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Le musée de la Résistance de Besançon rouvre ses portes et expose les dessins et les peintures réalisés par les déportés

Après trois ans et demi de fermeture, le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon accueille à nouveau le public. Point d'ancrage de la visite : le fond d'art concentrationnaire composé de 600 dessins réalisés en secret par des déportés.
Article rédigé par franceinfo Culture - Odile Morain avec Agences
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Dessin de déporté exposé au musée de la Résistance de Besançon (Doubs) (France 3 Franche-Comté)

C'est une collection d'art unique dont dispose le musée de la résistance de Besançon (Doubs).
Des centaines de dessins et de peintures réalisés par d'anciens déportés constituent le fond d'art concentrationnaire. À l'occasion de la réouverture du site, certaines de ces œuvres vont être présentées au cours d'expositions temporaires tout au long de l'année. La première se tiendra du 23 septembre au 15 octobre 2023.

Exposition Art en déportation au musée de la résistance de Besançon
Exposition Art en déportation au musée de la résistance de Besançon Exposition Art en déportation au musée de la résistance de Besançon (France 3 Franche-Comté / F. Cicolella / P. Arbez / R. Bolard / F. Nogara)

Un trésor réalisé en cachette par les déportés 

Dans une nouvelle section du musée bisontin trône une sélection d’œuvres réalisées clandestinement par les déportés dans les camps de concentration nazis. Elle regroupe 600 dessins, petites peintures et statuettes. "En cachette, à l’aide d’un bout de crayon ou de petits morceaux de papier volés, ils ont tracé les portraits de camarades et des paysages, parfois", a détaillé Aline Chassagne, adjointe à la maire de Besançon chargée de la culture. "C’est le trésor du musée ! Et cette partie consacrée à l’art en déportation est originale par rapport aux autres musées de la Résistance et de la déportation sur le territoire français ", a complété l’élue.

L'art, dernier espace de liberté

Enfermés dans des cellules, c'est souvent le Système D qui permet aux prisonniers de s'évader et de créer. Bouts de journal, de carton, boites de munitions dépliées...Tout support aussi infime, est bon à exploiter, comme le montrent les peintures de Jean Daligault. "On peut apercevoir en un seul coup d'œil son univers carcéral. Il récupère, il racle le mur, utilise le bois de son tabouret pour composer. Tout ce qu'il peut trouver autour de lui va lui servir", explique Aurélie Cousin, directrice adjointe chargée des collections. 

Oeuvre de Jean Daligault (1889-1945) réalisée lors de sa déportation au camp de concentration de Hinzert (Allemagne) (France 3 Franche-Comté)

Ces petits morceaux de vie narrent aussi des liens de solidarité et d’humanité qui, malgré cet enfer, se tissèrent entre les déportés. Avec ses portraits de codétenus Jeannette L'Herminier trouve un espace de liberté. En les croquant elle leur rend aussi leur dignité. "D'un point de vue collectif, c'est aussi pour remonter le moral. Jeannette L'Herminier est une très grande représentante de cette coalition de l'amitié. Représenter ses camarades c'est leur donner de l'espoir et garder une humanité", détaille encore la conservatrice. 

La resistante Jeannette L'Herminier (1907-2007) déportée en 1944 au camp de Ravensbrück dessinait ses camarades de cellule (France 3 Franche-Comté)

Un point de vue inédit de l'intérieur des camps

Les deux salles de 70 M2 concluent l'exposition permanente. Le visiteur connaît à ce stade le contexte des camps et de la déportation. Mais il découvre des documents venus de l'intérieur. "Le point de vue des déportés n'existe pas en photo. Ce témoignage sert à raconter le quotidien dans les camps", assure Aurélie Cousin. Les œuvres de cet espace seront régulièrement changées afin de les protéger mais aussi de donner le plus grand aperçu de cet extraordinaire récit de vie et de survie.

"Nous réalisons parfois un travail d'enquête pour rechercher des photographies, des objets, des tenues. Nous nous déplaçons chez les descendants d'anciens Résistants et déportés et nous enrichissons les collections. À ce jour, nous recensons plus de 1.600 donateurs", précise Vincent Briand, directeur du musée.

Veste du déporté Pierre Choffel, restaurée et exposée au musée de la Résistance de Besançon (Doubs) (France 3 Franche-Comté)

Une collection historique

Le musée de Besançon avait été l'un des tout premiers à ouvrir en France à la fin des années 1960. Il a été fondé par une ancienne déportée, Denise Lorach, et l'historien François Marcot. Denise Lorach voulait un musée axé sur la déportation des Résistants. La collection historique se fonde sur 120.000 pièces données par d'anciens Résistants et déportés, et leurs familles. Le nouvel aménagement intérieur présente une exposition permanente de onze salles.
À travers l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, la scénographie renouvelée du musée invite les visiteurs à réfléchir à l'effondrement d'une démocratie et à l'arrivée au pouvoir d'un régime totalitaire. Au fil du parcours, l'ambiance des salles varie du gris clair jusqu'au noir et plonge le visiteur dans l'Allemagne nazie des années 1930 jusqu'à la Libération, en passant par la répression de la Résistance (1940-1945) et le processus de déportation-extermination de 1933 à 1945.

Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon 

Ouvert tous les jours de 9h à 18h

Tarifs d'entrée pour l'ensemble de la Citadelle : 11,50 et 9,50€

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