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La vie de Marie-Antoinette, icône japonaise, exposée à Tokyo

La France offre aux Japonais, fascinés par le goût des arts et le destin tragique de Marie-Antoinette, la première grande exposition retraçant toute sa vie jamais donnée à l'étranger. Ainsi, l'épouse de Louis XVI se retrouve-t-elle au 52e niveau d'une tour de verre et d'acier de Tokyo jusqu'au 26 février 2017.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Une visiteuse devant les portrait de Louis XVI et de Marie-antoinette à l'exposition "Marie-Antoinette, une reine à Versailles" au Mori Arts Center  Gallery, à Tokyo (2016-2017)
 (BEHROUZ MEHRI / AFP)

"Elle représente la culture resplendissante et la vie luxueuse de son époque, ce qui est pour nous Japonais vraiment fascinant", dit Machiko Osugi, 67 ans, après sa visite de l'exposition. Et puis, confie timidement cette femme au foyer à l'élégance discrète, cette escapade matinale est aussi la consolation d'une  visite de Versailles, rêvée il y a 40 ans, mais qui n'a jamais eu lieu.

Elle a ainsi pu voir les objets dont s'était entourée cette amatrice d'art, les porcelaines de Sèvres, les laques japonaises, son mobilier, sa chambre, ses vêtements, une multitude de tableaux d'elle et de ses proches.

Portrait de Marie-Antoinette par Marie Louise Elisabeth Vigee Lebrun - 1785 - Collection privee
 (Leemage)

Héroïne tragique

"Les Japonais aiment Versailles et singulièrement Marie-Antoinette", résume  Catherine Pégard, présidente de l'établissement public du Château de Versailles. "Il est très emblématique que pour la première fois on envoie autant d'œuvres (quelque 200) à l'étranger pour une exposition consacrée à Marie-Antoinette et qui traverse toute sa vie".

C'est seulement la quatrième grande rétrospective consacrée depuis sa mort à l'épouse de Louis XVI, guillotinée le 16 octobre 1793, précise-t-elle, les  trois premières ayant eu lieu en France.

"Les Japonais aiment depuis longtemps les héroïnes tragiques. Pour le peuple japonais, Marie-Antoinette, avant d'être l'épouse de Louis XVI, est considérée comme une héroïne sacrifiée. Cela a beaucoup frappé l'imagination", estime Keizo Hanaoka, producteur d'expositions auprès de Nippon TV.

"Elle représente bien évidemment une héroïne tragique, mais ce que je retiens et ce qui me plaît chez elle c'est la tendresse qu'elle avait pour ses  enfants", dit Fusako Okuyama, 43 ans, employée de bureau venue au premier jour  de l'exposition.

"C'est précisément sur ce point qu'elle est attaquée au cours de son procès, jusqu'à l'accusation terriblement odieuse d'inceste. Elle se bat et fait face dans une absolue solitude pour la cause de son fils. Elle a énormément de caractère et de tempérament", renchérit le biographe Emmanuel de  Waresquiel dans un entretien accordé à l'AFP.

Son image est contrastée en France, tantôt "traîtresse", tantôt "icône du goût français" ou "petite fille gâtée". Mais "il y a une évolution certaine" vers de la compassion et la vision de "la femme seule qui se bat contre les  hommes". "Ce procès c'est le procès des hommes fait à une femme", dit-il. "La  Révolution est terriblement machiste".

Ces dernières semaines passées dans la prison du Temple puis à la Conciergerie sont présentes au travers de prêts du Musée Carnavalet et des objets devenus parmi les royalistes de véritables reliques, tels la chemise portée au Temple et le soulier qu'elle aurait perdu en montant sur l'échafaud.
Une visiteuse photographie une partie de la chambre reconstituée de Marie-Antoinette à l'exposition "Marie-Antoinette, une reine à Versailles" au Mori Arts Center  Gallery, à Tokyo, en octobre 2016
 (BEHROUZ MEHRI / AFP)

Popularisée par les mangas

On peut voir également un petit tableau la montrant le visage grave en costume  de deuil après la mort de son mari. Peint par Aleksander Kucharski, qui l'a  suivie dans ses derniers moments, il contraste avec les grands portraits  lumineux de son précédent peintre attitré, Elisabeth Louise Vigée Le Brun,  émigrée en 1789.

Bien des Japonaises ont découvert au début des années 1970 l'histoire de la  jeune princesse autrichienne devenue reine de France, à travers la longue série  "La Rose de Versailles" ("Berusaiyu no bara") de Riyoko Ikeda, un des premiers  mangas écrit par une femme. En 1974, il avait inspiré une comédie musicale  jouée pendant une quarantaine d'années par la célèbre "Revue Takarazuka",  compagnie exclusivement féminine.

Un nouveau manga vient d'être réalisé en japonais et en français avec le  Château de Versailles : "Marie-Antoinette, la jeunesse d'une reine", de Fuyumi  Soryo, histoire de la toute jeune Antonia quittant sa famille et la cour de Vienne pour la France en 1770.
"J'ai voulu dessiner une Marie-Antoinette qui, bien que née dans une famille noble, était avant tout un être humain et ce qui m'intéressait alors était de faire ressortir ce côté humain, de montrer ce qu'elle ressentait", dit  Mme Soryo à l'AFP.

L'exposition "Marie-Antoinette, une reine à Versailles" au Mori Arts Center Gallery, s'achèvera le 26 février.

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