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Elle expose son sexe devant "L'Origine du monde" : "C'est une œuvre d'art réfléchie"

L'artiste luxembourgeoise revient, pour francetv info, sur sa performance, mardi devant "L'Origine du monde" de Gustave Courbet, au musée d'Orsay, à Paris.

Article rédigé par Camille Caldini - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'artiste luxembourgeoise Deborah de Robertis lors de sa performance devant le tableau "L'Origine du monde", au musée d'Orsay (Paris), le 29 mai 2014. (GUSTAVE COURBET / YOUTUBE / FRANCETV INFO)

Elle a été applaudie, puis priée de quitter le musée, raccompagnée par la police. L'artiste luxembourgeoise Deborah De Robertis revient, mardi 3 mai pour francetv info, sur sa performance remarquée, devant L'Origine du monde, de Gustave Courbet, au Musée d'Orsay (Paris). Quelques jours plus tôt, le jeudi 29 mai, la jeune femme, âgée de 30 ans, s'était assise par terre, cuisses ouvertes dévoilant son sexe, sous la toile du maître. Ce qui avait entraîné l'évacuation de la salle par le personnel du musée. 

Francetv info : Comment s'est déroulée votre sortie du musée d'Orsay ?

Deborah De Robertis : Je suis étonnée car personne ne m'a touchée. Les deux gardiennes m'ont juste entourée, alors que le personnel du musée a évacué la salle, en repoussant les spectateurs, sans violence, mais avec un contact physique. Ensuite, la police est venue me chercher. Des policiers m'ont simplement soulevée comme une princesse, pour m'aider à franchir une petite barrière avant de monter dans leur voiture. L'un d'eux m'a demandé si je ne trouvais pas que la scène pouvait être violente pour des enfants. Mais c'est l'intervention de l'autorité qui peut la rendre violente, pas ma prise de position.

Le musée à déposé une plainte, classée sans suite, avec un simple rappel à la loi. Avez-vous parlé au directeur du musée d'Orsay ?

Oui, quand j'étais dans la voiture de police. Le directeur du musée s'est approché pour demander ce qui se passait. Les policiers lui ont expliqué et il a répondu : "Vous auriez dû la remercier", avant de me serrer la main. Il m'a tout de même demandé pourquoi je ne lui avais pas sollicité d'autorisation. Je n'ai pas répondu à sa question, mais je lui ai suggéré de m'inviter pour une prochaine fois.

Revenons à votre démarche artistique. S'agissait-il de prêter un visage à L'Origine du monde ?

C'est difficile à résumer en quelques mots. Je prête mon visage à L'Origine du monde, mais surtout ma voix. Dans la bande-son, je dis que "je suis toutes les femmes". C'est symbolique. Et c'est une démarche réfléchie sur la question de la censure aussi. Gustave Courbet a fait scandale avec L'Origine du monde à son époque (1866). Ces gardiennes qui tentent de me cacher, c'est comme voiler un tableau. Et cela fait partie de la performance. J'avais prévu cette hypothèse, comme j'avais envisagé l'inverse. Il n'y avait pas d'échec possible.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d'exhibitionnisme ?

Sur la définition légale de l'exhibitionnisme, je pense que les lois ne s'appliquent pas à cet acte. Il s'agit d'une œuvre d'art, réfléchie depuis au moins huit ans. Cela n'a rien à voir avec de l'exhibitionnisme, ce n'est pas un acte impulsif. C'est mon regard d'artiste qui compte. L'exhibitionnisme ne parle de rien, ce n'est pas un acte de création.

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