Salon du meuble de Milan : Philippe Starck réinvente la chaise médaillon, "icône" de Christian Dior
"Quel est l'avenir du design, eh bien il n'y en a pas, parce qu'il faut comprendre que chaque chose a une naissance, une vie et une mort et pour le design ce sera pareil", a indiqué Philippe Starck en marge du Salon du meuble à Milan. Le designer est venu y présenter sa dernière création, une chaise médaillon épurée pour Dior.
Vingt ans après avoir lancé la chaise la plus vendue de la planète, Louis Ghost, de style Louis XVI, Philippe Starck récidive avec une autre inspirée de celle de la même époque qui trônait dans la première boutique fondée en 1947 à Paris par Christian Dior.
"Les chaises, c'est un exercice intéressant parce que c'est très difficile malgré les apparences... légèrement un peu plus facile qu'aller sur la Lune mais pas très loin comme difficulté", a-t-il ironisé dans un entretien à l'AFP à Milan, en marge du Salon du meuble.
Le résultat de ce travail, la chaise baptisée Miss Dior, aux lignes épurées, toute en aluminium, se décline, satinée ou polie, dans plusieurs nuances, à l'instar du chrome noir, du cuivre rose ou de l'or. Clin d'oeil humoristique, l'un des trois modèles comprend un seul accoudoir.
Imaginée par le menuisier français Louis Delanois en 1769, la chaise au dossier ovale sous forme de médaillon, qui a traversé les siècles sans encombre, avait été revue à l'occasion du Salon du meuble en septembre 2021 à la demande de Dior par 17 designers, dont Pierre Yovanovitch et India Mahdavi. C'est dans des chaises médaillon tapissées de cannage et de toile de Jouy que Christian Dior, fondateur de l'entreprise de haute couture décédé en 1957, installait ses invités, dans un décor qu'il qualifiait de "sobre, simple, surtout si classique et parisien".
"Un aluminium très écologique et totalement recyclable"
Pour assurer que la chaise Miss Dior "puisse durer le plus longtemps possible", Philippe Starck indique avoir eu recours à une "matière extrêmement solide, extrêmement technique, un aluminium très écologique et totalement recyclable". "J'ai déshabillé l'icône, c'était long et compliqué", pour arriver à "l'élégance du minimum" intemporelle et à une chaise durable qui "ne pourra pas se démoder". "Christian Dior m'a donné l'opportunité très importante dans ma vie de réussir presque la quadrature du cercle, de faire la chaise ultime, l'icône", a-t-il relevé.
De quelle manière un designer peut-il contribuer à protéger l'environnement ? La réponse de Starck est laconique : "Eh bien, en ne produisant pas". "Et si après il a vraiment quelque chose qui est très utile, quelque chose qu'il sent juste de faire, il faut qu'il interprète son idée avec un minimum de matières et un minimum d'énergie, et il faut de la longévité, mais le mieux c'est vraiment de ne pas le faire".
La nouvelle oeuvre de Philippe Starck fera-t-elle concurrence au bestseller Louis Ghost, la version ultramoderne de la chaise médaillon créée par lui-même pour la marque italienne Kartell, entièrement en plastique transparent ?
"Ce n'est pas du tout la même chose, ce ne sont pas les mêmes prix, ce ne sont pas les mêmes matières, ces chaises sont complémentaires", explique le célèbre designer, ajoutant que "Dior, c'est quand même la haute couture". Si la chaise Louis Ghost est commercialisée aux alentours de 350 euros, il faudra débourser entre 1 700 et 5 000 euros pour acquérir une Miss Dior, selon les versions.
"Je dois satisfaire tout le monde, donc c'est réellement du design démocratique", assure celui qui a toujours affiché son ambition de rendre ses multiples créations accessibles au plus grand nombre.
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