Coup de marqueur sur "La Liberté" : la femme a écrit "AE911"
"Elle a des moments de lucidité et par moments, elle a des bouffées délirantes", a expliqué Philippe Peyroux le procureur de la République de Béthune (Pas-de-Calais), précisant que "la jeune femme semble avoir agi seule".
Une perquisition a été effectuée vendredi matin au domicile de la jeune femme, à Hersin-Coupigny. Son téléphone portable a été saisi et fait l'objet d'analyses. La jeune femme risque sept ans de prison et 100.000 euros d'amende pour dégradation d'un objet culturel confié à un musée, a précisé M. Peyroux.
Les caractères ont été écrits au feutre indélébile noir, mais l'inscription semblait toutefois pouvoir être nettoyée, ont indiqué vendredi matin à l'AFP des sources concordantes. "J'attends les conclusions de l'expert du ministère de la Culture", a indiqué le procureur de Béthune Philippe Peyroux, qui "souhaite comme tout le monde que grâce aux épaisseurs de couche de protection, vernis ou autres produits, l'encre du marqueur n'ait pas pénétré dans la toile".
Un lien avec les conspirationnistes du 11-Septembre ?
L'inscription AE911 renvoie sur internet vers une pétition en ligne, dans laquelle "1.768 architectes et ingénieurs diplômés authentifiés, en plus de 16.421 citoyens concernés", "exigent du Congrès américain une enquête véritablement indépendante" sur ces attentats. L'acte la visiteuse indélicate serait-il une tentative de relancer le débat sur la thèse conspirationniste, défendue par ceux qui pensent que les attentats du 11 septembre 2001 n'étaient qu'un gigantesque complot aux ramifications inavouables ?
"Est-ce qu'il s'agit d'une personne qui a agi sous l'emprise d'un délire quelconque ou est-ce qu'il s'agit d'une revendication quelconque ?", s'est interrogé Philippe Peyroux. "Il convient", a-t-il souligné, "de rechercher quelle peut être la signification pour elle de ce type d'inscription."
Le Maire de Lens, le socialiste Guy Delcourt s'est, lui, déjà fait son opinion : "Il ne s'agit pas d'un acte délibéré de dégradation d'une oeuvre, il s'agit du geste d'une personne déséquilibrée, sur lequel je ne porterai pas de commentaire car c'est du ressort à la fois de la justice et des médecins". Et de préciser : ""A la sécurité, elle aurait déclaré de façon assez incohérente qu'elle voulait mettre, comme le font parfois les tagueurs, sa marque" sur le tableau
Jeudi soir, peu avant la fermeture du musée, la jeune femme, âgée de 28 ans, a écrit au marqueur dans la partie inférieure du tableau. Elle "a été immédiatement appréhendée par un agent de surveillance et un visiteur", puis remise à la police et placée en garde à vue. Le musée du Louvre-Lens a porté plainte.
En conséquence, la galerie du temps du Louvre-Lens a été fermée au public pour la journée de vendredi. "Du coup, on ouvre gratuitement l'exposition temporaire", a indiqué à l'AFP un porte-parole du musée, antenne du prestigieux musée dans le nord de la France, qui n'excluait pas une réouverture dès samedi de la partie accueillant le chef-d'oeuvre de Delacroix. "La Liberté guidant le peuple" (1830) de Delacroix est, avec le "Portrait de Balthazar Castiglione" de Raphaël ou "La Madeleine à la veilleuse" de Georges de La Tour, un des chefs-d'oeuvre qui ont rejoint pour un an le nouveau musée, inauguré le 4 décembre.
L'incident survenu jeudi "ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs-d'oeuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205 000 visiteurs depuis son ouverture", souligne le communiqué.
De grande dimension, le tableau "La Liberté guidant le peuple" est inspiré des journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les " Trois Glorieuses".
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