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Trafic d'antiquités : au Louvre, des œuvres saisies sont exposées pour "sensibiliser le public"

Quatre de ces oeuvres proviennent de Libye tandis que les deux autres viennent de Syrie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cette statue funéraire de Cyrène saisie en 2012 est l'une des six oeuvres en cours d'instruction exposées au Louvre. (ALAIN JOCARD / AFP)

"En principe, il n'y a que les douaniers et les juges qui les voient", explique ce mardi sur franceinfo le conservateur du patrimoine du Louvre, Ludovic Laugier, en parlant des six œuvres saisies dans le cadre d'une enquête sur des trafics d'antiquité, et actuellement exposées au Louvre.

"C'est une manière de sensibiliser le public aux dégâts provoqués par le trafic d'antiquités dans les pays en guerre, comme la Libye ou la Syrie. Daech s'est par exemple largement financé avec du pillage d'antiquités."

franceinfo : Que découvre-t-on dans cette exposition ?

Ludovic Laugier : C'est une petite exposition avec six œuvres en cours d'instruction. En principe, il n'y a que les douaniers et les juges qui les voient, mais c'est aussi une manière de sensibiliser le public aux dégâts provoqués par le trafic d'antiquités dans les pays en guerre, comme la Libye ou la Syrie. Ces sites sont moins protégés et les groupes armés peuvent y entrer comme ils veulent. Daech s'est par exemple largement financé avec du pillage d'antiquités. Les trafiquants blanchissent les œuvres pour pouvoir les revendre. Ils effacent les traces et les provenances. Quatre des œuvres exposées viennent de Libye et, en l'occurrence, de la cité grecque de Cyrène. Les deux autres œuvres, des reliefs, arrivent de Beyrouth par avion mais on a bien du mal à dire d'où elles pourraient venir exactement dans la région de la Syrie.

"En France, des milliers d'œuvres plus modestes sont pillées chaque année."

Ludovic Laugier

à franceinfo

Pourquoi montrer ces œuvres au grand public ?

D'abord pour encourager et faire connaître le travail des douanes, de la police et des magistrats. C'est surtout une manière de faire comprendre que, aujourd'hui avec internet, chacun de nous peut les voir sur des réseaux de vente en ligne. En France, des milliers d'œuvres plus modestes sont pillées chaque année. Les gens utilisent des détecteurs de métaux en fouilles sous-marines... Si on est averti, on peut alerter et s'abstenir de les acheter.

Ces œuvres seront-elles ensuite restituées ?

Bien sûr ! Quand les enquêtes seront closes, l'idée c'est de restituer ces œuvres aux pays dont elles viennent, si les conditions sécuritaires le permettent. En Libye par exemple, la guerre civile fait encore rage et certains musées ne sont pas encore assez sûrs. Il y a des conservateurs, des archéologues, des gardiens de musée, qui sont physiquement menacés sur place.

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