La maison Gainsbourg ouvre aujourd'hui au public : visite en avant-première
Le mercredi 20 septembre, le 5 bis de la rue de Verneuil, à Paris, ouvrira ses portes au public. La légendaire demeure de Serge Gainsbourg était fermée depuis sa mort, en mars 1991. Aucune photo ni vidéo n'est autorisée durant la visite des lieux en avant-première, à laquelle franceinfo a pu assister. Charlotte Gainsbourg, initiatrice de ce projet, veut préserver le mystère et la découverte de ce lieu mythique qui a gardé toute son âme.
La fille de l'artiste a mis du temps à concrétiser l'initiative de faire de l'appartement de la rue de Verneuil un musée. Dix fois, cent fois peut-être, elle a hésité, reculé, temporisé. Cette fois, on y est. Audioguide autour du cou et casque sur les oreilles, vous voilà prêt à entrer dans l’intimité de Gainsbourg et des siens. La voix douce de Charlotte vous prend par la main, la fille de Serge vous invite à pousser une première porte.
"Rien ne semble avoir bougé"
C’est celle qui donne accès à la pièce principale, connue des photographes et de nombre de journalistes. C’est là que Serge y donnait ses interviews. Là aussi qu’il recevait en fin de nuit policiers, chauffeurs de taxi, pour refaire le monde et boire des coups, entre un gigantesque portrait de B.B. et son piano noir Steinway qui n'ont pas bougé.
L’émotion monte d’un cran lorsqu’on parvient dans la cuisine, minuscule, au cachet singulier : le frigo vitré (ou l’on distingue, entre autres, une canette de « Kro »), les bouteilles (vides) de Château Brion 1928 (année de sa naissance), le mini-poste de télévision : rien ne semble avoir été dérangé… Sensation qui vous étreint du début à la fin. Comme si le maître des lieux les avait quittés hier.
Les Repetto blanches, signe de l'élégance gainsbourienne
La montée à l’étage renforce cette impression. Dans le couloir menant au bureau de Serge (avec sa célèbre bibliothèque, si éclectique, si … gainsbourienne), un mini-dressing contenant 5 ou 6 costumes, 4 blue-jeans et chemises en jean estampillées Gainsbarre, et, tout en bas, 4 paires de ses fameuses Repetto blanches qu’il portait (sans chaussette) en toutes circonstances, par tous les temps. Elles sont usées, déformées. Témoins organiques de la vie chaotique de l’artiste. À chaque pièce, son lot d’anecdotes, impliquant Serge, bien sûr, mais aussi Jane Birkin, Kate Barry (fille de Jane) ou Bambou, pudiquement dévoilées par la voix (émue et émouvante) de Charlotte. Qui partage là de multiples petits morceaux de vie gravés dans sa mémoire depuis l’enfance, sons d’ambiance d’époque à l’appui.
Les confidences de Charlotte
Du lustre de la salle de bain, qui lui servait de repère pour sa croissance, à la chambre aux murs sombres de son père. Récit précis, presque clinique de ce triste 2 mars 1991 où Serge fut retrouvé inerte sur son lit, côté gauche. Récit de ce temps qui lui sembla infini, durant laquelle elle s’allongea à ses côtés, en compagnie de Kate, sa demi-sœur et de Bambou, percevant, à travers les volets fermés les voix des fans, qui entonnaient en chœur "Je suis venu te dire que je m’en vais" …
Le défi était grand : comment adapter à la visite cette maison de poupée, où la taille des pièces en surprendra sans doute plus d’un ? De ce point de vue là aussi, c’est une réussite totale. Les barrières de verre, installées à l’entrée de chaque pièce, sont discrètes et n’entravent rien.
Vous ressortez de l’endroit un peu groggy, forcément un peu chamboulés. Et vous avez envie de dire à Charlotte : "bravo, ça valait le coup d’attendre !".
La Maison de Serge Gainsbourg est ouverte à la visite à partir du 20 septembre sur réservation. C’est complet jusqu’à fin décembre. D'autres créneaux de réservation devraient être proposés sur Maison Gainsbourg
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