Bruxelles s'offre un musée "Fin de Siècle"
"L'art belge n'est pas aussi populaire que les écoles françaises ou anglaises de la Belle Epoque, et nos collections du XXe n'ont pas de Warhol ou de Lichtenstein... mais nous avons autre chose!", lance le directeur des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, qui accueille à partir de vendredi le "Fin-de-Siècle".
La création belge de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, souvent teintée d'une ironie ou d'une critique sociale très "post-moderniste", est "sous-estimée", estime Michel Draguet.
Dans l'ombre de Paris ou de Londres, la création belge de cette époque "puise ses racines chez les primitifs flamands et prend son envol grâce aux Salons des XX (1883-1894) et de la Libre Esthétique (1894-1914)", poursuit le directeur du principal ensemble muséal de la capitale belge. L'héritage de cette période, "pas belle pour tout le monde", est encore vivant en Belgique, un pays "compliqué" qui a ensuite vu s'épanouir le surréalisme de René Magritte ou de Paul Delvaux, souligne aussi Michel Draguet.
Les oeuvres des peintres James Ensor, Fernand Khnopff, Léon Spillaert, ou des architectes Victor Horta ou Henry Van de Velde, entre autres, étaient déjà visibles à Bruxelles, dispersées aux Musées des Beaux-Arts et d'Art et d'Histoire, à la Bibliothèque royale dans la collection de la banque Belfius. Elles sont maintenant rassemblées dans un lieu unique qui leur offre une nouvelle cohérence.
Une peinture de la classe ouvrière
De salles en salles, les mouvements artistiques se succèdent : impressionnisme, réalisme, néo-impressionnisme. Le symbolisme étrange de Fernand Khnopff séduit, tout comme l'érotisme irrévérencieux de Félicien Rops. Les vues d'usine et sculptures d'ouvriers de Constantin Meunier, inspiré par le naturalisme d'écrivains comme Emile Zola, traduit l'intérêt naissant des milieux artistiques de l'époque pour la classe ouvrière.
Le pointillisme est représenté de belle manière par sa principale figure belge, Théo Van Rysselberghe. Le visiteur pourra comparer ses oeuvres, dont une séduisante "Promenade" peinte sur la plage d'Ambleteuse, dans le Pas-de-Calais, avec "La Seine à la Grande Jatte", du Français Georges Seurat.
Le musée expose aussi l'unique oeuvre de Van Gogh achetée de son vivant, par la peintre belge Anna Boch, un penseur de Rodin ou un charmant "Nu à contre-jour" de Bonnard. Ce n'est pas un hasard puisque Seurat, Gauguin ou Rodin sont passé par les salons des XX et de la Libre Esthétique.
Un musée "trop pictural"
Le "Fin-de-Siècle" n'entendait pas se limiter à la peinture, pour s'ouvrir à d'autres disciplines comme l'architecture, avec Horta notamment, ou aux arts décoratifs. L'Art Nouveau est bien représenté par la collection unique rassemblée par Anne-Marie Crowet et son mari Roland Gillion, qui ont légué au musée quelque 200 oeuvres: verreries, bijoux, sculptures, meubles, tableaux... Il inclut aussi des écrivains (Maeterlinck, Verhaeren), ou des décors d'opéra. Mais il est "un peu trop pictural", reconnaît Michel Draguet.
La réorganisation des collections publiques se poursuivra avec l'inauguration en 2016 d'un nouveau musée consacré aux oeuvres postérieures à 1914, ont annoncé les responsables des Musées des Beaux-Arts. Qui espèrent faire cesser les critiques dont ils sont l'objet depuis la fermeture en 2011 de la section Art moderne du musée.
Fin-de-Siècle Museum
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à17h.
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