Les camps de Fréteval, une page glorieuse mais méconnue de la Résistance
Les camps de Fréteval, une page méconnue de la résistance au service des armées alliées, sont célébrés ce samedi 27 juin et dimanche 28 sous l'oeil de Raymond Worrall, bientôt 90 ans, l'un des aviateurs britanniques qui fut hébergé après le crash de son avion à proximité, dans ce coin du Perche entre Vendôme et Cloyes.
Le réseau "Comète"
Avec bonhomie, le vétéran admire le travail des jeunes élèves officiers pilotes, parmi lesquels figure un Français en formation à l'Ecole royale militaire belge. "Bien plus confortable", apprécie-t-il après avoir rendu visite au champ de blé où son appareil s'était écrasé.
Les 152 aviateurs --anglais, américains, canadiens, australiens, néo-zélandais, belges et sud-africains-- dont les appareils avaient été abattus au-dessus des territoires occupés avaient été recueillis et regroupés en France par un réseau clandestin, connu sous le nom de code "Comète". Ils représentaient la valeur de quatorze escadrilles de chasse et reprirent après le débarquement en Normandie leur place dans les unités combattantes alliées.
Cette opération, qui nécessitait le concours de très nombreux membres de la Résistance, est restée absolument secrète, au point que les habitants des villages proches des camps de Fréteval ignorèrent, jusqu'aux derniers jours, la présence de cette petite armée alliée à proximité de chez eux, explique Ghislain de Beaudignies, descendant de la propriétaire des terres où furent accueillis les aviateurs alliés. "Seules 25 à 30 personnes étaient dans la confidence", indique-t-il.
Des camps de résistants secrets, très proches des occupants allemands
Un premier camp fut ainsi établi en mai 1944 en pleine France occupée, avec tous les problèmes logistiques que cela comportait dans un pays soumis au rationnement des vivres, des vêtements et des combustibles. Une trentaine de combattants alliés furent d'abord cantonnés dans la forêt mais l'afflux de rescapés imposa la création d'un second campement.
Les Allemands, qui avaient eux aussi choisi la forêt pour y constituer des dépôts de munitions dans les sous-bois gardés par un petit détachement, ne découvrirent jamais les militaires alliés. "Nous étions en permanence sur le qui-vive : des véhicules de l'armée allemande passaient quatre à cinq fois par jour sur la route" à moins de 300 mètres du camp, explique Raymond Worrall.
"Les Allemands connaissaient l'existence du campement mais n'en ont jamais découvert l'emplacement: ils n'auraient jamais imaginé qu'il pouvait être établi si près d'eux, et leurs patrouilles contribuaient à maintenir le secret en éloignant les civils", selon Ghislain de Beaudignies. De strictes consignes de silence étaient il est vrai imposées aux aviateurs des camps et des sentinelles observaient des tours de garde... mais la chance a aussi à plusieurs reprises été de la partie, ainsi que l'héroïsme de résistants qui, capturés et torturés, ne révélèrent pas l'existence des campements.
Un médecin et un coiffeur
Les deux camps étaient approvisionnés par des résistants locaux, tandis qu'un médecin et un coiffeur offraient leurs services aux aviateurs. Les malades qui ne pouvaient pas être soignés sur place étaient admis dans un "hôpital" clandestin au domicile proche d'une résistante chez qui étaient en permanence accueillis en moyenne cinq éclopés.
Après le débarquement, les troupes allemandes en retraite sillonnaient la région tandis que les aviateurs alliés de Fréteval rongeaient leur frein. Ce n'est que le 13 août qu'un détachement allié, appuyé par des commandos britanniques, atteignirent les campements, permettant aux militaires de rejoindre les unités alliées. Par la suite, 38 d'entre eux allaient perdre la vie dans les opérations aériennes au-dessus de l'Allemagne.
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