À Toulon, l'exposition "Remix" montre comment les artistes et designers transfigurent les rebuts du Mobilier national

Quand les plasticiens sont invités à laisser libre cours à leur créativité sur du vieux mobilier déclassé et promis à la casse, tout est possible. C'est à un feu d'artifice d'idées que nous convie l'exposition "Remix", à voir à l'Hôtel des Arts de Toulon.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'entrée de l'exposition "Remix" à l'Hôtel des Arts de Toulon en 2024, avec à gauche "Les Pluies d'argent" de Myriam Mechita (2023, noyer et fonte d'aluminium), et à droite "Relique" de Mattia Bonetti (2023, bois et PMMA). (LUC BERTRAND)

Riche idée qu'a eu le Mobilier national d'inviter les artistes plasticiens et designers à s'emparer des pièces déclassées de ses collections. Depuis trois ans qu'existe ce projet, de véritables merveilles ont été réalisées sur ce mobilier au rebut. Cette année, l'exposition Remix donne à voir une soixantaine de ces pièces jusqu'au 3 novembre 2024, à l'Hôtel des Arts de Toulon, dans le cadre du volet architecture d'intérieur du festival Design Parade organisé par la Villa Noailles.

L'occasion de constater que l'inventivité des créateurs contemporains est sans limites. De fait, carte blanche leur a été donnée pour réinventer ces meubles anciens, rayés des inventaires du Garde-meubles royal, après avis d'un comité scientifique. Ces meubles, que l'on appelle "les aliénés" du Mobilier national, parce qu'ils sont promis à la vente ou à la casse, sont ici totalement repensés, réimaginés, dans leur forme ou leur fonction, et c'est un ravissement souvent très inspirant. Un "upcycling" haut de gamme qui plus est écoresponsable.

Ainsi, un vieux lit d'enfant à barreaux métalliques se mue en ultra-désirable vaisseau onirique, une vénérable table en bois blanc tout entière gainée de plexiglas passe de fatiguée à ultramoderne, un lit en bois massif renaît en double banquette colorée en vis-à-vis, deux chandeliers dorés parés d'un ruban de led fusionnent en un pied de nez amoureux à la nuit…

Passés entre les mains des plasticiens, ces "aliénés" ainsi transfigurés réintègrent d'ailleurs parfois les collections, tant ils ont repris valeur patrimoniale en tant qu'œuvres uniques.

Remarquablement mis en scène par Paul Bonlarron, lauréat du prix Mobilier national du festival Design Parade 2022, voici quelques-unes des pièces qui nous ont bluffés, surpris, enchantés ou inspirés, à la fois par leur rigueur, leur créativité et leur fantaisie.

"L'Enfant roi" (2024) de Mathilde Bretillot recycle un vieux lit d'enfant en banquette phare dans la nuit, comme une invitation au rêve... En collaboration avec Elitis, sponsor tissu ; Martine Pilot, l'échantillon, tapisserie ; Jérémie Tranlé, Atelier Ezeka, métal, tissu, luminaires. (LAURE NARLIAN / FRANCEINFO CULTURE)

Un ovni, une raie manta ou un bureau ? Assurément tout droit sorti de "2001 l'Odyssée de l'espace"... "1880-B.P.M." (2023) est en acajou, plastique et métal, et a été réalisé par Hall Haus durant la seconde campagne des "Aliénés" du Mobilier national. (LUC BERTRAND)

Le côté pile de "1880-B.P.M." (2023) de Hall Haus donne envie de mettre les gaz et est tout aussi rétrofuturiste que le côté face. (LAURE NARLIAN / FRANCEINFO CULTURE)

"Cires perdues" (2024) d'Arthur Hoffner modernise adroitement un double chandelier, faisant dialoguer passé et présent dans un esprit surréaliste. Bronze, stéréolithographie, ruban led, cire. (LAURE NARLIAN / FRANCEINFO CULTURE)

"Missive" (2024) du Studio Brichetziegler, ou comment repenser une vieille table en noyer en élégant secrétaire, en y enchâssant des éléments de sycomore usiné, strié de fines rayures, comme du papier à lettres, réalisées au marqueur Poska argenté (à l'eau). (LUC BERTRAND)

Un lit en bois transfiguré en double banquette en vis-à-vis : "Tête à tête" (2024) d'Alexandre Benjamin Navet, qui a entièrement repeint la façade de l'Hôtel des Arts de Toulon où se déroule l'exposition "Remix". Une pièce travaillée à la peinture et pastel à l'huile. (LAURE NARLIAN / FRANCE INFO CULTURE)

Adorable "Domestique" (2024) de Maximilien Pellet, un rêve à la François-Xavier et Claude Lalanne qui met en joie, réalisé en hêtre, acajou et faïence émaillée. (LAURE NARLIAN / FRANCEINFO CULTURE)

"Conquêtes" (2024) de Camillo Bernal, un paravent inspirant réalisé en noyer, cuir, laiton patiné ciré, gravure sur métal et broderie, en collaboration avec Milo Desch, Charlotte Radtkowsky, Atelier François Pouenat et Roberto Ruspoli. (LUC BERTRAND)

"La Table à gants" (2020) de Laurent de Commines, qui voisine avec une "Table à cravates" jumelle, surprend par son audace graphique et ses couleurs sur une pièce qui conserve néanmoins son côté rétro. Chêne peint, papier, bronze, marbre. (LAURE NARLIAN / FRANCE INFO)

Élégante, douce et aérienne avec ses airs de méduse des cieux, "Yokai" (2024) est signée Tony Jouanneau (Atelier Sumbiosis), en collaboration avec Laure Archambault, marbreuse sur papier bronze, plongé de soie, teinture végétale, carton, bois, led. (LAURE NARLIAN / FRANCE INFO CULTURE)

Table centrale en bois, entièrement parée de clous en laiton patiné. "Élysée" (2024) par Beau Bow Editions (Alexis Mabille). (LUC BERTRAND)

Exposition "Remix, les aliénés du Mobilier national"
À l'Hôtel des Arts de Toulon, jusqu'au 3 novembre 2024
236 boulevard Maréchal Leclerc

Ouverture du mardi au samedi de 11h à 18h (sauf jours fériés), fermé dimanche et lundi.
Entrée libre

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