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Le fabuleux trésor de Toutânkhamon à la Grande Halle de la Villette pour six mois

Il est encore un peu tôt pour dire que ce sera l'exposition du siècle. Mais ce sera certainement l'exposition de l'année à Paris : la Grande Halle de la Villette présente le trésor de Toutânkhamon découvert intact en 1922 par un archéologue britannique. 150 pièces exceptionnelles ont fait le voyage, dont une soixantaine n'avaient jamais quitté l'Egypte (jusqu'au 15 septembre)
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Couvercle de vase canope en calcite avec la tête du pharaon, exposition Toutankhamon à la Grande Halle de la Villette à Paris (21 mars 2019)
 (Aurelien Morissard / IP3 Press / MaxPPP)

Howard Carter avait trouvé des indices lui faisant penser que Toutânkhamon était enterré dans la Vallée des Rois. En 1922, après des années de recherches infructueuses il découvrait enfin la tombe fabuleuse du jeune pharaon, perdue sous les sables. Il s'agit du seul tombeau royal égyptien retrouvé intact, les autres avaient été abondamment pillés au fil des siècles.
 
"Des choses merveilleuses", s'exclama l'archéologue britannique en y entrant, quand on lui demanda ce qu'il voyait. Un trésor, en effet, de 5400 objets plus beaux les uns que les autres, pièces d'un artisanat extraordinairement raffiné, souvent ornés de matières précieuses et couverts d'or. Il s'agissait des meubles, des vêtements, des bijoux, des objets décoratifs, des statuettes et autres pièces rituelles qui devaient accompagner le défunt dans son voyage vers l'au-delà et vers la renaissance.
 
Le tombeau renfermait autant d'objets que l'ensemble des salles du département des Antiquités égyptiennes du Louvre.

Statuette de Toutânkhamon chassant l'hippopotame, exposée à la Grande Halle de la Villette (21 mars 2019)
 (Aurélien Morissard / IP3 Press / MaxPPP)


150 pièces dont 60 quittent pour la première fois l'Egypte

Une partie de ces merveilles se dévoilent à nous à la Grande Halle de la Villette à Paris, où elles sont exposées pendant six mois. Déjà, une exposition consacrée à Toutânkhamon, en 1967 au Petit Palais à Paris (plus petite, 32 pièces seulement), avait été surnommée l'exposition du siècle, attirant plus de 1,2 million de visiteurs. En 1976, des chefs-d'oeuvre du tombeau étaient revenues à Paris à l'occasion d'une exposition sur Ramsès II au Grand Palais. Elles ne devaient plus sortir d'Egypte.
 
Mais le ministère des Antiquités a décidé de les faire voyager une nouvelle fois (c'est la dernière, nous dit-on), à l'occasion du centenaire de leur découverte, alors que le Musée égyptien du Caire, domicile habituel du trésor, doit déménager en partie dans un nouveau Grand musée égyptien en construction près des pyramides, où il pourra être exposé dans son intégralité.
 
Pendant les travaux, ce sont 150 pièces, dont 60 n'avaient jamais quitté l'Egypte, qui voyagent pour des expositions dans 10 métropoles (Paris est la deuxième étape, après le California Science Center de Los Angeles). Des objets dans un état de conservation remarquable, après avoir dormi pendant près de trois millénaires sous terre.
Vases en faïence trouvés dans le tombeau de Toutânkhamon, exposés à la Grande Halle de la Villette
 (Stéphane de Sakutin / AFP)

Les objets qui devaient accompagner Toutânkhamon dans l'au-delà

Le tombeau de Toutânkhamon avait été oublié car le nom du jeune pharaon, un souverain égyptien mineur qui a régné dix ans vers 1340 avant JC, entre l'âge de 9 et 19 ans, avait été effacé de tous les monuments par ses successeurs, car il avait succédé à son père Akhénaton, considéré comme hérétique. Mais Toutânkhamon a été enterré avec les honneurs dus à son rang, avec tous les objets qui devaient l'accompagner pour son voyage dans l'au-delà
 
On ne peut être que fasciné par deux appuie-têtes portant le nom du pharaon, en faïence bleue, de la couleur du ciel qui symbolisait la renaissance magique qui devait se produire dans l'au-delà. Ou par des coffres en bois incrustés d'ébène et d'ivoire qui contenaient les vêtements du pharaon. Une paire de gants en lin et soie a aussi résisté aux assauts du temps.
 
Des boites en bois plus sommaires, aux formes parfois étranges, contenaient des aliments qui devaient nourrir le pharaon dans l'au-delà. Des victuailles étaient placées en abondance dans le tombeau.
Toutânkhamon chevauchant une panthère noire, statuette exposée à la Grande Halle de la Villette (21 mars 2019)
 (Aurelien Morissard / IP3 Press / MaxPPP)

Le pharaon chevauche une panthère noire

On tombera encore en admiration devant la beauté d'un vase en calcite (albâtre) orné de faïence turquoise qui contenait les huiles utilisées lors des rites funéraires. Ou celle de deux petits vases à bec verseur en faïence bleue. Ou encore devant la finesse du travail d'un étui à calames (roseaux taillés qui servaient à écrire) en bois ornée de feuilles d'or gravées, de verre, d'ivoire et de calcite.
 
De larges ouvertures reliant les salles de l'exposition symbolisent les douze portes que le défunt devait passer successivement pour accéder à l'au-delà, menacé par des bêtes féroces ou des créatures surnaturelles. Le pharaon se protégeait avec des armes comme cette massue cérémonielle dorée, des boomerangs, ou des boucliers en bois sculpté où on voit Toutânkhamon empoigner un lion par la queue en signe d'autorité et de puissance.
 
Une très belle statuette du souverain, en bois doré, le montre chevauchant une panthère noire qui symbolise une divinité capable de le protéger dans son parcours nocturne vers l'au-delà.
Naos en bois doré exposé à la Grande Halle de la Villette, orné de scènes de la vie du pharaon et de la reine
 (Stéphane de Sakutin / AFP)

Le gardien du tombeau

Signalons la grande statue dorée aux yeux d'obsidienne du gardien, qui marque le passage à la renaissance. C'est la première fois qu'elle sort d'Egypte. Elle gardait le tombeau, avec une autre statue similaire, et fait partie des premières pièces découvertes par Howard Carter.
 
La momie de Toutânkhamon, restée dans le tombeau, logeait dans une succession de cercueils emboités les uns dans les autres. On découvre une série d'ornements, d'amulettes et de bijoux, bandes d'or incrustées de pierres et de faïence, mains d'or tenant une crosse, qui tenaient le linceul ou s'intercalaient entre les bandelettes.
 
Evoquons encore le coffre entièrement couvert de feuille d'or où sont gravées des scènes de la vie du pharaon et de la reine, ou le mini-sarcophage aux couleurs extraordinaires qui recueillait les viscères du défunt.
 
On pourra s'étrangler en voyant le prix des billets (attention, le week-end, les jours fériés, les vacances scolaires c'est plus cher). On pourra regretter la mise en scène un peu grandiloquente de l'exposition, qu'on oublie toutefois tant les pièces sont sidérantes. Mais vous l'avez compris, il ne faut pas rater cette exposition, qui sera certainement bondée tout le temps. 150.000 tickets ont déjà été vendus avant même son ouverture.

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