son sein, avec trois œuvres monumentales.
"Confluences car, ici, des gens du monde entier se retrouvent. On est à la confluence de différentes cultures", dit-il. Mais pas seulement. Cette exposition est aussi à la confluence entre l'art et le mercantile, comme à la confluence d'objets chinés et neuf.
Fidèles à son esthétisme imposant - voire tonitruant -, les œuvres exposées au Bon Marché apparaissent tel un surgissement. Deux d'entre elles, Sangam I (un pot traditionnel indien) et Sangam II (un seau) sont suspendues aux verrières et font 12 mètres de haut.
L'œuvre la plus spectaculaire reste celle qu'il a intitulée The Proust effect, immense hutte en suspension composée - comme les deux autres - uniquement d'ustensiles de cuisine: théière, plateaux, casseroles, poêles... "Le tout assemblé tel un puzzle", confie-t-il encore.
A cela s'ajoute le travail réalisé dans les vitrines et qui fait appel aux hologrammes. Comme lorsqu'on voit surgir sur une moto un petit naan, le pain farci traditionnel de son pays. "La performance artistique est l'essence même de mon art. J'ai même envie de dire que mes œuvres sont des performances artistiques", explique celui qui, dans sa jeunesse, a fait du théâtre.
Exposer ses oeuvres hors d'un grand musée ne lui pose-t-il pas problème ? Non, rétorque-t-il sans sourciller: "Exposer mes oeuvres dans des endroits atypiques et non conventionnels est une bonne chose car cela vous permet de toucher un public qui ne fréquente ni musées, ni galeries". Surtout, insiste-t-il, "je n'ai fait aucun compromis. J'ai eu une liberté totale".
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