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Charlie Hebdo : les deux suspects traqués dans l'Aisne

Les frères Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, suspectés d'être les auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo, restaient introuvables jeudi en début de soirée. Localisés dans la matinée à proximité de Villers-Cotterêt (Aisne), ils sont traqués par les hommes du Raid et du GIGN qui ratissent méthodiquement le secteur.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le GIGN traque les deux tueurs présumés, à Corcy (Aisne) le 8 janvier.
 (François Lo Presti / AFP)
Repérés à une station essence

Les deux hommes ont été repérés jeudi matin par le gérant d'une station d'essence au sud de Villers-Cotterêt (Aisne), à environ 80 km au nord-est de Paris. Après avoir été victime d'un vol, selon la même source, le gérant a "formellement reconnu" les deux hommes, "cagoulés, avec kalachnikov et lance-roquettes apparentes".

Saïd Kouachi a par ailleurs été "formellement reconnu sur photo comme agresseur" des locaux de Charlie, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en début de soirée.

Un déploiement du Raid et du GIGN est en cours depuis jeudi après-midi dans la zone de la station essence. Ces unités d'élite de la police et de la gendarmerie se sont déployées dans une zone à cheval sur les départements de l'Aisne et de l'Oise, à environ 80 km au nord-est de Paris, "où a été abandonnée la voiture utilisée par les deux suspects (une Clio grise).

Désormais les deux fugitifs ne disposent plus de voiture, a priori. Le ratissage policier dans un secteur de surcroît très forestier s'avérait cependant long et compliqué. Avec en son centre Crépy-en-Valois et jusqu'aux abords de Villers-Cotterêts la zone de recherche fait quelques centaines de km2, ce qui rend ardue la tâche du GIGN et du Raid.

Le niveau "alerte attentat" du plan Vigipirate, qui ne concernait jusque là que l'Ile-de-France, a été étendu à la Picardie, a indiqué le cabinet du Premier ministre Manuel Vals.

Interpellations et gardes à vues

Manuel Valls a annoncé jeudi matin qu'il y avait eu "plusieurs interpellations" et "des gardes à vue" dans l'enquête sur l'attentat meurtrier contre Charlie Hebdo. Sept membres de l'entourage des auteurs présumés de l'attaque contre Charlie Hebdo étaient en garde à vue jeudi matin. 

Hommes et femmes, ces personnes ont été placées en garde à vue tard mercredi soir. La police est lancée dans la traque de deux frères, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans. Le beau-frère de l'un d'eux, Mourad Hamyd, 18 ans, également visé par un avis de recherche, s'est rendu mercredi soir au commissariat de Charleville-Mézières (Ardennes), après avoir vu son nom circuler sur les réseau sociaux. Ses camarades de classe affirment que Mourad Hamyd était en cours avec eux au lycée au moment de l'attaque.

Appel à témoins

La police a diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi les photos des deux suspects. Chérif Kouachi avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d'envoi de combattants en Irak.  Les deux frères, nés à Paris et de nationalité française, sont "susceptibles d'être armés et dangereux", prévient la Préfecture de police de Paris et "toute personne détenant des informations" les concernant est invitée à joindre le numéro vert 0805 02 17 17.
Les suspects recherché dans l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier 2015 : Cherif Kouachi (G), aged 32, et son frère Said Kouachi (D), aged 34
 (AFP PHOTO / FRENCH POLICE)
"Je vois qu'il y a beaucoup d'informations sur les médias, sur internet, il ne faut pas que cela nuise au travail des enquêteurs", a relevé le chef de gouvernement et ex-ministre de l'Intérieur. "J'en appelle à la responsabilité. C'est aux enquêteurs, à la police, à la gendarmerie, la justice, de mener" l'enquête "pour appréhender ceux qui ont commis cet attentat abominable".

Les enquêteurs sont notamment remontés à Chérif et Saïd Kouachi par des analyses génétiques et par une pièce d'identité retrouvée dans une voiture abandonnée par les fuyards dans le nord-est de Paris, selon une source proche du dossier. Des drapeaux jihadistes et des cocktails Molotov ont été trouvés dans ce véhicule.

Deuil national et "marche républicaine"

Face au choc "d'un attentat terroriste", François Hollande a annoncé dans une allocution solennelle une "journée de deuil national" jeudi, mesure rarissime en France. Les drapeaux seront en berne pendant trois jours et une minute de silence a été observée à midi dans les services publics et les écoles. Le pays tout entier s'est figé alors, les passants s'immobilisant, les gens se penchant aux fenêtres de leurs bureaux en brandissant des feuilles #JeSuisCharlie. Le président de la République a participé à cette minute de silence à la Préfecture de police de Paris.

Une grande "marche républicaine" est prévue dimanche, à laquelle l'UMP, l'UDI et le Modem appellent à participer. La plupart des grandes fédérations musulmanes, dont le Conseil français du culte musulman (CFCM) et l'UOIF (proche des Frères musulmans), ont appelé "les citoyens de confession musulmane à rejoindre massivement la manifestation nationale" prévue dimanche.

La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) appellait. ce jeudi à un nouveau rassemblement siliencieux jeudi à 18h place de la République à Paris en hommage aux victimes.

Le plan Vigipirate a été relevé au niveau le plus élevé en Ile-de-France et les sorties scolaires suspendues. Selon l'Intérieur, près de 500 CRS et gendarmes mobiles ont été mobilisés en renfort dans la capitale, ainsi que 350 militaires.

Les services de sécurité français redoutent que des jihadistes partis en Syrie et en Irak, au nombre d'un millier déjà, commettent des attentats à leur retour en France. 

Jeudi soir 8 janvier, Envoyé Spécial et Complément d'Enquête (France 2) bouleversent leur sommaire et proposent à partir de 20h45 des émissions spéciales après l'attentat meurtrier à Charlie Hebdo.

Vendredi soir 9 janvier, France 3 diffuse le documentaire "Caricaturistes, fantassins de la démocratie" à 22h45, en hommage aux disparus.

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