Cet article date de plus de cinq ans.

Jeff Koons condamné pour avoir contrefait le cochon Naf-Naf

Le tribunal de grande instance de Paris a condamné jeudi le célèbre plasticien américain Jeff Koons. Il était accusé d'avoir contrefait une publicité pour les vêtements Naf-Naf représentant le fameux petit cochon de la marque, dans une oeuvre brièvement exposée à Paris en 2014.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le plasticien Jeff Koons en Norvège en 2018.
 (AASERUD, LISE / NTB SCANPIX MAG / NTB SCANPIX/AFP)
L'artiste controversé, sa société Jeff Koons LLC et le Centre Georges Pompidou, qui a exposé lors d'une rétrospective la sculpture en porcelaine du plasticien, ont notamment été condamnés à verser solidairement 135.000 euros de dommages et intérêts au publicitaire Franck Davidovici, concepteur du visuel "Fait d'hiver" pour Naf-Naf.  Le tribunal a par ailleurs condamné la société Jeff Koons LLC à payer 11.000 euros à Franck Davidovici pour avoir reproduit la sculpture sur le site internet de l'artiste. L'éditeur Flammarion a quant à lui été condamné à verser 2.000 euros de dommages et intérêts pour avoir commercialisé un livre reproduisant l'oeuvre. Le tribunal n'a en revanche pas ordonné la confiscation de la sculpture, comme le réclamait Franck Davidovici. 

Jeff Koons accusé de contrefaçon

Directeur de création pour la publicité de Naf-Naf, Franck Davidovici estime que la sculpture en porcelaine "Fait d'hiver", créée par Jeff Koons en 1988, est une "copie servile" de son visuel du même nom. Il avait été conçu pour la marque de prêt-à-porter et paru dans la presse trois ans plus tôt. La défense du plasticien américain met, elle, en avant le droit à l'appropriation, au nom de la liberté d'expression artistique. Jeff Koons "ne nie pas s'être inspiré de la publicité "Fait d'hiver", bien au contraire car c'est le propre de sa démarche artistique", avait avancé son avocat Emmanuel Baud à l'audience. Mais "c'est une oeuvre autonome, entière, originale, (...) dont le message est radicalement différent de l'oeuvre première, qui est de vendre des vêtements", avait-il insisté.  
L'oeuvre de Jeff Koons accusée de plagiat par le créateur des publicités Naf-Naf, exposée chez Christie's en 2007.
 (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Du petit cochon doté d'un tonnelet de Saint-Bernard autour du cou à la même jeune femme brune aux cheveux courts, allongée dans la neige dans la publicité, "tout est reproduit à l'identique dans l'oeuvre de Koons, à l'exception de quelques différences: un collier de fleurs et deux pingouins pour rappeler que c'est la neige", avait souligné à l'audience, le 24 septembre, Jean Aittouares, l'avocat de M. Davidovici. Il a assigné Jeff Koons, sa société, ainsi que le Centre Pompidou qui a exposé la sculpture lors d'une rétrospective fin 2014 avant de la retirer. Il poursuit également l'éditeur Flammarion qui a reproduit l'oeuvre dans un ouvrage et la Fondation Prada, sa propriétaire. 

Des antécédents pour plagiat

Le publicitaire réclamait près de 300.000 euros de dommages et intérêts, ainsi que la confiscation de la sculpture elle-même. Cette sculpture de 1988, pièce de la série "Banality", avait "contribué à faire de Jeff Koons ce qu'il est aujourd'hui, l'un des artistes contemporains les plus chers du monde", avait argumenté Me Aittouares.  Cette série "Banality" a valu à l'artiste controversé plusieurs poursuites judiciaires pour plagiat. Le TGI de Paris avait condamné en mars 2017 la société de Jeff Koons et le Centre Pompidou à verser des dommages et intérêts aux ayants droit d'un photographe français, auteur d'un cliché contrefait par le plasticien américain dans son oeuvre "Naked" (Nus).

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.