Le Centre Pompidou célèbre l'art dans les luttes LGBT avec une exposition de 500 œuvres
À l'affiche du Centre Pompidou jusqu'au 13 novembre, l'exposition Over the Rainbow réunit plus de 500 œuvres et documents rares (livres, revues, photographies, films anciens et tableaux) puisés principalement dans les collections du musée et de la Bibliothèque Kandinsky, son centre de recherche.
L'exposition permet ainsi de découvrir une somme d'archives singulières et passionnantes de la culture LGBTQIA+, longtemps occultées pour des raisons de censure ou d'indifférence. "En raison de leur caractère sexuellement explicite, certaines œuvres peuvent heurter la sensibilité du public", prévient le Centre Pompidou. L'accès des mineurs à l'exposition est donc déconseillé.
"L'idée de l'exposition est de s'interroger sur la façon dont des artistes, quelle que soit leur sexualité, ont voulu montrer une image affirmative pour lutter contre les stéréotypes qui ont été longtemps le lot commun", explique le conservateur Nicolas Liucci-Goutnikov, commissaire de Over the Rainbow et responsable de la Bibliothèque Kandinsky.
"L'exposition n'est pas exhaustive mais propose une succession de moments significatifs de l'histoire sociale et culturelle des sexualités et (...) une constellation d'œuvres diverses ayant pour point commun d'affirmer, chacune à sa façon, ce que dénigre la représentation homophobe", ajoute-t-il. La visite démarre par l'évocation du Paris lesbien des années 30 avec le "salon de l'Amazone", un discret cercle littéraire et artistique créé par Natalie Clifford Barney, une expatriée américaine, et fréquenté par de nombreuses personnalités, dont les peintres Marie Laurencin et Romaine Brooks, la libraire Sylvia Beach ou l'actrice Greta Garbo.
Art et militantisme
Parmi les œuvres présentées : Femmes à la colombe, huile sur toile en autoportrait de Marie Laurencin en compagnie de la styliste Nicole Groult qui partageait sa vie. Les dessins homo-érotiques de Jean Cocteau et de ses compagnons, dont Raymond Radiguet et Jean Marais, sont en bonne place, tout comme une rare édition de 1930 de son Livre blanc, premier manifeste homosexuel que l'écrivain n'a pas signé à sa première parution en 1927, mais seulement les dessins qui l'illustrent quelques années après.
"Nous montrons aussi des dessins au stylo-bille très peu connus d'Andy Warhol dans les années 50, avant de devenir artiste de pop art", souligne Nicolas Liucci-Goutnikov. Le photographe Brassaï est à l'honneur avec de nombreux de ses clichés pris au Bal du Magic-City, la scène la plus courue du travestissement à Paris entre les deux guerres.
Le film longtemps censuré Un chant d'amour de Jean Genet, qui voyait dans la pédérastie une révolte contre la société, est présenté, tandis que l'exposition évoque aussi les premières transitions de genre avec les peintres Michel-Marie Poulain et Lili Elbe, considérée comme la première personne à avoir pratiqué une chirurgie de réattribution dans les années trente.
L'apport d'artistes au militantisme, avec des affiches emblématiques en faveur de la lutte contre le sida, est aussi abordé, tout comme les fétichismes, notamment avec une toile d'Andy Warhol, Oxidation painting, récemment acquise par le Centre Pompidou, et réalisée avec l'urine des modèles qui fréquentaient la Factory dans les années 70.
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