Des milliers de cosplayers à la Japan expo
Jusqu'à dimanche, la Japan expo, au parc des exposition de Villepinte, réunit des cosplayers venus de toute la France.
Un petit monstre jaune sautille dans les jardins du parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), émettant des bruits de crépitements. Etrange ? Non, car vous êtes à la Japan expo, le grand rendez-vous des fans de la culture populaire japonaise et l'un des plus grands rassemblements de cosplayers en France.
"Cosplay", c'est la contraction de costume et playing : un mouvement né aux Etats-Unis à l'initiative des fans de la série "Star Trek" qui a connu une expansion fulgurante au Japon. Le concept : se déguiser et entrer dans la peau de son personnage favori.
Dans la peau d'un personnage délirant
Dans son costume de Pikachu, le sympathique monstre jaune du jeu vidéo Pokemon, le cosplayer mime des attaques, envoie des décharges électriques imaginaires en poussant de petits cris. "Trop kawai", s'exclame une jeune femme (traduire "trop mignon" en japonais). Les yeux cernés de noirs, deux sabres posés à ses pieds et des oreilles de chat sur la tête, elle regarde les "pokemon" de haut. Eux, baissent les yeux à son approche.
Et pour cause. Elle est la modératrice d'un forum Pokemon et joue son propre rôle : "Une fille kawai avec une double personnalité castratrice." Elle éclate de rire : "C'est un délire parce que je modère les conversations, je supprime des commentaires, je vire des gens ! D'où la tenue sexy, la tête de chat mignonne et les deux sabres. A la moindre attitude désobligeante, je sabre !"
Une parenthèse enfantine
Le pokemon fait une pause, allume une cigarette et salue un autre cosplayer. "Moi, c'est Solid Snake", précise-t-il. Depuis le début de la journée, le trentenaire joue le héros de Metal Gear Solid. Adolescent, il a usé les manettes de sa console sur ce jeu vidéo mythique, sorti en 1998 : une histoire d'infliltration, de guerre nucléaire et de soldats génétiquement modifiés. Aujourd'hui, il joue "en vrai". Une parenthèse enfantine dans sa vie d'adulte.
"Le cosplay a eu autant de succès au Japon justement parce que les Japonais voient l'enfance comme une période dorée qu'il faut faire durer", explique Antoine. Torse nu, les mots "Hug Free" ("calin gratuit") inscrits sur le ventre, il évoque Akihabara, un quartier de Tokyo "où le week-end, des hommes d'affaires viennent jouer à cache-cache déguisés en chat".
Un costume, un rôle, de l'art
"Le cosplay est un art, souligne Elena, un art complexe où on est à la fois réalisateur, costumier et scénographe de son propre rôle." D'ailleurs, cette serveuse dans une grande chaîne de restauration a choisi de jouer Deidara, un personnage du manga Naruto, guerrier et artiste à la fois. Au milieu de la foule, la jeune fille scande le slogan du héros : "L'art est une explosion !"
"Le plus important, c'est de faire son costume soi-même", souligne une autre cosplayer qui a choisi le même personnage, en montrant ses "langues de mains", entièrement faites maison. "Certains ont des costumes tellement complexes et travaillés que c'est presque de la haute couture." Elle, elle en a des dizaines dans ses placards. "La moitié de mon salaire y passe", s'exclame t-elle. Comme beaucoup de cosplayers, elle dépense des centaines d'euros par mois pour sa passion. "Et le pire, c'est ici : à la Japan expo, minimum 500 euros en quatre jours."
Devenir quelqu'un d'autre le temps d'un week-end
La jeune femme est accompagnée de sa mère retraitée, grimée en lolita, une mode vestimentaire japonaise. "Je suis fan des robes de princesse", dit-elle. Alors quand sa fille a commencé à faire du cosplay, elle a suivi : "C'était une façon de pouvoir m'habiller comme j'aime." Aujourd'hui, elle assume complètement, au point de porter des jupes bouffantes dans la vie quotidienne.
Héros, méchants, animaux, femmes-enfants, personnages de fantasy... Tous les rôles sont permis, sans aucune inhibition. "Le cosplay permet d'être qui on aimerait être, dire ce que l'on veut, avoir carte blanche", estime une autre amatrice. Durant la Japan expo, elle a choisit d'être Lucy, du manga Elfen Lied, "une tueuse qui vit nue, souvent cruelle et sadique, parfois douce et amoureuse".
A côté d'elle, un autre cosplayer tient tout de même à préciser : "On vit tous normalement ! Vous savez, personne ne se prend vraiment pour son personnage, s'amuse t-il. Le cosplay, c'est une détente."
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