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Les mots et les dessous de l'érotisme en terre bretonne

Aux et XIXe et XXe siècles, la littérature a "collé" sur le dos des Bretons une étiquette d'austérité et de puritanisme religieux. Mais les costumes, comme le vocabulaire montrent que les Bretons et les Bretonnes ont toujours trouvé le moyen de déclarer leurs sentiments et leurs désirs. Ce ne sont pas le couturier Pascal Jaouen et le linguiste Martial Ménard qui diront le contraire.
Article rédigé par Jean-Michel Ogier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Costumes bretons
 (France 3 / Culturebox)

En Bretagne, comme dans toute région à forte identité, les costumes traditionnels disent beaucoup. Ils révèlent la situation des individus, leur positionnement dans la société et aussi leur vie... sentimentale. Bref ils véhiculent des codes précis accessibles aux "initiés".

Prenez les coiffes des femmes bretonnes. Leur taille et leur forme varient en fonction des messages qu'elles véhiculent.

  (France 3 / Culturebox)
La coiffe de droite, la plus courte, sera portée par une veuve qui veut montrer qu'elle est prête à se remarier. C'est une dentelle très particulière qui envoie le message.

Les deux autres coiffes bigoudennes ne sont pas de la même taille et là encore cela fait sens. Il faut remonter à la Première Guerre Mondiale pour en avoir l'explication. Selon Solenn Boënnec du musée Bigouden : "On a constaté qu'entre 1914 et 1918, la coiffe avait énormément augmenté. L'hypothèse qui prévaut est que les femmes étaient alors potentiellement à l'affût d'un mari et qu'elles se sont lancées dans une surenchère de coiffe, avec des dentelles de plus en plus hautes pour se faire remarquer." Il faut signaler qu'en même temps que les coiffes grandissent... les jupes racourcissent. 
  (France 3 / Culturebox)
"Si la femme se faisait trousser, c'était rapide... le côté érotisme du déshabillage ça le faisait pas ! C'était... dans la paille. C'était brut". Ainsi s'exprime, de manière franche et directe, le célèbre couturier Pascal Jaouen. Pour lui, l'érotisme au XIXe siècle était l'apanage de la haute société : "Les pantys, les culottes fendues n'appartenaient qu'à un rang social élevé." Les gravures de l'époque sont là pour en attester. Les femmes remontent leurs robes pour montrer leur côté féminin".

Reportage : Karine Cevaër, Christophe Rousseau, Ludovic Decarsin, Pascal Coulombier

"La grande clé du petit paradis" 

Si vous demandez au linguiste bretonnant Martial Ménard une expression "savoureuse" à retenir dans son "Petit dico érotique du breton",  il vous citera celle-ci, d'une grande poésie : "Alc'hwez bras ar baradoz vihan" ("La grande clé du petit paradis"). 

En pays bigouden, "la grande clé" évoque le sexe de l'homme et le "petit paradis" celui de la femme. Dans une région réputée austère et prude, Martial Ménard n'a eu aucune peine à recenser une centaine de vocables désignant le sexe masculin et le sexe féminin.
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Et comme nous sommes en Bretagne, la métaphore marine est aisée et souvent employée. "Certaines parties du bateau", a constaté notre linguiste "servent ainsi à la dénomination des seins et des fesses. Et pour ce qui est du sexe féminin, tous les noms de coquillages peuvent servir à en parler, à l'inverse de la langue française qui n'en n'utlise qu'un ..."

Le Breton langue érotique?

Alors si, au détour d'une discussion vous entendez "pas moyen de mettre la main sur leur bigorneau" ou  "déferrer la crêpière", vous comprendrez qu'ici comme ailleurs tous les registres de langue existent et que le "Breton" est bien une langue érotique comme une autre.

Et Martial Ménard de s'inscrire en faux contre ce terme de puritanisme breton. "Les Bretons ne sont pas plus puritains que les autres... ni moins d'ailleurs... ils n'ont rien à envier aux Français (sic) même si ceux-ci se font passer pour les épées du plumard" CQFD.


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