Explorer le son, du Big Bang à nos jours, une exposition innovante et ludique à New York
S'interroger sur les expériences sonores et auditives
Le Rubin Museum of Art, qui se consacre depuis 13 ans à l'Inde et à l'Himalaya, sort du carcan visuel traditionnel de la plupart des expositions pour solliciter plutôt les oreilles de ses visiteurs.Le musée invite les visiteurs à s'interroger sur leurs expériences sonores et auditives : l'histoire du son mais aussi les traditions qui s'y rattachent. Organisé en cycle de vie : de la naissance à la mort, l'exposition explore plusieurs dimensions du son. Les visiteurs sont aussi invités à découvrir une nouvelle façon de concevoir leurs activités culturelles : "Entendre" des peintures ou des sculptures, se concentrer profondément sur un son. Le défi est grand : proposer une nouvelle façon de penser la sonorité.
Le mantra "Aum"
L'exposition présente quelques objets anciens mais elle se concentre surtout sur le son en mettant à disposition des écouteurs et des panneaux tactiles.Le temps fort de la visite est une représentation de "Om" (aussi "Aum"), mantra sanskrit sacré de l'hindouisme et du bouddhisme considéré comme le son originel symbolisant la naissance de l'univers.
En prévision de l'exposition, le musée a invité pendant des mois ses visiteurs à fredonner "Om" dans un petit studio d'enregistrement. Il a collecté 10.000 fichiers et, grâce à un logiciel, les a fondus ensemble pour faire un "Om collectif" d'une heure qui s'élève sans interruption dans une salle de méditation équipée de son en 3D.
L'exposition présente quelques objets anciens mais elle se concentre surtout sur le son en mettant à disposition des écouteurs et des panneaux tactiles.
Des artistes à contribution
Les organisateurs de l'exposition ont aussi demandé à des artistes d'imaginer le son du Big Bang, cette soudaine expansion de matière qui a donné naissance à l'univers.L'artiste d'origine taïwanaise C. Spencer Yeh, chargé de ce projet, a donné aux artistes des directives assez vagues. Il a été surpris lorsqu'il a réalisé que la plupart avaient choisi d'utiliser la voix.
Lui-même a imaginé un trio de 45 voix numérisées prononçant les lettres "A", "U" et "M", qui s'entremêlent. Samita Sinha, née à New York , a conçu une oeuvre à partir de la récitation de l'alphabet hindi. Quant à l''Américain Jules Gimbrone, il a enregistré plusieurs fois la lecture d'un texte à travers un bac d'eau salée de 1,2 mètre, jusqu'à ce que la voix soit rendue méconnaissable.
Invitation à la réflexion
"Nous partons du principe que la musique peut nous faire pleurer, et peut nous faire rire, et peut nous faire danser, et peut nous faire avoir des relations sexuelles, et peut nous faire aller dans un stade avec 100.000 personnes pour nous époumoner", relève le chanteur américain Moby, connu pour son électro sombre, dans un entretien faisant partie intégrante de l'exposition.
"La chose fascinante avec le son est qu'il n'a jamais été créé", ajoute-t-il."Il n'existe pas de son matériel". L'exposition invite donc les visiteurs à découvrir, jouer mais aussi à se questionner.
Par exemple, qu'entend-on dans l'espace intersidéral? Rien car il est totalement silencieux faute d'atmosphère pour porter les vibrations du son.
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