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Le véritable visage de Robespierre révélé en 3D

C'est l'une des figures les plus connues de la révolution française. Robespierre a désormais un visage. Un spécialiste de la reconstitution en 3D affirme révéler ses derniers secrets. Marqué par la variole, Robespierre avait sans doute aussi une sarcoïdose.
Article rédigé par franceinfo - Linda Belhaoues (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La reconstitution en 3 D du visage de Robespierre présentée par Philippe Froesch
 (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
Robespierre, figure controversée de la Révolution française qui portait sur le visage des cicatrices de la variole, était sans doute aussi atteint d'une autre maladie, la sarcoïdose diffuse, selon un diagnostic rétrospectif proposé par le légiste Philippe Charlier, spécialiste des énigmes historiques.
Aucun doute n'est permis sur les causes de la mort de celui qui fut surnommé "l'incorruptible" et instaura "la Grande Terreur" : après avoir envoyé maints de ses concitoyens à l'échafaud, il fut lui-même guillotiné le 28 juillet 1794, 10 Thermidor de l'An II, à l'âge de 36 ans.
Mais le Dr Charlier (Laboratoire d'anthropologie médicale et médico-légale de l'Université Versailles Saint-Quentin, près de Paris), s'est efforcé de reconstituer le dossier médical de Maximilien de Robespierre. Il s'est appuyé à la fois sur des témoignages de ses contemporains et sur l'examen "attentif" de deux masques mortuaires, l'un conservé au Musée Granet, à Aix-en-Provence, l'autre au Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. C'est l'exemplaire d'Aix-en-Provence, qui a servi de base à la reconstitution faciale en 3 D réalisée par l'infographiste Philippe Froesch (Visual Forensic, Barcelone), Ce masque en plâtre aurait été moulé par une certaine Marie Grosholtz, devenue célèbre sous le nom de Madame Tussaud.

Reportage : F. Bouquillat; E. Delagneau; C. Indeyan

La sarcoïdose, une maladie inconnue à l'époque

"Plusieurs signes cliniques ont été décrits par des contemporains", écrit le Dr Charlier, comme des saignements de nez. Selon lui, Robespierre "présente quasiment tous les signes d'une sarcoïdose diffuse : une atteinte ophtalmologique, cutanée, à la fois au niveau des jambes et au niveau du visage, et également une atteinte des muqueuses respiratoires".
La sarcoïdose, appelée aussi maladie de Besnier-Boeck-Schaumann, est une maladie de cause inconnue qui peut toucher plusieurs organes. Elle est caractérisée par la formation d'amas de cellules, les "granulomes". "On n'a pas la prétention d'avoir un diagnostic de certitude, néanmoins c'est très, très, très fortement évocateur", souligne-t-il. Une maladie décrite 80 ans plus tard. Le légiste reconnaît que la maladie n'est pas facile à diagnostiquer et précise avoir pris conseil auprès d'un spécialiste de médecine interne.
D'autres pathologies possibles ont été envisagées, "à commencer par la lèpre et surtout la tuberculose, mais en l'occurrence, ça ne colle pas", poursuit-il.
Quant au médecin personnel de Robespierre, Joseph Souberbielle, il aurait eu bien du mal à reconnaître une sarcoïdose. La maladie n'a été décrite pour la première fois qu'en 1877, par un médecin britannique, Sir Jonathan Hutchinson.

Reportage : A. Chopin; J. Le Roux
Un diagnostic post-mortem
Selon le légiste, la maladie avait empiré entre 1790 et 1794. "Le tableau clinique d'affaiblissement généralisé de Robespierre peut être mis à la fois sur le compte de l'engagement politique, avec les insomnies, le débordement d'activité de ce phénomène qu'était Robespierre, mais aussi sur le compte de cette maladie qui affaiblit et fatigue considérablement l'organisme", explique-t-il. La reconstitution faciale réalisée par Philippe Froesch présente un visage marqué
de nombreuses lésions, notamment des cicatrices de la variole -on disait à l'époque petite vérole. La sarcoïdose disparaît spontanément dans un grand nombre de cas, mais aujourd'hui, elle peut aussi être traitée par des corticoïdes ou des immunosuppresseurs. Pour Robespierre, c'était plutôt saignées et régime riche en vitamines, avec une sur-consommation d'oranges, d'après des témoignages collectés par le Dr Charlier. 

Polémique 
Le légiste assure que "ce portrait se veut réaliste, notamment sur le plan pathologique" et qu'il n'a "aucune vocation à critiquer le personnage".
"On ne peut pas s'intéresser à un personnage historique sans avoir une levée de boucliers à chaque fois", lance celui qui est à l'origine de l'authentification contestée de la tête d'Henri IV.
 

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