"Bollywood Superstars" : le musée du quai Branly braque son projecteur sur un cinéma pas comme les autres
L'anecdote se veut autant pédagogique qu'humoristique. A une question sur le manque de réalisme dans le cinéma indien, un réalisateur bollywoodien rétorque que la réalité est tellement dure au pays de Gandhi que produire un film réaliste reviendrait à faire un documentaire. Alors, place à la chanson et à la danse, à la profusion de couleurs et aux combats épiques où la victime s'écroule une demi-seconde avant de recevoir le coup. Place aussi aux scénarios qui tiennent dans une feuille de papier à cigarette : un couple d'amoureux doit surmonter l'opposition des parents, généralement un père ombrageux qui refuse que sa fille se marie avec un homme issu d'une caste inférieure. Et, bien sûr, le happy-end : l'amour triomphe toujours, et en chansons. Tout ça est (un peu) cliché. Le cinéma indien est plus varié, plus complexe. Et l'exposition le démontre.
Il était une fois à Bollywood
Jusqu'au 14 janvier 2024, le musée du quai Branly braque le projecteur sur le cinéma indien. Intitulée Bollywood Superstars, cette exposition ambitionne de raconter l'histoire d'un des cinémas les plus foisonnants au monde. Avec plus de 2 000 films par an, l’Inde est aujourd’hui le premier producteur de cinéma au monde. Peu intéressés par les films étrangers, les Indiens se sont tournés vers leur propre histoire et la mythologie pour faire leur cinéma. Avant d'arriver à Paris, l’exposition Bollywood Superstars : histoire d’un cinéma indien a été présentée au Louvre Abu Dhabi du 25 janvier au 4 juin 2023 dans le cadre du partenariat entre le Louvre Abu Dhabi, France Muséums et le musée du quai Branly-Jacques Chirac.
"Pour retracer ce siècle d’histoire, l’exposition met en dialogue œuvres d’arts, objets historiques et projections sur grand écran à travers une scénographie immersive", notent les commissaires de l'exposition. Au début, il y eut Rāma, le prince, et son épouse Sîtâ, enlevée par le démon Rāvana. Aidé par le singe Hanumân, Rāma terrasse ses adversaires... Comme dans de nombreux pays, le cinéma va contribuer à écrire un récit national, à forger une identité. "Dans le contexte de construction nationale et de l’indépendance indienne, les dieux et les grands monarques inspirent les premiers blockbusters capables de fédérer un vaste public, au-delà des clivages régionaux et linguistiques du sous-continent".
L'exposition est un voyage féérique en peintures, photos, figurines, costumes et -bien sûr- vidéos. Une exposition flamboyante, comme Bollywood. Et autour de l'expositon, concerts, spectacles, visites, ateliers, DJ set, cours de danse... Et tous les dimanches, gratuitement, le jardin du musée offre un voyage en Inde en danses et en musique.
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