Le musée des coeurs brisés fait escale à Bâle
Un téléphone, un frisbee, une brosse à dents, une figurine japonaise, une machine à café, une hache, une affiche déchirée du Titanic, l'exposition des coeurs brisés présente une centaine d’objets du quotidien qui racontent nos chagrins d'amour. Les habitants de Bâle et de la région ont été invités à déposer un objet qui leur tenait à coeur.
Reportage : S. Malal / J. Gosset / ME. Beauclair
Effet miroir
Les visiteurs parcourent l'exposition avec émotion, "Il y a un effet miroir, chacun se retrouve un peu là dedans, chacun face à ses propres questions. Je trouve bien que des gens aient eu la démarche de conserver ces objets", approuve l'un d'eux.L'exposition explore toutes sortes de fin amoureuse. La fuite des sentiments, la recherche d'un ailleurs et aussi la mort. "C'est une expo triste, très triste. On espère une jolie fin mais j'imagine que c'est impossible dans une relation brisée", analyse une jeune femme.
Se débarrasser de la douleur et la faire voyager
Expulser le déchirement, les larmes, la douleur en abandonnant un objet qui nous liait à l'être aimé, il y a quelque chose de cathartique dans la démarche imaginée par le deux artistes croates. A travers cette exposition atypique et autobiographique, Zagreb Olinka et Drazen Grubišić Vistica racontent leur propre rupture amoureuse. Et comme le sentiment amoureux est universel l'exposition a fait le tour du monde. Après l'Argentine, Singapour, l'Afrique du Sud, ou encore les Etats-Unis, le "musée des coeurs brisés" s'était posé au Centquatre à Paris en 2012.
L'exposition des coeurs brisés à la fois documentaire et fictionnelle rappelle la démarche de la plasticienne Sophie Calle. Elle explore le même sentiment de vide et d'abandon. La rupture amoureuse s'exprime à travers des objets, des photos ou des vidéos.
Je t'aime, je te laisse : Sophie Calle maîtresse des mots
Depuis plus de trente ans, l'artiste Sophie Calle raconte ses amours déchus. Son plus bel exemple en la matière est sans doute "No sex last night". Œuvre vidéo tournée au quotidien, la plasticienne explore la fin de sa propre histoire d'amour avec Greg Shepard. A chaque étape, à chaque motel, s'achève un chapitre, clos sur la même phrase en voix off : "No sex last night."A travers des objets laissés ou des messages anodins elle livre le journal intime de ses chagrins. En 2007, elle représente la France à la Biennale d'art contemporain de Venise avec cette phrase de rupture énigmatique laissée par un amant : "Prenez soin de vous". 107 femmes avaient joué le jeu et décliné la lettre selon leur art. Emmanuelle Laborit actrice sourde et muette lui donne un sens tout particulier. Vidée de ses mots, la douleur exprimée n'en est que plus forte.
"Le musée des coeurs brisés"
A voir jusqu'au 30 août 2015 au musée historique de Bâle (Suisse)
du mardi au samedi 12 - 21h
Dimanche 10 - 17h
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.