Arts du Moyen Âge : le public va pouvoir découvrir un musée de Cluny transformé, plus clair, plus aéré, plus accessible
Le musée de Cluny, à Paris, consacré au Moyen Age, a refondu ses espaces installés dans des vestiges gallo-romains et un hôtel médiéval. Ses collections sont installées sur un parcours complètement repensé, dans des espaces rénovés qui respirent. Ouverture le jeudi 12 mai.
Les travaux du Musée de Cluny - musée national du Moyen Âge, amorcés en 2011, sont terminés. Il rouvre entièrement au public le jeudi 12 mai. Même si sa directrice Séverine Lepape précise que la toiture devrait encore être reprise et les façades nettoyées, les visiteurs vont pouvoir découvrir un nouveau parcours muséographique dans un bâtiment -ou plutôt un ensemble de bâtiments- restauré et réaménagé, plus clair et plus ouvert.
La refonte et le dépoussiérage du musée n'était pas un luxe, il n'avait pas fait l'objet d'une rénovation d'ampleur depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Un musée plus accessible
Il s'agissait d'abord de rendre le musée plus accessible. Un nouveau bâtiment construit contre les parties historiques, avec une nouvelle entrée du public, avait déjà été inauguré en 2018. Avant, l'accès se faisait par la cour, par le côté de l'hôtel médiéval des abbés de Cluny. Il se fait désormais directement sur la rue du Sommerard, par une nouvelle entrée qui le rend plus visible. "C'était la première chose importante à faire, avoir un nouvel accueil qui nous permette de recevoir correctement le public et nous doter d'infrastructures qu'on est en droit d'attendre d'un musée du XXIe siècle", dit la directrice.
Le bâtiment imaginé par l'architecte Bernard Desmoulin, qu'on avait donc déjà pu découvrir à l'occasion d'expositions temporaires, propose un vaste espace d'accueil, des vestiaires, un atelier pédagogique et une librairie. A la place de l'ancienne entrée a été installé un café qui s'ouvre sur la cour.
Un parcours muséographique complètement repensé
La nouvelle partie du musée donne accès au début du parcours, qui commence avec le frigidarium des thermes romains de Cluny, acquis dans les années 1830 par la ville de Paris qui décide alors d'en faire un "dépôt lapidaire", où sont rassemblés les fragments de sculptures antiques découverts à Paris. Dans l'immense pièce voûtée on peut admirer des piliers votifs gallo-romains découverts au XVIIIe et au XIXe siècle, des trésors gaulois de bijoux ou monnaies d'or et d'agrafes de vêtements.
Le parcours muséographique a été entièrement repensé : "hérité des années 1950", il présentait auparavant la collection du musée -24 000 œuvres ou ensembles d'œuvres- selon les grandes techniques de création. Il a paru plus judicieux à la direction de les présenter de façon chronologique par grandes époques, même si des points thématiques peuvent aussi être abordés.
Il s'agissait de rendre le plus fluide possible la visite, qui traverse 21 salles. Elles sont situées d'abord dans la partie antique des anciens thermes puis dans l'hôtel médiéval, des espaces souvent faits de multiples recoins, et c'est assez réussi. Des cartels nous expliquent d'ailleurs l'évolution des bâtiments du musée, ouvert en 1844. Deux ascenseurs emmènent désormais au premier étage ou au frigidarium, permettant aux personnes à mobilité réduite de faire le circuit de façon quasiment identique aux autres.
Des sculptures de Notre-Dame aux émaux de Limoges
Un grand autel d'or de Bâle ou des couronnes votives du trésor wisigoth de Guarrazar du 8e siècle sont quelques-unes des œuvres qu'on peut découvrir avant d'arriver dans la grande salle consacrée à Notre-Dame. Dans celle-ci sont exposés des vestiges des décorations extérieures de la cathédrale, fragments de sculptures remplacées au moment de la restauration par Viollet-le-Duc au XIXe siècle ou arrachées pendant la Révolution.
Une petite salle est entièrement consacrée aux sublimes émaux champlevés de Limoges (XIIe siècle), un art qui s'est répandu dans toute l'Europe. Puis on découvre, entre autres, les vitraux de la France du Nord. Une salle est consacrée à la Sainte-Chapelle, chef-d'œuvre de l'art gothique (1241-1248), où sont rassemblés vitraux et sculptures déposés à Cluny lors de la rénovation de l'édifice au XIXe siècle.
Un nouvel escalier, doublé d'un ascenseur, permet d'accéder au premier étage où on découvrira l'art italien des XIIIe et XIVe siècles, avec en particulier une des exceptionnelles roses d'or offertes par le pape tous les ans à quelqu'un pour sa piété.
Céramiques hispano-mauresques
On navigue dans l'art des XIVe au XVIe siècles en France et en Europe, on admire la chapelle gothique restaurée avant de poursuivre avec des sections plus thématiques (mobilier, jeux, monnaies et instruments de mesure…). On remarquera un très bel ensemble de céramiques lustrées hispano-mauresques présenté dans une galerie où des ouvertures ont été percées, apportant de la lumière et donnant sur les sculptures de Notre-Dame situées plus bas.
La visite se termine sur la salle de La Dame à la Licorne qui est revenue de Toulouse (en attendant la réouverture du musée, elle a été exposée pendant deux mois et demi aux Abattoirs). Pas de changement ici, puisque le célèbre ensemble de tapisseries de la fin du Moyen Âge avait été dépoussiéré, accroché sur des chevalets légèrement inclinés pour éviter les tensions et présenté dans cette nouvelle salle fin 2013.
Musée de Cluny – musée du Moyen Âge
28 rue du Sommerard, 75005 Paris
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h15, sauf le lundi, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai. Nocturnes les premiers et troisièmes jeudis du mois jusqu'à 21h.
Tarifs : 12 € / 10 €
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