Les trésors des derniers pharaons exposés à Paris
Pendant les dix siècles qui ont précédé la conquête romaine (30 avant notre ère), l’Egypte a été successivement dirigée par des rois libyens, des « pharaons noirs » d’origine nubienne et des Perses, puis par les Grecs. Mais l’art égyptien garde son prestige auprès des souverains étrangers, qui se le réapproprient.
« L’idée de cette exposition était de surprendre avec des objets peu connus, voire totalement inconnus », explique le commissaire de l’exposition, Olivier Perdu.
« Le Crépuscule des pharaons » rassemble une centaine de pièces issues de temples et de tombes du dernier millénaire de l’Egypte pharaonique réunies grâce à des prêts de musées prestigieux comme le Louvre et le British Museum, et aussi grâce à de nombreux prêts de collections privées.
Des corps et des visages particulièrement élaborés
Il s’agissait de « faire mentir un préjugé, selon lequel l’Egypte tardive n’a laissé que des fragments », raconte Olivier Perdu. La première salle rassemble une belle série de statues de particuliers, de taille moyenne, sculptées pour être posées dans les temples. Elles sont de matières diverses et montrent des attitudes variées. Des « statues cubes » présentent un personnage accroupi, dont le corps disparaît complètement dans un cube, ou laisse apparaître seulement les bras et les pieds. Dans d’autres, la figure est agenouillée en position d’orant.
La représentation des corps est particulièrement élaborée. On pensait que les Egyptiens du dernier millénaire avant notre ère étaient influencés par leurs voisins, souligne le commissaire. Au contraire, selon lui, « les ateliers égyptiens avaient une très grande réputation ». Et les Perses faisaient venir chez eux des orfèvres et des sculpteurs égyptiens.
Les têtes des statues étaient particulièrement soignées, et souvent confiées à un artisan plus expérimenté, comme en témoigne une salle exclusivement réservée à des têtes. Ces pièces oscillent entre l’idéalisation de visages jeunes et une tendance plus réaliste qui introduit les marques de l’âge.
L'image des pharaons reflète l'évolution artistique
La « tête verte de Berlin » est, selon Olivier Perdu, le clou de l’exposition. Datant de l’époque ptolémaïque, elle présente un grand raffinement dans le traitement des signes de l’âge, rides et affaissement des chairs du visage. Elle « reste dans la tradition pharaonique », notamment par la symétrie parfaite des traits.
Pendant l’Egypte tardive, le mobilier funéraire n’est plus aussi abondant mais ses éléments restent richement confectionnés et décorés. Comme ces somptueux vases canopes en pierre claire qui contenaient les viscères momifiés. Ou le masque funéraire et la parure de momie dorés d’Ankhemmaât, un personnage aisé du début de l’époque ptolémaïque.
L’image des pharaons des dynasties tardives reflète une certaine évolution dans le style. Mais elle montre aussi la volonté constante des souverains, qu’ils soient égyptiens ou étrangers, de s’inscrire dans la tradition pharaonique. Les pharaons soudanais de la XXVe dynastie présentent des traits plus africains, un modèle de tête de Darius 1er présente une coiffure et une barbe typiquement perse.
Enfin, il y a les représentations des dieux, trouvées dans les temples, souvent sous la forme d’animaux. Même s’il y en a eu peu aux époques tardives, on peut voir au Musée Jacquemart-André de magnifiques statues d’ibis ou de babouin représentant Thot, dieu lunaire patron des scribes, ou de majestueuses têtes de chats.
Le Crépuscule des pharaons, Chefs-d'oeuvre des dernières dynasties égyptiennes - Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, 75008 Paris
Tous les jours de 10h à 18h, nocturnes les lundis et les samedis jusqu'à 21h
Tarifs : 11 € / 9,5 € - Jusqu'au 23 juillet 2012
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