Décollage supersonique de la vente d'objets du Concorde
Jusqu'à samedi 5 novembre, 1.091 lots, dont 90% sont liés à cet avion mythique, qui a réalisé son dernier vol le 30 juin 2003, sont proposés à l'hôtel de vente Saint-Aubin par des associations. Il s'agit d'instruments de bord (anémomètres, machmètres...), de pièces mécaniques et des souvenirs (maquettes, couverts, menus...). Sur son estrade, le commissaire-priseur Marc Labarde n'a pas besoin d'insister pour faire grimper les prix des lots identifiés "Concorde".
Dès le début, un ensemble de pin's ou un porte stylo partent à 170 euros tandis qu'une maquette en bois s'envole à 700 euros et deux fauteuils à 2.400. Au total, l'ambition est d'atteindre 500.000 euros de gains sur l'ensemble des trois jours. Pour cette première partie d'enchères, seulement une trentaine de nostalgiques, collectionneurs mais aussi designers, ont pris place dans la salle. Ils sont en revanche beaucoup plus nombreux sur internet. "C'est la différence avec la vente en 2007", constate Me Labarde, déjà à l'oeuvre lors de la première opération. Elle avait rapporté "quelque 850.000 euros et financé une partie du musée toulousain de l'aéronautique Aéroscopia".
Reportage : I. Delion, O. Combe, N. Trau
En 2007, 400 personnes remplissaient la salle et 14 téléphones avaient été installés pour les enchères à distance. Cette fois, il y a une centaine de sièges et six téléphones mais plus de 400 inscrits sur le live d'internet, notamment aux États-Unis, Australie, Finlande ou Allemagne.
Décoration d'intérieur
Pour tous les passionnés, une cuvette de toilettes, une aile Delta de soufflerie (qui a aidé à la fabrication de l'aile du Concorde), "une pièce unique et idéale pour la décoration" ou encore les instruments, dont les trois machmètres devraient être parmi les pièces qui s'arracheront le plus, selon le commissaire-priseur. "Le machmètre, même les pilotes du Concorde en rêvent", remarque-t-il, assurant que la plupart des pièces ont un "caractère esthétique remarquable" et peuvent s'inscrire dans de la décoration d'intérieur.Le temps des tentations
Tout spécialement venu de Munich, Daniel Hartinger, 31 ans, a jeté son dévolu sur un lot de bords d'attaque dégivrés. "Cet arrondi d'aile, c'est vraiment typique du Concorde", s'extasie cet Allemand. "Je suis attiré par les tuyaux car je fais de la sculpture", explique pour sa part Chantal Luro, une Toulousaine de 60 ans, avouant "(s)a fascination pour l'avion" que le chanteur Claude Nougaro appelait l'oiseau. "Je ne l'ai jamais pris", déplore la retraitée, décidée à en ramener des petits morceaux pour "décorer (sa) maison".Sylvie Peron, 62 ans, avait la première fois acheté un support d'aile et une pièce mécanique. Cette Tahitienne a une nouvelle fois décidé de joindre l'utile à l'agréable : revenir dans sa ville d'origine et poursuivre sa collection. "Mes parents ont pris le Concorde", explique-t-elle, regrettant l'abandon des vols car le voyage était "plus court" depuis la métropole. "On l'entendait arriver à Tahiti", se souvient-elle.
Stéphane Grosrenaud, 45 ans, est aussi enthousiaste. "Je me laisse emporter", constate cet agent immobilier à Blagnac, dans la banlieue toulousaine. Il avait entouré trois cibles, dont un plan d'évacuation (en vente à partir de vendredi). Mais il a déjà craqué plusieurs fois, notamment pour des étiquettes de bagages: 230 euros ! "Maintenant, j'ai intérêt à en vendre des maisons... à des gens d'Airbus", sourit-il. Quant à Guillaume Corona, 29 ans, il envisageait l'achat d'un menu avec une couverture signée Christian Lacroix, Raymond Moretti, Jean Baggio, ou Jean-François Daramat. Mais, il est déçu par les prix déjà atteints par certains objets : "Je voulais faire un cadeau à mon père passionné par le Concorde. Je ne pensais pas que ça grimperait aussi haut".
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