Joséphine, impératrice et amatrice d'art, au musée du Luxembourg
"Nous montrons tout ce qu'elle a aimé, ses collections de peintures, de sculptures, d'arts décoratifs, de botanique afin que le public se fasse d'elle une autre idée que celle souvent véhiculée de la femme légère qui allait d'amant en amant", explique à l'AFP Amaury Lefébure, commissaire de l'exposition
"Joséphine a trompé Bonaparte, notamment avec un officier des hussards, mais moins qu'on ne l'a dit. Et Napoléon l'a beaucoup trompée", ajoute Amaury Lefébure, directeur du musée national de la Malmaison, le château de Joséphine. "Après 1800, elle comprend qu'elle doit faire attention, qu'elle est en représentation et elle rentre dans son rôle", ajoute-t-il.
Un destin d'exception, de la Martinique au Paris de la Révolution
C'est la première fois que Joséphine (1763-1814) fait l'objet d'une exposition monographique en France, les autres ayant été thématiques. Celle-ci insiste sur le destin d'exception de Joséphine. "Je sens que je n'étais pas née pour tant de grandeur" écrit-elle en 1802. Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie est née à la Martinique dans une famille de planteurs aristocrates. Ses parents l'appellent Rose ou encore "Yeyette". C'est Napoléon Bonaparte qui la rebaptisera Joséphine au moment de l'épouser.
A seize ans, elle rejoint Paris pour se marier avec le militaire Alexandre de Beauharnais. Le couple a deux enfants, Eugène et Hortense, mais il s'entend mal et se sépare. Alexandre de Beauharnais s'engage pour la Révolution. Il est arrêté sous la Terreur et exécuté en 1794. Son épouse est également incarcérée cette année-là pendant plus de trois mois. Elle échappe de peu à la guillotine grâce à la chute de Robespierre.
Une impératrice très représentée à son époque
Par son amie Mme Tallien, Joséphine rencontre l'influent Barras, qui lui présente Bonaparte. "Habile, cette femme de tête a su se sortir de toutes les situations difficiles où elle était plongée", souligne Amaury Lefébure. Bonaparte, qui a six ans de moins que Joséphine, tombe amoureux. Il l'épouse en 1796 et part aussitôt mener la campagne d'Italie. "Joséphine n'est pas vraiment jolie. Mais elle a beaucoup de charme, un corps très bien proportionné, un magnifique regard plein de douceur, une aisance à parler", selon le commissaire de l'exposition.
L'exposition présente une série de statues et de portraits de Joséphine, qui a été très représentée à son époque. Le plus émouvant -car le plus proche de la véritable Joséphine- est sans doute l'étude d'après nature réalisée par David en vue du tableau où elle se fait couronner impératrice par Napoléon en 1804. Sur le tableau final, elle apparaît très rajeunie.
Joséphine, amatrice d'art et d'arts décoratifs
Joséphine est d'une grande élégance et pour cela elle dépense sans compter : robe et manteau de cour, souliers en taffetas brodé, bijoux de pierres précieuses en donnent une petite idée. L'impératrice a du goût pour les arts décoratifs, le mobilier réalisé par les meilleurs ébénistes, la vaisselle de Sèvres. A la Malmaison, achetée en 1799, elle s'entoure de peintures et de sculptures notamment d'Antonio Canova.
L'exposition illustre ainsi le rôle qu'a joué l'impératrice dans la constitution du style de l'époque consulaire et impériale.
Remise à l'honneur par Napoléon III
Mais elle ne peut plus avoir d'enfant et Napoléon décide de la répudier. Joséphine, en larmes, doit lire publiquement une déclaration de consentement au divorce en 1809. Elle garde la Malmaison et des revenus substantiels. Elle meurt des suites d'une angine en 1814 alors que Napoléon est exilé à l'Ile d'Elbe.
Napoléon III remettra sa grand-mère à l'honneur en commandant au sculpteur Gabriel Vital Dubray des statues de Joséphine. Il était le fils d'Hortense, la fille de Joséphine et d'Alexandre de Beauharnais, et de Louis Bonaparte, frère de Napoléon.
Une de ces statues, installée à Fort-de-France, a été décapitée en 1991. "On peut lui reprocher, en tant que créole d'avoir manqué de clairvoyance et de n'avoir pas su comprendre la douloureuse question de l'esclavage, dont sa famille a profité", convient Amaury Lefébure. "Mais je regrette qu'elle soit devenue le symbole de l'esclavagisme pour certains."
Joséphine, Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
Tous les jours (sauf le 1er mai) 10h-19h30, nocturne le lundi jusqu'à 22h
Tarifs : 11€ / 7,5€, gratuit pour les moins de 16 ans
Du 12 mars au 29 juin 2014
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