La gare de Perpignan célèbre la performance surréaliste de Salvador Dalí
Le 27 août 1965, c'est en tenue de "Grand Amiral", moustache patinée et canne en main, que le peintre catalan a fait œuvre de "résurrection" dans la petite ville proche de Céret avant de rejoindre Perpignan et de traverser la ville en calèche. Accompagné de sa femme Gala, qu'il a pour l'occasion à nouveau demandée en mariage, l'artiste provocateur avait un jeune ocelot sur les genoux et des lunettes de mouche sur les yeux.
Célébration d'une "extase cosmogonique"
Dalí proclama alors publiquement son amour pour la gare, un modeste bâtiment où il avait éprouvé selon ses écrits une "véritable éjaculation mentale" en septembre 1963, atteignant une "extase cosmogonique" qui lui fit voir "la constitution de l'univers". S'il ne reste plus grand chose de ce happening exubérant et exhibitionniste dans les rues de cette ville des Pyrénées-Orientales, la mairie et une poignée de "daliniens" entendent célébrer cet anniversaire jeudi 27 août avec une série d'évènements."La cocotte du centre du monde commence à mijoter" dès les années 1950, raconte Lluis Colet, volubile président de "l'Association des amis du centre du monde", qui détient toujours le record du "discours le plus long du monde" (124 heures) prononcé en gare de Perpignan. Revenu des États-Unis en 1948, en pleine époque franquiste, Dalí partage sa vie avec Gala à Port Lligat près de Cadaquès, en Espagne.Mais c'est par Perpignan qu'il fait transiter ses œuvres avant de les expédier à travers le monde.
Dalí, peintre mystique et matérialiste
"Il y a le côté matérialiste, car avec ses oeuvres, c'est une fortune qui s'en va à la conquête de l'Europe", estime Lluis Colet. Il rappelle que le théoricien surréaliste André Breton avait affublé Dalí du surnom "Avida dollars". En 1939, Dalí a d'ailleurs été exclu du mouvement surréaliste, Breton lui reprochant notamment son goût de l'argent et son ambiguïté politique."Mais il y a aussi le côté mystique de Dalí, que l'on découvre dans les années 50", poursuit Lluis Colet, ainsi que son attachement à ce "morceau de Catalogne" en terre française. A travers sa méthode de "paranoïa critique", Dalí élaborera tout un tissu de symboles à partir de références historiques et scientifiques autour de ce lieu. Il peindra alors un tableau monumental, "La gare de Perpignan" ou "Pop, op, yes-yes, pompier", aujourd'hui exposé au musée Ludwig à Cologne, en Allemagne.
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