Dans la Meuse, le festival Vent des forêts transforme la nature en galerie d'art contemporain à ciel ouvert
Découvrir l'art au détour d'une promenade, c'est ce que propose le festival Vent des forêts depuis plus de vingt-cinq ans. Chaque année, ce centre d'art contemporain singulier accueille de nouvelles œuvres qui viennent enrichir les sept sentiers de randonnées dans les forêts meusiennes.
Cette édition 2024 présente huit nouvelles installations réalisées in situ par des artistes internationaux. Parmi eux, la plasticienne Delphine Dénéréaz qui a installé son impressionnant Palais d'Harmonia. Un château au milieu des arbres construit avec des morceaux de tissus colorés. Les promeneurs apprécient le contraste. "C'est joli, les couleurs dans les bois", approuve un promeneur.
Confectionné avec huit détenus de la prison de Saint-Mihiel dans la Meuse, ce château textile sans porte qui s'ouvre sur le monde symbolise des vertus et des valeurs qui leur sont chères, des paysages vécus ou rêvés. "Le Palais d'Harmonia, c'est un peu l'idée du comment vivre tous ensemble, c'est un peu utopiste, mais on en a besoin en ce moment par rapport à ce qui se passe dans le monde actuel", sourit la plasticienne Delphine Dénéréaz.
Disséminées le long des 45 kilomètres de sentiers, les œuvres proposent une découverte de l'art contemporain à ciel ouvert. Au fil des ans et des résidences, plus de 230 pièces ont été réalisées, dont 150 sont actuellement visibles, sur sept boucles de promenade d'une à quatre heures de marche.
Richesse naturelle d'une région
L'expérience artistique invite aussi des jeunes artistes à venir créer des œuvres au contact des artisans de la région. C'est le cas de Margot Pizard qui termine ses études en art appliqué à l'école Boulle. Avec l'artisan vannier Jacques Simard, elle a imaginé une délicate chaise longue entièrement conçue avec des bois locaux.
"Il y a du frêne, les matériaux tissés sont en clématites et de l'osier, tout a poussé dans les environs", explique-t-elle. "Elle est venue faire un atelier chez moi pour apprendre à faire un panier et puis on est restés en contact, et quand j'ai eu vent de son projet, j'étais enchanté", raconte le vannier.
Allier l'art contemporain et la nature est le point de départ de Vent des forêts. Les artistes sélectionnés arrivent sans projet défini et trouvent leur inspiration au moment de leur résidence. Certains d'entre eux viennent de très loin. "Cette année, on a des artistes norvégiens ou chinois par exemple", confie Pascal Yonet, le directeur du centre d'art. L'artiste chinoise Shengqi Kong, par exemple, a conçu un ensemble de cinq sculptures avec le tronc d'un chêne tombé en forêt de Marculieu. Sa taille, en osmose avec la qualité du bois, révèle des formes organiques, des créatures fantômes, des visages aux traits naïfs, parfois enfantins, tendres et inquiétants.
Toutes ces créations de land art ont été réalisées sur place pour le festival. Pour les organisateurs, il s'agit aussi d'apporter du dynamisme dans une région. "C'est pensé dans un département extrêmement rural avec les habitants, c'est un projet qui fait du bien parce que se rencontrent des artistes et des habitants", explique Pascal Yonet, le directeur du centre d'art.
Les sentiers du "Vent des forêts" sont ouverts à tous gratuitement toute l'année.
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