Cet article date de plus de trois ans.

Le Paris insolite. Voyage dans le monde de la prestidigitation aux côtés de Georges Proust, fondateur du Musée de la Magie

Après avoir découvert les histoires croustillantes des "Potins de Paris", teintées d’argent, de pouvoir et de magouilles, nous poursuivons notre visite du Paris insolite avec une escapade au Musée de la Magie. Notre guide est Georges Proust, fondateur du musée mais avant tout grand passionné. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Nisrine Manai
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Façade du Musée de la Magie, au 11 rue Saint Paul, dans le quartier parisien du Marais. (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Au-dessus des escaliers qui mènent au musée, un panneau et une inscription : ”Robert-Houdin, entrez”. Dans le hall, un automate vous salue d’un coup de chapeau. Sur l’un des murs de pierre, Robert-Houdin, en réalité le portrait du père de la magie moderne, nous observe quelques instants, puis s’évapore. Comme par magie. “Où est-il passé ?”, interroge un jeune visiteur, visiblement interloqué devant le cadre intriguant. Un mystère dont seul Georges Proust, fondateur du Musée de la Magie et des Automates, détient les clés. Ouvert au public en 1993, le musée s’est installé dans des caves du 16e siècle en plein cœur du Marais. Un lieu déroutant qui vous invite à voyager au pays des merveilles.

Georges Proust, fondateur de la Maison de la magie Robert-Houdin et du Musée de la Magie de Paris, dans son bureau. (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Des centaines d'objets dénichés un à un

"Allez,suivez-moi, on va s’amuser comme des fous". Georges Proust presse le pas sur le tapis rouge qui habille le sol. Comme impatient de nous présenter sa délicieuse collection. "On possède le plus grand fond du monde. Il dépasse en nombre celui de David Copperfield", déclare-t-il en toute modestie. Ce senior que "la magie conserve" a de quoi bomber le torse. 

Ici, les centaines d’objets exposés ont été dénichés un à un par ce passionné de magie. Si certaines pièces ont été trouvées dans des brocantes ou chez de vieux collectionneurs, d’autres ont été ramenées spécialement des Etats-Unis. En témoigne “La femme coupée”, exposée dans l'espace central du musée, un appareil de grande illusion ayant appartenu à Howard Thurston, un génie du métier qui a régné au début du 20e siècle aux Etats-Unis. “Et vous savez, on a réussi à avoir ça avant que David Copperfield mette la main dessus !", glisse le maître des lieux, les yeux rivés sur les deux caisses colorées. 

"La femme coupée”, un appareil de grande illusion ayant appartenu à Howard Thurston qui est exposée dans l’espace central du musée.  (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Pour dégoter les pièces les plus rares et mettre des paillettes dans les pupilles de ses visiteurs, Georges Proust arpente aussi les salles d’enchères. Alors quand il tombe nez à nez avec l'authentique "Pistolet à tirer sur soi" ou "L’Oranger merveilleux", des pièces rares ayant appartenu à Robert-Houdin, il n’a qu’un objectif en tête : les voir prochainement derrière l’une de ses vitrines.

"Robert-Houdin prenait une petite bague appartenant à l’un des spectateurs et il la faisait disparaître. Ensuite, il présentait à l’assemblée un oranger qui ne possédait aucune fleur. Et d’un seul coup, l’arbre commençait à bourgeonner, quelques fruits se mettaient à pousser et deux papillons apparaissaient. Pour terminer, la bague empruntée dans le public réapparaissait sur l’arbre. N’est-ce pas fantastique ?" raconte le passionné, un sourire amusé dessiné sur son visage.

"L’Oranger merveilleux" et le "Pistolet à tirer sur soi", des pièces rares ayant appartenu à Robert-Houdin, exposées dans l'une des vitrines du musée. (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

La salle des automates, porte d'entrée du monde de l'illusion

En passant la porte du 11 rue Saint-Paul, qu’il le veuille ou non, le visiteur s’engouffre dans le monde de l’illusion et du rêve. À peine arrivés, petits et grands se retrouvent happés par plus de cent automates installés pour faire leur show. Ces objets programmés sont le fruit de l’imagination de leurs créateurs. Une sorte de rêve devenu réalité. Une création qui nous prend par la main et nous emmène avec elle dans le monde de l’imaginaire.

Une partie des automates exposés dans le Musée des Automates, une exposition interactive du Musée de la Magie. (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Georges Proust leur a consacré un espace particulier. C’est d’ailleurs par cette salle d’exposition que la plupart des curieux démarrent leur balade, une façon de préparer la mirifique odyssée qui les attend. En appuyant sur les boutons qui donnent vie à ces personnages, le spectateur devient un magicien à son échelle.

On est un musée de contact. Les gens viennent et voient une centaine de boutons à leur disposition. Ils ont envie d’appuyer, d’expérimenter et c’est exactement ce que l’on souhaite ! Le musée offre un parcours initiatique à la magie”, s’enthousiasme son fondateur. Et poursuit : “Il y a un côté magique. C’est l’illusion, le rêve.”

Au Musée des Automates, les visiteurs sont invités à actionner les appareils en appuyant sur une centaine de boutons mis à leur disposition. (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Miroirs déformants et illusions d'optique

Après les automates, place aux illusions d’optique. Parmi elles, “La machine à disparition de la pièce de monnaie”, “La tête à l’envers” ou encore “La lunette à voir au travers de la main”. “Penchez-vous, regardez dans la lunette ! Mettez votre main, elle a disparu !”, s’amuse le créateur du musée, redevenu enfant le temps d'un instant.

Un peu plus loin, des machines insolites côtoient des miroirs déformants adossés aux murs. L’homme se place devant l’un deux et lâche : “Celui-ci fait maigrir. Je viens souvent ici pour me rassurer”. Quelques instants plus tard, Laura, 7 ans, entreprend un défilé devant les étranges miroirs. "Je ne ressemble pas à ça quand même ?” demande-t-elle à son grand-frère, victime à son tour de l’illusion. 

Pierre Switon fait son tour des "anneaux magiques" devant une jeune fille du public.  (NISRINE MANAI / FRANCEINFO CULTURE)

Avant de regagner le monde du réel, les visiteurs ont droit à un spectacle de magie. “Les parents, les enfants, les jeunes, les moins jeunes : ils sont tous sensibles à la magie” rapporte Pierre Switon, fidèle ami de Georges Proust mais avant tout magicien. Alors, quand ce dernier lie et délie des anneaux en acier, l’assemblée ne peut contenir son émoi. “Mais j’ai raté quelque chose”, entend-on d’un côté. “Il est fort !”, de l’autre.

"Un rêve de gosse"

"J'étais professeur de Lettres, j’ai fait une licence de Psychologie et j'ai tout quitté pour la magie”, détaille Georges Proust, sans une once de remord. Il est tout juste âgé de sept ans lorsque la flamme de la passion se met à briller en lui. “Je me souviens très bien. Mes parents m’emmenaient voir les magiciens qui se produisaient dans des guinguettes. J’adorais les spectacles. Qu’est-ce que j’étais enthousiaste !”, se remémore-t-il avec émotion, avant de poursuivre. "Mes parents voulaient que je fasse des études et j’en ai fait. Mais la passion m’a rattrapé".

Même souvenir du côté de l'autre magicien. "Je devais avoir 4 ou 5 ans, c’était juste avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un magicien est venu à l’école et je me souviens d’un tour en particulier durant lequel il cassait en mille morceaux la montre de mon instituteur. Puis, elle réapparaissait complètement intacte. J’étais estomaqué, vous imaginez ? Je suis rentré et j’ai dit à ma mère : maman, je veux être magicien", confesse Pierre Switon en ajustant son veston brodé de fil d’or. “Alors, vous savez, je dis qu’ici on ne travaille pas. Non, on vit un rêve de gosse !”.

Musée de la magie
11, rue Saint-Paul Paris 4e
Téléphone : 33 (1) 42 72 13 26
Ouvert tous les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 19h
Tarifs : 10€ pour les moins de 12 ans, 14€ pour les adultes

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