Capitale européenne de la culture 2016, Wroclaw lance ses festivités ce dimanche
Le Grand Réveil est le nom donné à un show de rue mis en scène par Chris Baldwin, l'ordonnateur des Jeux olympiques de Londres, avec l'aide du créateur français de spectacles visuels Philippe Geffroy. Dimanche, quatre défilés de danseurs et musiciens, conduits par quatre Esprits convergeront vers la vieille place du Marché pour offrir un récit "polyphonique" de l'histoire de Wroclaw.
Plus de 100 événements, dont l'exposition du sculpteur espagnol Eduardo Chillida et une série de concerts dédiés au compositeur grec Iannis Xenakis mais aussi un "festival de food trucks", petites camionnettes de restauration, accompagneront le lancement de la fête culturelle qui se déroule parallèlement dans l'autre "capitale européenne" 2016, San Sebastian en Espagne. A noter deux autres moments : "Flux", le 11 juin et "Toile du Ciel", le 17 décembre, pour clore l'année.
Certes, la quatrième ville de Pologne, centre universitaire et industriel, dynamique depuis la chute du communisme, sous la houlette de son maire Rafal Dutkiewicz, est loin d'être assoupie : patrie de l'homme de théâtre Jerzy Grotowski, elle accueille le festival du film "Nowe Horyzonty", un grand rendez-vous baptisé "Jazz sur l'Oder". Elle s'est enrichie récemment d'une salle de concert, le Forum national de la musique, parmi les plus modernes du monde.
Sous le communisme, Wroclaw avait été le berceau du groupe d'opposition radical Solidarité combattante et d'un mouvement contestataire d'inspiration anarcho-surréaliste, Alternative Orange. Mais, peut-être en raison de son passé millénaire complexe - polonais, tchèque, intégrée à l'empire des Habsbourg, puis forteresse hitlérienne Festung Breslau - Wroclaw peinait à trouver son identité. La ville fut rasée à 70% par les bombardements soviétiques en 1945. Peuplée, après le départ des Allemands, par les Polonais venus notamment de Lwow (Lviv en Ukraine), accueillant d'importants groupes de Juifs et de Grecs immigrés, Wroclaw était une sorte de melting-pot est-européen. La communauté juive a vécu une renaissance et est aujourd'hui l'une des plus dynamiques de Pologne.
Si l'on cherche un événement qui a cimenté l'identité des Wroclawiens, c'est la grande inondation de juillet 1997. "Même des voyous sont venus porter des sacs de sable pour arrêter l'eau. Cela a sonné la fin du processus d'assimilation de la ville", raconte Grzegorz Roman, conseiller à la mairie de Wroclaw. Du coup, on assiste à une "acceptation totale du passé allemand", poursuit-il. Un Monument à la Mémoire Commune - un mur de granite formé de dalles provenant des cimetières allemands rasés sous le communisme - a été érigé, où les descendants d'anciens habitants allemands, venus visiter Wroclaw, peuvent se recueillir.
Un "pont littéraire" avec le passé a été jeté par un écrivain de Wroclaw, Marek Krajewski. Dans une série de romans policiers noirs, traduits en allemand et 17 autres langues, dont le personnage central est le détective Eberhard Mock, il raconte la vie quotidienne de Breslau allemande d'entre-deux-guerres, ses rues, ses restaurants et ses bordels.
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