L'univers pop-électro déjanté de Björk au MoMa de New York
La rétrospective Björk s'ouvre dimanche 8 mars et dure jusqu'au 7 juin. Le MoMa, temple du Pop Art si l'en est, ambitionne non seulement d'illustrer la carriÚre largement expérimentale de l'Islandaise, mais aussi d'offrir un précédent à d'autres musées en multipliant les supports, tout en prenant le visiteur par la main.
Un rĂ©cit biographique imaginaire de Björk dans les oreillesÂ
L'exposition propose une déambulation onirique sur deux étages à travers les huit albums solos de l'ancienne chanteuse des déjantés Sugarcubes. Chaque visiteur a droit à un casque audio qui débite un récit biographique (imaginaire) de Björk censé mettre sa musique en exergue.
Le narrateur, Antony, le chanteur au timbre chaud d'Antony and the Johnsons, incite à la réflexion à chaque tableau qui compose cette fresque écrite par le poÚte islandais Sjon. Au coeur de l'intrigue : une fillette née dans les sables noirs qui se lance dans la défense des plus faibles.
Les carnets sur lesquels Björk a couché ses pensées sont aussi de la partie. "Je ne me reconnais pas/ C'est trÚs intéressant", note-t-elle sur une page - des paroles ensuite reprises dans la chanson "Headphones". Plus prosaïquement, l'exposition propose les tenues les plus extravagantes de Björk, comme la "robe-cygne" blanche qu'elle avait portée pour la remise des Oscars en 2001, ou des "instruments" utilisés par l'artiste, à l'instar de cette bobine Tesla, un transformateur électrique qui a fait son apparition dans l'album "Biophilia" en 2011.
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Casser les rĂšgles
"Björk nous a demandé de repousser les limites de la technologie et du son, mais surtout de ce que nous pouvions faire dans le cadre d'une exposition", a expliqué à la presse Glenn Lowry, directeur du MoMa, quelques jours avant le vernissage. "Je pense que la seule rÚgle à respecter était de casser les rÚgles", a-t-il ajouté, qualifiant l'exposition de "compliquée, exaltante". "C'est l'un des projets les plus intéressants sur lesquels j'ai eu la chance de travailler."
Klaus Biesenbach, l'un des responsables du MoMa, raconte que Björk lui a demandé pour préparer l'exposition de la considérer comme une "musicienne, une chanteuse et une compositrice". "Est-ce que le MoMa peut créer une exposition dans laquelle la musique constitue une véritable expérience, comme la peinture en est une ?" Et Klaus Biesenbach d'espérer que cette rétrospective ne reste pas un événement éphémÚre, mais bel et bien un "instrument" qui pourra, à plus long terme, servir de modÚle à de futures expositions.
S'il est difficile de priver Björk du titre d'artiste novatrice, les tenants d'une certaine orthodoxie en matiĂšre d'art visuel ne manqueront pas de s'interroger sur le bien-fondĂ© de cette exposition qui accorde tant d'espace du prestigieux MoMa Ă une musicienne de 49 ans. D'autant que la rĂ©trospective peut parfois tourner Ă l'hagiographie. Les photos, et mĂȘme des mannequins Ă l'effigie de la star sont omniprĂ©sents.
Concerts intimistes
Lors de la présentation à la presse le 3 mars, Björk, qui a travaillé plusieurs années sur l'exposition, est apparue furtivement et s'est contentée de remercier le MoMa, avant la projection du clip de sa chanson "Black Lake". Le titre est tiré de "Vulnicura", le dernier album de la chanteuse, celui de sa rupture avec son compagnon Matthew Barney, un artiste contemporain dont plusieurs oeuvres font partie de la collection... du MoMa.
Mais pour prouver que son travail n'est pas figé, Björk va accompagner l'ouverture de l'exposition qui lui est consacrée de plusieurs concerts intimistes à et autour de New York avec une premiÚre date prévue samedi au célÚbre Carnegie Hall.
Exposition Bjork au MOMA de New York
Du 8 mars au 7 juin 2015
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