"Jean Gabin : la guerre, c'est pas du cinéma" : dans la Manche, le Normandy Victory Museum met à l'honneur l'engagement militaire peu connu de l'acteur
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Jean Gabin redevient Jean Moncorgé, engagé en 1943 dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, alors qu'il est installé aux Etats-Unis depuis deux ans. "Sans doute le rôle qui l'a rendu le plus fier" selon son biographe et commissaire de l'exposition Patrick Glâtre. Des dizaines d'objets personnels de l'acteur, des photos et des archives inédites sont exposés au Normandy Victory Museum de Carentan, dans la Manche pour retracer cet épisode peu connu de la vie de Jean Gabin.
Un parcours militaire que l'acteur a tenu secret pendant longtemps. Même son fils, Mathias Moncorgé, qui présente cette exposition, n'a pas su grand chose de cet épisode de la vie de son père, disparu en 1976. "Moi j'ai su tout cela après. À la maison, on ne parlait pas de ça" précise-t-il. En 1941, Jean Gabin, déjà très célèbre grâce à son rôle dans Le quai des brumes de Marcel Carné, décide de partir aux États-Unis pour ne pas être contraint de tourner pour les Allemands. Malgré quelques rôles outre-Atlantique, l'acteur ne rêve pas d'une carrière à Hollywood. Il vit alors avec Marlène Dietrich, mais en 1943, il s'engage dans la marine nationale. "Avant de partir, il a offert à Marlène des boucles d'oreilles et un collier en diamants ainsi que les quatre tableaux qu'il possédait, persuadé qu'il ne reviendrait pas, qu'il allait mourir comme tous les autres" raconte son fils.
Plus vieux chef de Char de la France libre
Après quelques aventures qui ont failli lui coûter la vie, Jean Gabin arrive à Casablanca où il rejoint la célèbre 2e division blindée du général Leclerc. Il prend les commandes du char le Souffleur II. En 1945, il participe à la libération de la poche de Royan et se rendra en Allemagne au Nid d'Aigle, l'un des refuges d'Hitler.
Décoré de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre, il est à la libération, à 41 ans, le plus vieux chef de char de la France libre. Toujours dans un souci de discrétion, il refuse de participer aux célébrations sur les Champs-Élysées et observera la cérémonie depuis le balcon d'un hôtel. "Il a sans doute eu peur qu'on le reconnaisse et que l'on voit Jean Gabin défiler, alors que c'est Jean Moncorgé qui a combattu" précise Patrick Glâtre.
L'après-guerre
Revenu profondément changé de la guerre et avec les cheveux blancs, Jean Gabin refusa ensuite d'incarner un soldat à l'écran. Mais il se remit rapidement au travail et connut de nouveau de nombreux succès.
À sa mort en 1976, si la foule se presse au crématorium du Père-Lachaise, c'est bien en mer que les cendres de Jean Gabin seront dispersées lors d'une cérémonie officielle à Brest. Les honneurs de la Marine nationale à celui qui a toujours dit son admiration à ce corps de l'armée.
Exposition Jean Gabin : la guerre, c'est pas du cinéma - jusqu'au 5 novembre 2023, Normandy Victory Museum - Parc d'activités La fourchette 50500 Carentan-les-Marais - ouvert tous les jours de 10h à 18h30
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