Cinq choses apprises sur la médaille olympique en visitant l'exposition "D'or, d'argent, de bronze" à la Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris revient sur l'histoire de la médaille olympique qu'elle a fabriquée à maintes reprises, à travers l'exposition D'or, d'argent, de bronze. Elle l'a frappée pour la première fois en 1896 pour les premiers Jeux de l'ère moderne à Athènes. L'institution le fera sept autres fois, détenant ainsi un record historique. "Par rapport à d'autres médailles sportives, la médaille olympique est un objet qui récompense, honore, mais oblige aussi. Quand on la reçoit, l'on doit devenir exemplaire en tout parce que cette médaille justement, elle aussi, essaie d'être exemplaire par sa forme, par la manière dont elle a été pensée, conçue et fabriquée", souligne Dominique Antérion, commissaire de l'exposition D'or, d'argent, de bronze - Une histoire de la médaille olympique. L'exposition invite ainsi à rentrer dans l'intimité d'un objet que seuls les athlètes partagent véritablement.
Jusqu'au 22 septembre, le musée de la Monnaie de Paris partage également son expertise avec les visiteurs de cette exposition. Franceinfo Culture vous donne quelques pistes à creuser pendant votre prochaine visite.
Une médaille qui se réinvente
L'histoire de la médaille olympique commence aux Jeux d'Athènes en 1896 où elle apparaît, pour la première fois, dans le cérémonial olympique grâce au Français Pierre de Coubertin, l'inventeur des Jeux modernes. En 1928, à Amsterdam, la médaille des Jeux est standardisée, enfermant l'objet dans un "carcan" créatif dont elle est libérée en partie en 1972 à Munich. Son revers est désormais laissé à l'appréciation de chaque comité organisateur. Quelques années auparavant, en 1968, la liberté créative dont jouissent les médailles d'hiver s'affiche grâce à Roger Excoffon aux Jeux d'hiver de Grenoble. À partir de 1992, des matériaux nouveaux font leur apparition : les médailles d'Albertville sont en cristal. Un nouveau design, qui prévaut aujourd'hui, se fait jour en 2004 aux Jeux d'Athènes. Douze ans plus tard, les médailles olympiques commencent à se faire écologiques. De même, la récompense n'a cessé "de grossir parce qu'elle doit être vue par les médias", fait remarquer Dominique Antérion.
Jeux d'hiver - Jeux d'été : une affaire de liberté créative
Contrairement à celle des Jeux d'hiver, la médaille des Jeux d'été est standardisée à partir de 1928, et ce, pendant quarante ans. Ce qui a restreint cette médaille estivale "à un objet très pauvre artistiquement", explique Dominique Antérion. "D'une manière générale, même si à partir de 2004, la médaille des Jeux d'été a changé avec un motif différent de celui qui prévalait auparavant, elle reste relativement contrainte. Sur la face avers, doit toujours figurer la déesse Niké sortant du stade Panathénaïque. Il n'y a qu'au revers de la médaille que le pays organisateur peut totalement s'exprimer. Alors que si vous prenez les mêmes médailles contemporaines pour les Jeux d'hiver, il n'y a aucune contrainte." Elles ont ainsi offert un véritable "champ de liberté aux artistes".
Des récompenses respectueuses de l'environnement
Reflets de leur époque, les médailles n'échappent pas à la question environnementale. "Avec les Jeux de Rio et particulièrement ceux de Tokyo, les comités organisateurs olympiques vont beaucoup travailler sur cette dimension de soutenabilité en termes d'approvisionnement des métaux pour fabriquer ces médailles. Pour Tokyo, le Japon avait organisé une grande collecte de composants électroniques. Tout l'or, tout l'argent, qui a servi pour les médailles en 2020, a été fournie par cette collecte". À partir de ces Jeux, la médaille "devient un élément du discours du pays organisateur par rapport aux préoccupations environnementales, sociales également. (...) Quand on fait une médaille d'or, il faut être sûr que cet or est propre", note Dominique Antérion.
La France, viscéralement terre olympique
La France fait régulièrement montre de son ADN révolutionnaire et novateur dans le domaine olympique. Elle sera le premier pays à organiser, la même année, en 1924, les Jeux d'été et les premiers Jeux d'hiver. Une prouesse qu'elle partage avec l'Allemagne et les États-Unis. "Nous avons toujours cherché à nous démarquer. L'olympisme est une sorte de croisade pour laquelle Coubertin a milité", rappelle Dominique Antérion. "Après l'échec des Jeux de 1900, de 1904, la Première Guerre mondiale qui vient contrarier l'idéal même de l'humanité, du sport... à chaque fois, Coubertin a sorti les Jeux du marasme dans lequel ils se retrouvaient plongés." Ainsi, en 1924, la France tient sa "revanche". "Elle a tout misé sur les Jeux de 1924, qui ont été un succès, à tous niveaux", poursuit Dominique Antérion. C'est le même esprit qui prévaudra pour les Jeux de 1968 à Grenoble.
"Quand de Gaulle appelle [le graphiste] Roger Excoffon, il a vraiment envie de dépoussiérer la charte graphique des Jeux afin qu'elle soit dans la modernité à laquelle la France commence à adhérer. Les médailles d'Excoffon sont uniques dans leur genre". Même chose à Albertville, en 1992, où Lalique conçoit des médailles de cristal. "On a voulu, là encore, se démarquer en créant quelque chose d'autre. Ensuite, tout le monde s'est engouffré là-dedans : toutes les médailles d'hiver qui ont suivi ont toutes été dans cette veine originale." Idem pour les cérémonies d'ouverture. Celle d'Albertville "a complètement dépoussiéré le genre". Comme la cérémonie de 2024 promet encore de le faire.
La Monnaie de Paris, championne de la frappe
La France, où plusieurs Olympiades se sont déroulées, continue à s'illustrer au travers de l'un de ses symboles majeurs. Les premières médailles des Jeux olympiques modernes, remises en 1896, ont été imaginées par le Français Jules-Clément Chaplain. "C'est la France qui a frappé le plus grand nombre de médailles olympiques de l'histoire et la Monnaie de Paris est le plus grand fabricant de médailles olympiques de l'histoire", note Dominique Antérion. La Monnaie de Paris a frappé huit fois les médailles olympiques et paralympiques : "En 1896 pour les Jeux olympiques d'Athènes, pour les JO de 1900, pour les Jeux d'été et d'hiver de 1924, pour les Jeux olympiques de Grenoble en 1968, pour les paralympiques d'Albertville en 1992 et, enfin, pour les olympiques et les paralympiques de 2024".
Les médailles olympiques de 2024 sont une création de la maison Chaumet. À l'avers, la récompense "se conforme aux règles définies depuis 2004", à Athènes, avec le design créé par l'artiste grecque Elena Votsi. Le revers, décidé par le comité français d'organisation des JO, puise son originalité "notamment dans le sertissage de ce petit hexagone en fer qui figure au revers et qui est un petit morceau de tour Eiffel. Une première. Cela ne s'est jamais vu dans aucune médaille olympique. On retrouve, dans très peu de médailles, un petit morceau d'un patrimoine national. La médaille des Jeux de 2024 crée ainsi un univers complètement nouveau de rêve pour l'athlète. Peu de gens pourront se targuer d'avoir un petit morceau de tour Eiffel autour du cou. Et ce qui est très beau, c'est que ce revers est commun aux médailles olympiques et paralympiques. Une première également". La différence tiendra à l'avers de la médaille paralympique. "Chaumet a choisi de dessiner une vision de la tour Eiffel vue du dessous", comme si on levait les yeux pour voir le monument.
Jusqu'au 22 septembre 2024 à la Monnaie de Paris.
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne les mercredis jusqu'à 21h
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