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J’aime les panoramas

Les panoramas sont affaire de contemplation, certes, mais également d’appropriation, de domination, voire d’aliénation.
Article rédigé par franceinfo
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Massifs de montagne ou côtes méditerranéennes, certains lieux ont la faculté d’offrir à leurs visiteurs des points de vue privilégiés qui procurent le sentiment de dominer le monde, de le posséder voire de s’y dissoudre.

Le mot « panorama » naît une première fois en Angleterre en 1787. Il désigne alors une construction circulaire au centre de laquelle le spectateur se place pour découvrir un paysage ou une scène historique, reproduits de façon illusionniste et qui se déploient autour de lui, à 360°. Il apparaît sous un autre jour, en France, en 1830, où il devient simplement l’expression d’un large paysage, d’une vue étendue. Puis son sens rebondit pour devenir la succession d’images qui se présentent à la pensée comme une vision complète ou l’étude quasi exhaustive d’un sujet…

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Ces différentes acceptions traduisent bien tout ce qui se trouve en substance dans le phénomène panoramique : le rôle central du regard, une certaine appropriation du monde qui en découle, le sentiment de dominer une situation par la simple vision large et entière que l’on peut en avoir… En donnant l’illusion de la réalité au point de parfois la concurrencer, les différentes formes de panoramas posent de fait la question de la construction du regard.

L’exposition J’aime les panoramas, fruit d’une étroite collaboration entre les Musées d’Art et d’Histoire de Genève et le MuCEM, à Marseille, cherche à montrer comment la notion de panorama dépasse les catégories habituelles de la représentation (beaux-arts, art contemporain, photographie, cinéma, industrie, pratiques amateur…). Issue d’une logique scientifique et militaire avant d’être accaparée par la société du spectacle, l’expérience panoramique pose la question de notre rapport au monde ou au paysage, maîtrisé ou inconnu, au tourisme de masse, à la consommation de points de vue formatés, à l’image comme source de divertissement.

Du premier dessin de panorama déposé par l’inventeur américain Robert Fulton à l’Institut national de la propriété intellectuelle de Paris, en 1799, à 360° room for all colours, de l’artiste danois Olafur Eliasson, réalisé en 2002, l’exposition propose un éventail chronologique large. En réunissant des œuvres d’artistes tels que Jeff Wall, Peter Greenaway, David Hockney, Vincent Van Gogh, Gustave Courbet, Gerhard Richter, Jan Dibbets, François Morellet, Ellsworth Kelly, elle souligne la diversité des propositions artistiques influencées ou marquées par la notion de panorama.

Des relevés photographiques des Alpes à ceux des champs de bataille en passant par les papiers peints, les cartes postales ou les films, registres, médiums et univers se mélangent et renouvellent le regard que nous portons sur le monde et sur la fonction du spectateur.

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Naissance d’une exposition

Cette exposition est née d’un quiproquo autour de la réplique « J’aime les panoramas », prononcée par Jean Dujardin dans le film de Michel Hazanavicius, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions. Ces quatre mots ont immédiatement cristallisé par sérendipité les principaux axes de réflexion autour de la notion de panorama. Cette phrase apparaît en effet d’une part comme un lieu commun que tout un chacun pourrait prononcer devant n’importe quel paysage, évoquant contemplation, insouciance et plaisir. D’autre part, le fait que cette parole soit prononcée devant le canal de Suez, en 1955, un an avant sa nationalisation et les conflits subséquents, témoigne de la potentielle dimension géopolitique de toute entreprise destinée à proposer une vision englobante de la réalité. Les panoramas sont affaire de contemplation, certes, mais également d’appropriation, de domination, voire d’aliénation.

La richesse et les paradoxes du sujet se sont imposés en même temps que se sont révélés les intérêts d’un partenariat entre un musée d’art et d’histoire et un musée de civilisations. Chacun apportant sa propre appréhension du savoir, de l’objet, de l’œuvre ; sa perspective depuis des villes comme Genève, ouverte sur des panoramas alpins, et Marseille, dont la géomorphologie offre de nombreux points de vue maritimes. Au fil du projet, il a été amusant de constater que le 100e des cent escaliers conçus par Peter Greenaway pour son opération Stairs 1, à Genève en 1994, devait être installé à proximité de l’embouchure du Rhône, à Marseille ou non loin.

 

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Parcours de l’exposition

L’exposition J’aime les panoramas est articulée selon six sections qui proposent une lecture de six thèmes liés à l’exploration de la vision panoramique :

I. Le dispositif panoramique

II. Le panorama comme relevé

III. La construction du point de vue

IV. Le panorama comme récit

V. Le panorama comme substitut

VI. L’homme face au grand paysage

 

 

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