La vente aux enchères d'un masque africain rarissime jugée conforme par la justice française

Le tribunal a estimé que les propriétaires initiaux du masque n'avaient "fait preuve d'aucune diligence pour apprécier la juste valeur historique et artistique du bien".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un masque Fang avant sa mise aux enchères à Montpellier (Hérault), le 24 mars 2022. (PASCAL GUYOT / AFP)

La vente aux enchères d'un rarissime masque sculpté africain pour 4,2 millions d'euros, initialement acheté 150 euros par un brocanteur à un couple d'octogénaires, a été validée mardi 19 décembre par le tribunal d'Alès (Gard) et l'Etat gabonais. Le tribunal a estimé que les propriétaires initiaux du masque, un greffier à la retraite de 88 ans et son épouse de 81 ans, n'avaient "fait preuve d'aucune diligence pour apprécier la juste valeur historique et artistique du bien".

"Leur négligence et leur légèreté caractérisent le caractère inexcusable de leur demande", ajoute la décision, qui rejette leur demande de pouvoir annuler la vente et de récupérer le montant payé par l'acheteur, resté anonyme. Ce couple avait fait appel à un brocanteur pour se débarrasser des vieilleries accumulées dans leur résidence secondaire du Gard. Parmi ces objets apparemment sans valeur se trouvait un masque en bois sculpté ayant appartenu à un aïeul, ancien gouverneur colonial en Afrique, qu'ils ont bradé 150 euros en septembre 2021.

L'Etat gabonais débouté

A l'occasion d'une vente d'objets d'art africain, le brocanteur avait pris attache avec l'Hôtel des ventes de Montpellier (Hérault). Ce dernier en avait estimé la valeur entre 300 000 et 400 000 euros, après des analyses poussées ayant permis de dater ce masque Fang du XIXe siècle. Le tribunal a estimé qu'il n'était pas démontré que le brocanteur, "antérieurement à la vente, (...) avait connaissance de la valeur singulière du masque vendu".

Les premières estimations demandées par le brocanteur étaient entre 100 et 600 euros. Il avait fixé le prix du masque "en s'appuyant sur des sites internet dédiés" et sur des avis de commissaires-priseurs "qui ne voulaient pas de l'objet", avait précisé son avocate lors du procès, soulignant que son client "n'est pas un professionnel de l'estimation ni de l'art africain". Le brocanteur "n'avait aucune connaissance spécifique en matière d'art africain", a confirmé le tribunal dans son jugement. Intervenue à l'audience pour réclamer l'annulation de la vente et le rapatriement du masque, la République gabonaise a vu sa demande jugée irrecevable par le tribunal.

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