Masques, ustensiles bricolés, lettres : le Mucem a reçu 540 propositions pour sa collecte d'objets du confinement
Le Mucem fait un premier bilan de sa "collecte participative" d'objets du confinement, qui pourraient entrer dans les collections nationales pour témoigner de cette période particulière
Masques usagés, attestations de sortie, inventions insolites ou souvenirs virtuels : le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille a reçu plus de 500 propositions pour sa collecte d'objets d'un "quotidien confiné". Le musée va sélectionner les meilleures, qui entreront dans les collections nationales.
Le 20 avril, le Mucem avait lancé un appel aux dons d'objets "témoins", pour "collecter les traces de ce moment inédit" du confinement, qui a duré du 17 mars au 11 mai, rappelle le Mucem dans un communiqué publié vendredi 5 juin.
Pour garder une trace de ces deux mois si singuliers, 540 personnes de tous âges, principalement originaires de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, ont envoyé les photos de leur proposition de don au musée. Attestations de sortie, visières, masques faits maison avec un "souci esthétique particulier" (masque en origami) : certains donateurs ont choisi des pièces "habituelles", devenues les "indispensables" de leur quotidien, souligne le musée.
Le temps qui passe, l'enfermement, le soutien aux soignants
Le Mucem a reçu de nombreux objets symbolisant le temps qui passe (calendriers, agendas, plannings où les jours sont barrés, où l'on note les activités du jour) ou l'enfermement (pages de punitions recouvertes de l'inscription "je dois rester à la maison"), des réalisations artistiques mettant en scène des bouteilles de bière Corona ou du papier toilette, des traces de pratique musicale, des objets de pratique sportive parfois bricolés.
Nombre de propositions s'attachent aussi aux objets liés au soutien affiché pendant le confinement au monde soignant. "On compte ainsi des banderoles fixées aux fenêtres pour remercier médecins, infirmières et aides-soignants, des casseroles, cuillères en bois ou autres ustensiles bricolés servant à manifester ce soutien lors des 'réunions' de 20h dans les villes ou encore un enregistrement sonore de ces applaudissements quotidiens", décrit le musée.
Le Mucem a reçu des propositions créatives, imaginées pendant une période "propice à l'invention d'objets utiles à un nouveau mode de vie". Avec, par exemple, une tondeuse à cheveux reliée à l'aspirateur "pour éviter la dispersion des cheveux coupés", une invention pour désembuer les lunettes par-dessus les masques ou une tyrolienne permettant de relier deux immeubles pour "garder un lien avec ses voisins".
La modification des relations sociales
De nombreux enregistrements sonores, captures d'écran de messages ou d'échanges numériques ont aussi été envoyés, témoins d'une "modification profonde et brutale des relations sociales", comme une réunion familiale virtuelle organisée le jour d'un mariage annulé. Certains donateurs ont choisi de transmettre des lettres ou des écrits intimes, racontant des histoires parfois difficiles, et chacun a dû accompagner son objet d'un texte décrivant son importance pendant le confinement.
L'équipe scientifique du Mucem va sélectionner les meilleures propositions avant la fin du mois de juin, et les objets seront ensuite étudiés par une commission pour faire leur entrée dans les collections nationales. Ils pourront faire l'objet aussi d'expositions. Pour bâtir la mémoire de cette crise sanitaire, des musées et centres d'archives ont lancé des collectes un peu partout en France, en lien avec des chercheurs qui décortiqueront la manière dont elle a été ressentie au quotidien.
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