Covid-19 : avec les masques, artistes et couturiers trouvent un nouveau terrain de création
Objets anxiogènes, les masques de protection contre la pandémie mondiale de la Covid-19 peuvent devenir des moyens d’exprimer optimisme et engagement quand ils sont réalisés par des artistes et des créateurs.
Bien avant l'épidémie de la Covid-19, les créateurs de mode ont fait porter des masques à leurs mannequins sur les podiums de la Fashion Week. Aujourd'hui, ils sont rejoints par les artistes qui mettent en avant leur créativité pour s'approprier et réinventer ce masque en tissu, qui deviendra ou non, post-confinement, un accessoire de mode, mais, de toute façon, marquera une révolution culturelle.
Tous se sont emparés de cet objet, utilisé au quotidien: certains l'ont sublimé de motifs artistiques contemporains, d'autres ont fait appel aux métiers d'art ou ont utilisé des tissus issus de la haute couture ou du vintage, et même parfois lui ont donné une fonction anti-pollution. Découvertes.
Six artistes illustrent des masques pour l'Institut du Monde Arabe
En partenariat avec la Fondation Kinda (à Riyad en Arabie Saoudite), l’Institut du Monde Arabe propose dans sa librairie-boutique une série limitée de masques - 100% coton lavables - dessinés par six artistes contemporains du monde arabe.
Les irakiens Dia Al Azzawi et Mohammed El Shammari, l’égyptien Adel El Siwi, l’émirienne Fatma Lootah, le marocain Mohamed Morabiti et le saoudien Fahad Al Naymah posent - sur le format particulier et en volume du masque - leur univers plastique, figuratif ou informel, dans une palette en camaïeu ou contrastée.
Koralie et SupaKitch, deux artistes visuels avant-gardistes
Vistaprint a lancé en 2020 des collaborations avec des artistes et des créateurs évoluant dans l'univers de l'art et de la mode (Just Don par Don C, Awake NY, Sophia Chang, Lisa Perry et Keith Haring...) qui ont imaginé des masques designs. La nouvelle série est signée par les artistes français Koralie et son mari SupaKitch.
Koralie réalise des peintures murales dans des villes et expose en galeries, salons d'art et musées. En 2005, le couple a lancé Metroplastique, sa marque de prêt-à-porter. Pour cette artiste plastique passer de la création d’œuvres sur les murs à la création de masques sur tissus n'a pas été un problème : "J’aime passer de l’un à l’autre. Je m’ennuierais de ne faire que l’un ou que l’autre. J'aime adapter mon travail aux différents supports. Un univers m'inspire pour l'autre. Que ce soit sur les murs ou lors d'une collaboration comme la création de masques pour Vistaprint, il y a un engagement : sur les murs on s’expose/on s'impose aux passants ; sur les masques, on rend plus fun un produit dont l’utilisation ne l’est malheureusement pas".
Pour Koralie, les deux démarches sont similaires puisqu'elle a carte blanche : "végétation, architecture, motifs, je fais un croquis général avec les formes principales, puis je construis au fur et à mesure dans le détail". Mais les différences sont au niveau des outils : "la création sur masque passe par un travail d’illustration à l’ordinateur dans le confort de l'atelier tandis qu'une oeuvre sur mur nécessite pochoirs et spray de peinture en tenue de chantier dans la tumulte de la rue".
Aouadi : une collaboration haute couture
La maison Aouadi a réuni autour d'elle des métiers d'art de la haute couture avec lesquels elle façonne habituellement ses collections afin de réaliser trois masques. Le créateur français d'origine algérienne Yacine Aouadi a une inclination naturelle pour l’artisanat et les métiers d’art, ce qui explique pourquoi il a fait appel aux broderies Vermont, aux plumes Lemarié, aux dentelles Sophie Hallette et à l’Atelier Caraco (studio de création). Ces pièces uniques, confectionnées et ornementées à la main, sont made in Paris. Chaque œuvre est accompagnée de son socle et caisse de transport sur-mesure. Ces masques sont mis aux enchères (du 22 au 28 février) au profit de la Fondation des Hôpitaux pour rendre hommage aux personnels de santé. Fruits d'une collaboration avec la marque R-Pur, ces masques sont made in France, avec un textile respirant offrant une visibilité la nuit et une technologie antibuée.
Marine Serre : une création anti-pollution
La créatrice Marine Serre, dont les collections à l'univers post-apocalyptique étaient peuplées d'êtres masqués et encagoulés, bien avant l'heure de la pandémie de la Covid-19, a collaboré avec la marque française R-Pur spécialisée dans les masques anti-pollution. "Le masque Reflective Moon Face Mask est conçu pour protéger de la pollution urbaine, tout en assurant la sécurité et le confort d’un produit qui est aujourd'hui indispensable dans notre vie quotidienne... R-Pur propose une technologie innovante et des performances de haute qualité en concevant un produit entièrement fabriqué en France" explique la créatrice qui lance ce modèle pour le printemps-été 2021 en édition limitée
"Nous partageons avec la créatrice Marine Serre des valeurs communes concernant l'écologie et la vision d'un avenir a réinventer. Notre première collaboration pour la Fashion Week 2019 fut la première fois que les masques de protection étaient considérés comme des accessoires de mode" expliquent Mathieu Lecuyer et Flavien Hello, fondateurs de R-Pur.
Andrea Crews X Leslie David soutiennent l’association Fashion Révolution
Maroussia Rebecq, la fondatrice de la marque Andrea Crews, est une habituée des collaboration. Cette fois-ci elle s'associe avec Leslie David (studio de créations visuelles) pour créer des masques protégeant de la pollution ambiante. La fabrication est artisanale et locale : chaque pièce est unique ou déclinée en petite série. "Les matières viennent de nos anciennes collections ou de nos vêtements vintage qu’on a découpé" explique la créatrice. Le profit des ventes soutient l’association Fashion Revolution dont les actions interrogent le secteur de la mode et ses méthodes de production : "Elle pousse à réfléchir et questionner la place de l’humain et de l’environnement dans la manière dont sont confectionnés les vêtements que nous achetons" précise-t-elle.
Baylandi : le foulard de soie qui sublime le masque
Baylandi est une marque d'accessoires made in France spécialisée dans les foulards multifonctions que l'on peut utiliser comme bandana, foulard mais aussi comme masque. En effet, face aux exigences du gouvernement et aux conditions sanitaires, la marque s’est adaptée et propose un modèle en soie permettant d’insérer à l'intérieur - grâce à deux encoches - un masque FFP2. Caroline Bayle, la créatrice récupère des chutes de tissus de luxe pour concevoir ces écharpes. Un plus pour la planète, puisque ces matières de qualité sont issues à 95% des grandes maisons de couture. Outre la démarche éco-responsable, la soie est une matière qui a des vertus pour la santé.
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