Avec l'exposition "trésors des Collections : fossilisations exceptionnelles", le Paléospace propose un voyage de 150 millions d'années
"Cette exposition est baptisée 'Fossilisations exceptionnelles' car très peu de fossiles parviennent jusqu'à nous dans cet état : des animaux entiers, des empreintes de parties molles, et même les couleurs révélées aux ultraviolets", s'émerveille Laurent Picot, docteur en paléontologie et responsable scientifique du musée Paléospace de Villers-sur-Mer, dans le Calvados. L'exposition "Trésors des Collections : Fossilisations Exceptionnelles", qui débute le samedi 8 avril, y présente des pièces rares. Certaines n'ont jamais été montrées en Europe, comme le crâne d'un Tarbosaure, un cousin asiatique du célèbre T-Rex. Elles sont à voir jusqu'au 7 janvier 2024.
Parmi les pièces exposées, une première mondiale : la trace des onze derniers mètres parcourus par une limule (un arthropode marin en forme de fer à cheval) avant de mourir, et de se fossiliser à son tour. "C'est un mini film du jurassique, estime Karine Boutillier, directrice du musée et paléontologue. Il faut imaginer les dernières secondes de cette limule : elle tombe au fond de l'eau à l'agonie, probablement par manque d'oxygène ou excès de sel, et elle se déplace sur une dizaine de mètres avant de mourir. C'est ce que nous voyons sur cette plaque, c'est exceptionnel par la longueur de la trace, parce qu'on en voit le début et la fin."
Le gisement où elle a été trouvée, la carrière de Solnhofen en Allemagne, était il y a 150 millions d'années immergé sous plusieurs mètres d'eau de mer. Cette anoxie (manque d'oxygène) ou un milieu très salé, fatals à cette limule, "ont permis à nombre de ces fossiles de nous parvenir en aussi bon état. Dans des conditions aussi néfastes à la vie, même les bactéries ne survivent pas et ne peuvent donc pas détruire les "parties molles"", précise Laurent Picot.
Une présentation rare d'un cousin du T-Rex
L'autre événement de l'exposition est cette présentation inédite en Europe d'un crâne de Tarbosaure. "Son état de conservation est bien supérieur à la normale, de par son volume, ses os en connexion et parce qu'il est en 3D, quasiment entier, y compris sa dentition", détaille le chercheur. "Le Tarbosaure est un théropode asiatique inédit en Europe et cousin (seule la position des yeux diffère) du Tyrannosaurus Rex, qui n'existe qu'aux Etats-Unis", précise-t-il. Ce crâne a été trouvé en Asie, acheté et donné au musée par un mécène, comme la trace de limule.
Les autres pièces de l'exposition ont également un intérêt scientifique majeur avec leurs parties molles : poisson, crocodile, tortue, requin, libellule laissent apparaître le fantôme de leurs entrailles, leurs yeux, leurs nageoires, et même les poches à encre de seiches de 100 à 200 millions d'années.
Ouvert en 2011, le Paléospace accueille 30 000 visiteurs par an. Son comité scientifique rassemble quinze des plus grands paléontologues français et un pôle de recherche y sera bientôt créé pour pouvoir consacrer plus de temps à l'étude des quelque 27 000 fossiles de sa collection en permanente évolution.
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