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Fred Forest le rebelle au Centre Pompidou

L'exposition sur Fred Forest retrace la vie d'un rebelle qui a toujours combattu les institutions. Mais "l'homme-média", comme il est surnommé, est aussi un grand théoricien artistique qui a su profiter de l'essor des nouveaux médias pour nourrir sa réflexion sur la perception de la réalité, espace et temps. Il est à retrouver au Centre Pompidou jusqu'au 28 août.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Fred Forest en 2000 à Paris lors de la mise en vente d'un site internet. Sur le catalogue de la vente, le site apparaissait comme une oeuvre d'art à part entière. 
 (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Reportage France 3 Paris Île-de-France Y. Dorion / L. Simondet / A. Sfez

"Territoire m²"

Cette exposition retrace le parcours de l'artiste français le plus contestataire. L'une des premières étapes est l'invention de son m² participatif. Dans un espace défini, il donne 1m² à qui en émet le souhait. Concrètement, chacun est libre de venir faire ce que bon lui semble dans son espace de liberté. Ainsi, on retrouve des chanteurs et musiciens, mais aussi des poètes. Plus surprenant,  des super-héros font aussi le déplacement pour faire une performance. 

J'ai envisagé mon petit territoire comme celui du dojo. Je suis donc entré en saluant et ressorti en saluant.

Julien, judoka


Fred Forest, artiste résistant

"Je t'aime, moi non plus."" L'homme-média", comme il est surnommé, ne s'est pas seulement construit à travers les expositions et les performances dans la rue. Il a aussi longtemps été en conflit avec plusieurs institutions et musées. Son record : 20 ans de procès avec le Centre Pompidou. Les premiers griefs sont apparus en 1994, lorsque Fred Forest demande le prix d'achat d'une création de Hans Haacke datant de 1971. On parle alors d'un montant de 1,2 millions de francs (environ 230 000 euros). Mais l'artiste n'en reste pas là. Il demande ensuite que le prix de toutes les oeuvres achetées par le musée à partir de 1985, soit révélé. Il est finalement débouté de son procès. Rebelote en 2011. Il adresse une lettre à Alain Seban, alors président du Centre Pompidou, pour qu'il dévoile les tarifs de la performance de Tino Sehgal. Là encore, il n'obtiendra pas le montant. 

Ces actes de résistance ne sont pas restés impunis. En 2012 lors de l'exposition "Video Vintage 1963-1983", Fred Forest est "oublié". L'artiste réclame ensuite une exposition "aux vues de ses états de service". Qu'il obtient donc aujourd'hui. L'affaire pourrait en rester là mais il déplore les conditions qu'on lui impose.  

Ils m’ont fait signer une décharge car je dois prendre en charge l’assurance de l’exposition, payer les gardiens. Et ils ne font pas le catalogue. J’ai investi mes économies, 25 000 euros, dans l’exposition.

Fred Forest, Le Monde

Fred Forest, un précurseur artistique

Peintre puis dessinateur pour les journaux Combat et Les Échos au milieu des années 1960, Fred Forest est l'un des premiers à appréhender le potentiel des nouveaux médias et des technologies de la communication. Dès 1967, il est un des pionniers de l'art vidéo. Sommairement, une télévision faite par des artistes qui visent les mêmes buts esthétiques que l'art contemporain. Tout en apportant une dimension réflexive et expressive. En 1996, il s'intéresse au Net.art, en proposant les mêmes pistes de travail que l'art vidéo, mais sur Internet. La particularité de ces deux courants est de mettre le spectateur à contribution.

À noter qu'il est aussi le cofondateur de deux mouvements artistiques : l'art sociologique (1974) et son prolongement, l'esthétique de la communication (1983). Ces deux écoles ont pour but de montrer en quoi les nouvelles technologies de communication et de transmission modifient notre rapport au réel, au temps et à l'espace. 

Pour le moment, l'exposition est à retrouver jusqu'au 28 août. A moins que Fred Forest ne gagne son nouveau bras de fer, et la fasse prolonger. 

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